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Les drag queens d’Atlanta n’ont pas le temps pour vos conneries

L'exposition Legendary Children est là pour remettre du gayness non revendicatif dans la lutte éternelle des homosexuels pour leur reconnaissance.

Toute cette ferveur autour des gender est vachement importante, mais elle commence aussi à devenir vachement chiante. Bien sûr, l’activisme est essentiel pour améliorer toute situation – dont celle de nos amis qui aiment les personnes de même sexe – mais tout ce truc autour du « il faut absolument qu’on défende notre communauté ! » est devenu la raison même pour laquelle la communauté en question ne s’amuse plus.

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Legendary Children est donc là pour remettre du gayness non revendicatif dans la lutte éternelle des homosexuels pour leur reconnaissance : l’exposition photo qui se tiendra à Atlanta ces prochains jours a pour thème la scène drag queen florissante dans la ville, dont les membres les plus actifs sont Brigitte Bidet, Cayenne Rouge, Edie Cheezburger, Ellisorous Rex, Evah Destruction, Jaye Lish, Kryean Kally, Lavonia Elberton, Mo’Dest Volgare et Violet Chachki, immortalisées par les photographes Blane Bussey, Jon Dean, Blake England, Kevin O et Matthew Terrell.

J’ai parlé de tout ça avec Jon Dean, Edie Cheezburger et Cayenne Rouge.

VICE : Hey, je m’attendais à voir des drag queens, et vous êtes tous trois en jeans et t-shirts.
Edie Cheezburger : Il est trop tôt pour ça, il est sept heures du matin ici. Il nous faut au moins deux heures pour s’habiller, se maquiller, mettre les perruques, etc.
Cayenne Rouge : Il me faut une heure entière rien que pour le maquillage – même si ça va plus vite maintenant que je me suis rasé les sourcils.

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De gauche à droite : Edie Cheezburger, Jon Dean et Cayenne Rouge.

Comment expliquez-vous l’importance grandissante de la scène drag à Atlanta ? La ville est plus tolérante que d’autres endroits aux États-Unis ?
Jon Dean :Atlanta est devenue la nouvelle Mecque de la communauté gay, particulièrement dans le sud de la ville. Les gays viennent des quatre coins de l’État – ils ne restent pas toujours longtemps, mais la communauté grossit tous les ans. Toute une page de l’histoire gay s’est écrite ici, depuis les années 1960 et 1970, quand des groupes d’hommes et de femmes se réunissaient au Piedmont Park pour fumer des joints et organiser les premières Pride Parties.

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C’est la première fois que vous organisez une exposition ayant pour thème la communauté drag queen ?
Jon Dean : Oui, c’est la première fois que je travaille sur quelque chose de cette envergure. La dernière exposition que j’ai faite date de ma dernière année à l’Université d’art et de design de Savannah (SCAD), et c’était un petit projet d’étudiants. Entreprendre tout ça – réunir les filles, les photographes, le matériel, a été un immense défi. Il est très difficile de travailler avec autant de gays !
Edie Cheezburger : Il n’y a pas autant de problèmes quand on travaille avec des hétéros.
Cayenne Rouge : Des gays et des drag queens réunis dans une même pièce… Au secours !

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De gauche à droite : Edie Cheezburger, Jaye Lish et Violet Chachki. Photo : Kevin O.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler sur un sujet comme celui-ci alors ?
Jon Dean : Eh bien, à l’université, j’ai beaucoup travaillé sur des projets où l’on devait créer des personnages drag queen « plus vrais que nature » pour le cinéma, et c’est là que je me suis dit « pourquoi ne pas travailler avec de vrais drags ? » J’ai déménagé ici récemment, et la communauté drag queen était si grande et les gens tellement créatifs que je n’ai pas pu faire autrement que de m’investir dans ce nouveau projet.
Je connaissais déjà Cayenne depuis longtemps, et comme elle commençait tout juste à être drag, on a beaucoup parlé d’une éventuelle collaboration artistique à propos des drag queens et de la photo. On a rencontré le reste des filles, on est allés voir des spectacles – celui d’Edie, notamment – et on a capté que la ville était un endroit incroyable qui regorgeait de drag queens hilarantes et inventives. On a décidé de s’unir plutôt que d’être en compétition chacune de son côté.

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La compétition est-elle un truc obligatoire dans la scène drag ?
Jon Dean :C’est un truc naturel je pense, vu qu’on est toutes attirées par le même type de personnes. J’ai commencé à remarquer que plusieurs photographes, Matt Terrell, Blake England ou Kevin O, fréquentaient les mêmes endroits que moi, et je me suis dit – « Hey, qui sont ces types qui prennent les drags en photo ? » Je veux dire, la scène est assez encline à la compétition, surtout entre les gens de notre âge.
Edie Cheezburger : Il y a beaucoup de frime, ouais.

