WHITE LIGHTNIN‘Dominic MurphyVice Films, sortie en salle le 17 févrierEddy Moretti, le directeur des programmes de VBS et Shane Smith, l’un des trois fondateurs de Vice, viennent d’écrire leur premier long métrage de fiction. Ça s’appelleWhite Lightnin’et ça raconte la véritable et pathétique histoire de Jesco White, légende hillbilly d’un petit bled des Appalaches, la région la plus pauvre des États-Unis où l’on baise entre cousins, planque une Winchester dans son pickup et un alambic de moonshine dans son mobile home. On sait pas trop quand ça se passe vu que le film est en noir et blanc sépia mais comme tout bon biopic, ça commence par l’enfance de Jesco, un gamin maigrichon qui passe le plus clair de son temps affalé dans une grange à respirer un chiffon imbibé d’essence à briquet. Son gentil papa danse la « mountain dance » – l’équivalent local des claquettes – et ne sait plus trop quoi faire de son rejeton qui finit en maison de correction, puis en HP, puis en prison, ce qui donne lieu à des scènes dignes des meilleurs bouquins d’Edward Bunker et Ken Kesey réunis. Jess est devenu à moitié débile à force d’alcool frelaté, de piqures d’amphèt, de cachetons de Rohypnol et de lectures de la Bible, quand il apprend que son papa a été assassiné par deux rednecks dégueu et suintants. Pour le protéger de lui-même, sa maman lui confie les chaussures de danse de son père et Jess part sur les routes exercer son talent héréditaire. En chemin, il tombe fou amoureux de Carrie Fisher (oui, oui, la princesse Leia, qui a salement morflé depuis) et décide de venger son père dans une apocalypse d’hémoglobine et d’asticots. Bon, je vous en dis pas plus, sinon que le film a reçu le Hitchcock d’or au festival du film britannique de Dinard (le réal est anglais). Mais allez-y si vous aimez les films de prison, les chemises de bûcheron et voir les nuages qui s’amoncellent au-dessus des montagnes.MATHIEU BERENHOLCBORN FROM PAINAlex et NikoArcades VidéoLe problème des courts métrages, c’est que souvent c’est de la merde. Si je me mettais dans la tête d’un réalisateur qui se dit tiens je vais faire un court métrage, je me dirais : « Quitte à faire un film qui me rapporte pas un sou, je vais faire MON film, le film dont je rêve et je m’en branle que personne kiffe, ce sera MON film et je l’aurai fait vaille que vaille. » Le problème des courts métrages, c’est que les réalisateurs font des petits films insipides tout juste bons à être programmés après minuit sur France 2. Est-ce qu’après minuit t’as envie de regarder une histoire d’amour à la con avec une chute morale ? Si ta réponse est NON, on est d’accord. C’est pour ça queBorn From Pain, que tu vas pouvoir trouver à la Fnac, vaut le coup. Alex et Niko ont réalisé un truc que tu verras pas après minuit sur France 2. Ils ont réalisé un film qui te fera peut-être gerber, mais au moins ils l’ont fait.YANN MAQUÉLA FEMME AUX SEINS PERCÉSShogora NishimuraWild Side VideoJ’aurais vraiment aimé chroniquer les films de Wakamatsu sortis chez Blaq Out en novembre dernier, mais maintenant c’est trop tard. Pas grave, je me rattrape avecLa Femme aux seins percés, qui inaugure une collection du meilleur goût consacrée au roman porno, ce genre de films érotiques japonais des années 1970 au propos moral et politique parfois un peu gênant pour une meuf qui sera bien obligée de se rendre à l’évidence après le visionnage de la plupart d’entre eux : l’héritage féministe occidental tel qu’on l’entend aujourd’hui est à côté de la plaque. Beauvoir avait bien compris que si elle n’est pas intelligemment dominée, la femme est probablement le maillon le plus inutile de la société. Je n’ai pas assez de place pour t’expliquer, je te laisse donc réfléchir toute seule. Et l’idée n’a jamais été autant ni aussi bien exploitée que dans ce genre un peu poil à gratter.MARC ITSADEENTRÉE DES FANTÔMESJean-Jacques SchuhlÉditions GallimardSi vous savez différencier un texte littéraire de la notice posologique du Valium, cet ouvrage est fait pour vous. À l'encontre de l'ironie généralisée et décérébrée qui sévit depuis de trop longues années, de ce cynisme stupide que nous, bande de tarés, exerçons au quotidien, Jean-Jacques Schuhl – qui entretient une relation toute particulière avec son restaurateur chinois – nous livre, avecEntrée des fantômes, un humour autrement salutaire, entre burlesque et autodérision fine. L'auteur en profite pour démonter les mythes qui l'entourent, en premier lieu celui du dandy : non, il n'est pas un dandy, juste un type fainéant. Quatre livres parus en l'espace de trente-huit ans, il y a dans la lenteur paresseuse de Jean-Jacques Schuhl, plus fantôme que les fantômes qu'il évoque et qui reviennent le hanter, quelque chose de sublime.BARBIE D’AUREVILLY
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