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L'Homme qui commercialise – et porte – des couches pour fétichistes

John-Michael Williams urine dans des couches et joue sur un cheval à bascule comme n'importe quel bébé de 2016, à ceci près qu'il a 30 ans.

John-Michael Williams à Tykables, son magasin d'articles de bébés pour adultes à Mount Prospect, dans l'Illinois. Toutes les photos sont de l'auteur.

Depuis le mois d'avril, John-Michael Williams est à la tête de Tykables, un magasin spécialisé pour les ABDLs (acronyme pour Adult Baby Diaper Lovers – soit les fétichistes des couches) à Mount Prospect dans la banlieue de Chicago, dans l'État de l'Illinois.

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Le magasin est le seul du pays à vendre des produits pour les ABDLs, allant d'un berceau de plus de deux mètres de long au cheval à bascule immense. Le lieu ressemble à une garderie géante réservée aux adultes avec ses couleurs pastels et ses étagères remplies de marchandises pour bébés adaptés aux adultes.

On ne vous apprend rien en vous disant que la vente directe en magasin a été supplantée par internet. John-Michael a bien conscience que Tykables fonctionne avant-tout en e-commerce, puisque la majorité de ses revenus proviennent de la vente en ligne, notamment de couches pour adultes. Néanmoins, son magasin est l'un de ces rares lieux où les adeptes du ABDL peuvent s'exprimer ouvertement en dehors de leur foyer, sans subir de jugements. Des Américains de tout le pays se rendent dans son magasin, certains viennent même de l'Iowa, du Minnesota ou du Michigan.

Pour John-Michael, Tykables est l'aboutissement de longues années d'organisation et de préparation.

« Cela fait maintenant 14 ans que je porte des couches 24h/24 et 7j/7, m'a-t-il confié, ça m'a vraiment aidé dans ces moments-là… c'était comme une échappatoire. Je ne peux pas mieux vous le décrire. Le raccourci est peut-être trop facile, mais il y a des gens qui boivent et d'autres qui se droguent. Chacun a ses propres vices pour gérer son stress. De mon côté, je ne prends aucune substance toxique. »

John-Michael avait créé un site ABDL puis avait sérieusement envisagé de développer des couches destinées aux fétichistes de l'infantilisme. Il ne les avait jamais produites, mais ne pouvait se résigner à abandonner l'idée, même après avoir vendu son site.

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Par la suite, il a essayé de mettre ses couches ABDL en vente sur le marché mais l'économie s'est effondrée juste avant la sortie du produit. « C'était en 2007. Nous étions censés commercialiser les premières couches pour adultes, puis la crise économique a eu lieu une semaine après, m'a avoué John-Michael, nous avons fait marche arrière lorsque le marché s'est effondré. C'est la vie ».

Puis, en 2013, il a alors recontacté une entreprise ABDL, pour la troisième fois. Il est enfin parvenu à ses fins puisqu'il a réussi à réunir trois nouveaux investisseurs dans son projet. Il intégrait le monde des affaires en février 2014.

John-Michael nous présente des produits disponibles dans son magasin.

John-Michael a dévoilé son tout premier produit, le Waddler, lors de la légendaire et annuelle Folsom Street Fair– un événement BDSM à San Francisco, en septembre 2014. Il affirme que son produit est radicalement différent de tous les autres sur le marché, c'est pourquoi il a immédiatement été propulsé dans l'avant-garde des marchands de produits ABDL.

« En 2007, une entreprise avait déjà commercialisé des couches avec des motifs, mais seulement sur l'avant. Tout le reste était blanc, m'explique John-Michael, et en 2010, une autre entreprise avait commercialisé des couches avec des impressions sur les bandes en plastiques, ce qui était plutôt novateur pour l'époque. »

« En fait, on était les premiers, si l'on omet ceux qui se sont rapidement retirés des affaires, à proposer des couches entièrement décorées, poursuit-il, on a poussé le truc au maximum. »

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L'attirance de John-Michael pour le monde ABDL lui confère une longueur d'avance face à ces concurrents qui selon lui « essaient de minimiser au maximum » le fétichisme des couches.

« Évidemment nous vendons des produits similaires aux autres magasins, mais ils n'ont pas tous les modèles de couches », m'a-t-il dit en énumérant tout ses produits, de la couche absorbante classique, celles avec des ceintures avant et arrière ainsi que des modèles avec des adhésifs immenses. « Nous avons un modèle de base et testons toute sorte de fermetures. Il y a des imprimés partout. On était la seule marque a proposer ça, me dit John-Michael, aujourd'hui nous sommes six à faire des impressions sur l'ensemble des couches. Nous étions les seuls, et ils nous ont tous copié. »

L'intérieur du magasin Tykables, qui ressemble à une garderie pour adultes.

Six mois plus tard, il dévoilait une nouvelle innovation : le Waddler Overnight, la première couche pour adultes dont les motifs disparaissent lorsqu'elle est mouillée. Des motifs étoilés viennent rehausser les trois logos signatures de Tykables, à savoir un lion, un tigre et un ours, et disparaissent au contact d'un liquide.

Les couches Tykables ressemblent tellement aux couches pour enfant que les entreprises confondent fréquemment les deux modèles. « UPS a un entrepôt à Salt Lake City où se retrouvent tous les colis perdus. Si le produit est endommagé ou un truc dans le genre, et qu'il ne parvient pas à sa destination, ils le mettent là-bas et le vendent – peu importe son contenu, me dit John-Michael. J'ai des clients qui allaient là-bas et achetaient nos couches. Mais les employés d'UPS les placent souvent dans les rayons enfants, elles ont tellement l'air réelles qu'ils ne se sont pas aperçus qu'il s'agissait de couches pour adultes. »

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Le paquet de 10 couches est vendu 25 $. Il vous en coûtera 75 $ pour un paquet de 40 et 135 $ pour 80 couches.

Une fois passé l'effet de nouveauté et son marché de niche, gérer le magasin Tykabes peut sembler une opération dénuée d'intérêt. William et son copain sont ensemble depuis six ans et comptent parmi les trois employés du magasin, et pour la moitié de la propriété du groupe Tykables. Il travaille plus de 60 heures par semaine.

John-Michael est conscient que les adeptes du ABDL ne veulent pas forcément tous la même chose. Certains voient les couches comme un fétiche, un accessoire lubrique. Pour ces clients, John-Michael a récemment lancé un modèle noir et jaune qui ressemble à une couche en cuir.

Comme lui, ils sont nombreux à faire usage des couches dans une optique de relaxation et ainsi assouvir le fantasme d'être un adulte aussi insouciant qu'un bébé. John-Michael estime que les membres de la communauté sont plus d'un million, rien que sur le territoire américain.

En plus des couches, il a pour objectif de lancer une ligne de vêtements pour bébés adaptés aux adultes dans un futur assez proche, y compris des combinaisons-pantalons pour adultes (qui existent déjà et sont, malheureusement pour John-Michael, une marque déposée par Gerber). Il arborait l'un de ses prototypes lors de notre rencontre : un t-shirt basique bleu sur lequel on pouvait lire « Devenir adulte ?Jamais. »

D'autres produits sont en cours de développement mais John-Michael n'est pas encore prêt à les divulguer. « La règle générale est la suivante : si le produit pour enfant présente des perspectives de rentabilité une fois adapté pour les adultes, alors nous le commercialiserons sans aucun doute ».

Zach Brooke est sur Twitter