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Cayenne Rouge. Photo : Jon Dean

Il y a trois mois, j’ai interviewé Tom Bianchi à propos de la réaction de la communauté gay américaine à l’épidémie de Sida dans les années 1980. Il m’a dit que le Sida avait forcé les hommes à mûrir et se réunir autour de cette même cause. Diriez-vous que tout cela appartient au passé ? Les gens sont-ils finalement autorisés à se concentrer sur leur travail en tant qu’artiste plutôt que sur l’aspect social de leur orientation sexuelle ?
Cayenne Rouge : Je suis convaincue que beaucoup de gays se sont éloignés de cet esprit parce que d’immenses progrès ont été réalisés au niveau de la reconnaissance des homosexuels par le gouvernement. Mais on oublie souvent qu’on a créé cette scène en Géorgie, un État tout sauf progressiste ! Atlanta est un bastion de gauche au cœur d’un État conservateur. À quelques kilomètres du centre-ville, certaines personnes vous tireraient dessus pour tout et n’importe quoi. J’ai l’impression qu’à Atlanta, on est tellement asservis par cette impression de liberté absolue qu’on a oublié d’être une communauté…

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C’est intéressant.
Cayenne Rouge : C’est à double tranchant. On a la liberté et l’égalité, mais on a perdu cette sorte de lien qui nous unissait et faisait de nous une communauté. J’ai l’impression que c’est l’une des raisons pour lesquelles le mouvement drag queen est revenu sur le devant de la scène. C’est devenu une forme d’expression populaire à nouveau.
Edie Cheezburger : Je ne sais pas. Mettez un groupe de gays dans une pièce et ils entreront tout de suite en compétition. Tout le monde veut quelque chose de mieux que son voisin. Jon, j’adore le fait que toi et les autres vous vous souteniez en tant que photographes, mais ce qui se passe entre drags est très différent. Tout le monde s’affronte dans une sorte de spectacle à l’échelle de la ville. Il n’y a pas tant d’artistes et tant de représentations que ça, c’est pourquoi les gens sont motivés et veulent montrer le meilleur d’eux-mêmes. Tout le monde en veut, mais tout le monde ne pourra pas se faire un nom dans le milieu.

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Violet Chachki. Photo : Blake England

Vous m’avez dit un peu plus tôt qu’il n’y avait pas d’homophobie à Atlanta.
Eddie Cheezburger :Ouais, surtout dans les quartiers d’Atlanta où l’on forme vraiment une communauté. Bien sûr, nous ne sommes pas épargnées par l’homophobie et les attaques de toute forme, mais on sait où ne pas où aller et comment éviter tout ça.

Du coup, qu’attendez-vous de l’exposition ?
Jon Dean : Dans l’idéal, j’adorerais pouvoir vendre certaines photo – peut-être même me faire un nom. Cette exposition a déjà permis de faire collaborer tout un groupe et le résultat est génial – c’est le plus important pour nous. Maintenant, on parle de ce qu’on pourrait faire pour continuer l’expérience.
Cayenne Rouge : J’aime l’idée de montrer les drags aux hétéros. On est vraiment fières de voir que des gens n’ayant aucune connexion avec le milieu apprennent à apprécier son esthétique et ses codes.
Jon Dean : Notre but n’était pas de garder cela pour nous, mais au contraire de le faire partager au plus grand nombre, d’ouvrir le mouvement à d’autres. Ce serait génial que plein de drags viennent voir l’expo, mais ça serait encore mieux que d’autres gens s’y pointent. On essaie de ne pas faire de cette expo un événement réservé aux drags, et surtout, on refuse de décourager les gens extérieurs à la scène.

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Si jamais vous êtes à Atlanta entre début septembre et le 1er octobre, vous devriez faire un détour par la Gallery 1526 (1526 Dekalb Avenue Northeast) pour y voir Legendary Children. Et n’oubliez pas que toutes les filles danseront en live pour la soirée de clôture le 28 septembre.

Vous pouvez aussi visiter leur site web ici.

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Edie Cheezburger par Blane Bussey

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Violet Chachki par Blake England

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Violet Chachki par Blake England

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Violet Chachki par Blake England

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Kryean Kally par Kevin O

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Edie Jaye et Violet par Kevin O

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Brigitte Bidet par Jon Dean

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