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Crime

Ce que l’on sait sur l’avion qui a réussi à atterrir en Somalie après une explosion en vol

Au moins deux personnes ont été hospitalisées et un homme tué suite à une explosion qui s’est produite peu après le décollage d’un avion depuis l’aéroport international de Mogadiscio.
Photo par Feisal Omar/Reuters

Les autorités somaliennes restent très discrètes sur les causes de l'explosion qui a eu lieu ce mardi à bord d'un Airbus A321, peu après le décollage de cet avion depuis l'aéroport international de Mogadiscio (capitale du pays). D'après des enquêteurs américains, cet incident a pu être causé par une bombe.

Cette explosion a eu lieu à bord du vol D3159 de la compagnie Daallo Airlines, peu après son décollage pour Djibouti. Le pilote a pu atterrir sans dommage, et 74 passagers ainsi que des membres de l'équipage ont été évacués de l'appareil. Au moins deux personnes blessées ont été hospitalisées, et un homme a été tué. Son corps a été retrouvé à l'extérieur de Mogadiscio, et les autorités locales pensent qu'il a été aspiré en dehors de l'appareil à travers le trou dans le fuselage causé par l'explosion.

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« Il est tombé lorsque l'explosion a eu lieu dans l'avion », a déclaré un agent de police à propos de cet homme de 55 ans, dont le corps était en cours de transport vers Mogadiscio.

Photos of the damage to Daallo airlines taken after the emergency landing. Two passengers were injured. — Harun Maruf (@HarunMaruf)2 Février 2016

Un message posté sur le site de la compagnie Daallo Airlines, qui ne mentionnait aucune explosion, indiquait que cet « incident » avait eu lieu 15 minutes après le début du vol.

« Les pilotes ont réussi a faire atterrir l'avion dans l'aéroport de Mogadiscio en toute sécurité et sans aucun incident supplémentaire. Tous les passagers, sauf un, ont débarqué sans problème », indiquait ce message. La compagnie a déclaré qu'elle enquêtait sur le cas du passager manquant.

« L'enquête est en cours », a déclaré Abdiwahid Omar, le directeur de l'aviation civile en Somalie

Des sources gouvernementales américaines ont indiqué — sous couvert d'anonymat — à l'agence Reuters qu'une bombe était probablement à l'origine de cet incident, tout en insistant sur le fait qu'aucune preuve solide ne justifiait pour l'instant cette conclusion. Les autorités somaliennes ont seulement déclaré que l'enquête était toujours en cours.

Ces mêmes autorités ont par ailleurs reconnu qu'aucun groupe n'avait revendiqué cette explosion. Le groupe de militants islamistes al-Shebab est actif dans cette zone, mais revendique d'habitude ses actes de violence. Ce groupe insurrectionnel mène régulièrement des attaques contre des responsables officiels, des bureaux gouvernementaux ainsi que des zones civiles.

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Des témoignages de personnes qui étaient dans cet avion commencent à émerger. Awalle Kullane, l'ambassadeur-adjoint de l'ONU en Somalie, a décrit sur Facebook ce qu'il avait vu, écrivant qu'il avait « entendu un grand bruit et ne pouvait rien voir à part de la fumée pendant quelques secondes. »

Vladimir Vodopivec, l'un des pilotes âgé de 64 ans, a raconté à Associated Press qu'il y avait eu une forte détonation. Il a indiqué que la cabine avait été dépressurisée, mais que les moteurs, composants hydrauliques et les autres fonctions avaient continué de fonctionner, lui permettant d'atterrir sans encombre. Un peu de fumée est entrée dans la cabine d'après Vodopivec, mais le reste était majoritairement concentré à l'arrière de l'appareil.

« Je pense que c'était une bombe », a déclaré ce pilote serbe au média Blic, basé à Belgrade. « Par chance, les commandes de vol n'ont subi aucun dommage et j'ai donc pu effectuer un retour et atterrir à l'aéroport. Jamais quelque chose comme cela n'a eu lieu dans ma carrière. Nous avions perdu la pression dans la cabine. Grâce à Dieu cela s'est bien terminé. »

D'autres experts qui se sont penchés sur ce cas semblent privilégier la piste d'un engin explosif.

« Nous ne savons pas grand-chose, mais cela ressemble fortement à un engin », a déclaré John Goglia — un ancien membre du Conseil américain de sécurité des transports — au journal The Guardian.

Des images circulant sur les réseaux sociaux suite à l'incident montrent cet avion avec un trou béant dans sa carlingue, tout près d'une aile. Une source proche de l'enquête a indiqué à Reuters que d'habitude, les objets inflammables ne sont pas stockés dans cette partie de l'appareil.

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D'autres rapports ont évoqué l'implication d'un réservoir d'oxygène dans cette explosion, même si d'après certains experts en matière de sécurité, ces bouteilles prennent souvent feu au lieu d'exploser. Sur les photographies prises de l'appareil, il ne semble pas y avoir assez de dégâts sur les plafonniers — où ces bouteilles sont généralement placées — pour corroborer cette théorie.

Plusieurs accidents aériens ont déjà eu lieu en Somalie, notamment un crash impliquant un Airbus A300 de la compagnie Tristan Air à destination du Caire qui s'était écrasé dans les environs de Mogadiscio en octobre dernier. Aucun décès ni blessure n'avaient été à déplorer suite à cet incident.

Le groupe al-Shebab prend souvent pour cible des véhicules et des convois transitant sur la route qui relie Mogadiscio à son aéroport international — toute proche des bâtiments des Nations Unies. Ce groupe islamiste somalien a déjà beaucoup fait parler de lui en 2016. En janvier dernier, cinq hommes armés de ce groupe ont attaqué un restaurant populaire sur une plage, tuant 17 personnes, tout en faisant exploser deux voitures piégées non loin de là.

Cette attaque sur la plage est survenue quelques jours seulement après un assaut des Shebab contre une base militaire kenyane, au cours de laquelle au moins 100 soldats auraient été tués et d'autres kidnappés. Les soldats envoyés par le Kenya constituent une grande partie du contingent militaire de la mission de maintien de la paix de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM). Suite à ces deux attaques, le groupe Shebab avait revendiqué être l'auteur des violences.


Avec Reuters.

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