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LE NUMÉRO C'EST UN PEU CHELOU, NON ?

Livres et DVD

Repo Man - Harakiri - Ma mère, musicienne, est morte... - Skinheads

REPO MAN
Alex Cox
Eureka Jusqu’à l’arrivée du support Blu-ray, c’était pas trop chiant de contourner les lois pour choper des films en import. Aujourd’hui, c’est super chiant d’acheter un Blu-ray Criterion parce qu’il faut aussi acheter un lecteur américain, donc une prise spéciale, etc. Chiant. La Freebox a permis de déjouer le zonage des galettes bleues, mais la mienne, par exemple, a fini par ne plus lire les Blu-ray du tout. Heureusement, j’ai découvert récemment qu’Eureka – le label anglais équivalent à Criterion dans l’ultimabilité de leurs éditions – s’était mis au Blu-ray que je pouvais lire sur ma PS3 et qu’en plus ils avaient sorti Repo Man, un film de mon top 5 de tous les temps dont je pensais qu’il ne sortirait jamais dans ce format inutile. Ce qui est bien c’est qu’en plus d’un habillage au poil, le disque est accompagné d’un livret super chic, tout ça pour le prix d’un DVD de base mais évidemment, comme c’est un import, ça demandera au consommateur français un minimum d’investissement personnel genre : aller dans une boutique spécialisée, ces temples s’élevant comme tant de havres culturels oubliés par ces nouvelles générations dématériellement globalisées. TONY SCHIOTT

HARAKIRI
Masaki Kobayashi
Carlotta L’actualité des sorties est un peu morne cet été à moins de vouloir absolument voir ce film sur Bruegel plastiquement fascinant mais quand même un peu chiant. D’habitude je compte sur les microéditeurs pour découvrir des trucs mais même là, je ne trouve rien de très kiffant. En fait, depuis que Disney a sorti le nouveau film des Muppets que j’ai trouvé génial, je crois que je n’attends plus rien des DVD. Je me retourne donc sur de vieux classiques cannois, probablement parce que quelque part je suis très frustré de ne pas être allé au festival cette année. Parce que c’est vrai, si même moi je vous le dis, croyez-le, Cannes est bel et bien le paradis cinématographique qu’on nous vante à longueur d’années malgré les images et les paillettes. Et en 1963 il n’y avait même pas besoin de harceler le stand du Japon au marché du film pour squatter leur buffet de saké et sushi gratos et voir des films de samouraï. Harakiri finissait primé et contrairement à bien d’autres moins aristo mais tout aussi parfaits, le film de Kobayashi devenait un classique. GÉRARD JUNIOR

MA MÈRE, MUSICIENNE, EST MORTE…
Louis Wolfson
Attila Les critiques fainéants auront vite fait de mettre la réédition du livre de Louis Wolfson dans leurs colonnes vu que son titre à lui seul – dont je ne cite que les premiers mots – bouffera la moitié d’une chronique. J’ai entendu parler de Wolfson sur France Culture entre deux citations d’Anna Arendt, une philosophe apparemment aussi tendance que l’était Derrida à une époque. Wolfson n’est pas philosophe, mais j’ai appris à cette occasion que son premier livre, Le Schizo et les Langues avait été défendu par Foucault et Deleuze. Comme j’avais envie de me la péter, j’ai donc plongé dans Ma Mère et je n’ai pas été déçu. Outre le fait que le petit culte qui entoure Wolfson le destine au lecteur adolescent qui verra dans son style une inspiration littéraire dont il pourra se réclamer brillamment le moment voulu, il se trouve que le style de Wolfson et ce qu’il raconte auront un effet certain sur le lecteur qui comme moi ne trouve son compte que quand une névrose transpire des mots qu’il est en train de lire. De fait en découvrant ceux de Wolfson, j’ai retrouvé Céline, bien entendu, mais aussi Vonnegut, Dick et Palahniuk, Thompson (Jim et Hunter) et Thomas Bernhard, cet humaniste fielleux qui a passé sa vie à chier sur l’Autriche. Les répétitions, les divagations, la ponctuation remplacée par une abondance de tirets, de parenthèses et de crochets m’a autant évoqué l’auteur autrichien que certaines élucubrations d’Al Batard dont je me sens parfois proche. BLAIRE PASCAL

SKINHEADS
John King
Au Diable Vauvert

J’avais vraiment bien aimé les précédents romans de John King, surtout La Meute et Football Factory, qui ont les qualités de leurs défauts, à savoir une bonne dose de naturalisme parfois assez bancal contrebalancée par une forme de sincérité souvent touchante. Sans être de très grands romans, on savait qu’on avait affaire à un type sérieux avec qui on aimerait bien prendre des bières en parlant de punk rock, de Chelsea, de George Orwell et d’auteurs underground comme Richard Allen, par exemple. Je peux faire le même constat pour ce Skinheads : développée sur 400 pages, cette histoire de trois générations de Londoniens baignant dans la sous-culture skinhead n’évite pas l’écueil lourdement réaliste, mais donne aussi par moments de belles pages de récits de match de foot, de concerts et de bitures. Au bout du compte, c’est un peu le même problème qu’avec un type comme Ken Loach. On sait très bien qu’une certaine idée du réalisme (socialiste) imprègne chacun de ses films, que la représentation des pauvres se heurte souvent à des clichés qui s’avèrent assez lourdingues, voire baignés dans le pathos le plus chiant. Pourtant, parfois, ça fonctionne encore, et je dois avouer que j’aime bien certains de ses films. John King a un peu les mêmes limites, et même s’il n’atteint pas ici le niveau des deux romans précités, ce Skinheads compte de très bons moments. C’est d’ailleurs ce que je veux retenir, en me disant surtout qu’un roman qui mentionne l’existence des Cockney Rejects ne peut pas être fondamentalement mauvais. ALI TÉRATION