Stand by Them

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LES CHIENS NE FONT PAS DES CHATS MAIS PAS DES CHEVAUX NON PLUS

Stand by Them

On vous présente les adolescents de la ville où a été tourné Stand by Me.

L'été dernier, ma copine et moi sommes partis en vacances sur la côte Ouest des États-Unis ; en voiture, nous avons traversé, du sud vers le nord, la Californie, l’Oregon et l’État de Washington. C’est en faisant des recherches sur Internet pour préparer un peu notre itinéraire que ma copine est tombée sur Brownsville, en Oregon, la ville où une grande majorité des scènes du classique de Rob Reiner Stand by Me, sorti en 1986, ont été tournées. Brownsville est une ville/aire de repos échouée à 15 kilomètres de la sortie de l’Interstate 5, l’autoroute qui relie Los Angeles à Seattle. Comme la ville se trouvait plus ou moins sur notre trajet et que nous sommes tous deux des fans absolus du film, on s’est dit que ça pouvait être marrant, symboliquement, de s’y arrêter. On ne savait pas du tout à quoi s’attendre. Stand by Me est un film que je lie toujours à mon adolescence. J’ai dû le voir pour la première fois quand j’avais 12 ou 13 ans et je m’étais alors identifié aux personnages principaux. Et j’adorais le scénario, aussi léger soit-il – une bande de quatre potes sur les routes à la recherche du cadavre de leur meilleur ami, ça me parlait pas mal. L’image qui m’est restée, c’est ce moment où River Phoenix, Corey Feldman et leurs copains marchent sur la voie ferrée avec leur sac de couchage en bandoulière. Stand by Me, c’est ça pour moi : errance, déambulation et la meilleure bande de potes jamais projetée sur écran. Brownsville compte aujourd’hui 1 770 habitants. On est arrivés là-bas en début de soirée et c’est seulement le lendemain que j’ai pu sortir et me rendre compte de ce que la ville était : pas grand-chose. C’est une sorte de village, composé d’une avenue principale et d’une dizaine de rues adjacentes. J’ai vite reconnu les endroits où les scènes avaient été tournées. C’est bizarre, mais j’ai ressenti une vague nostalgie et en même temps, une impression de déjà-vu. Vite, tu te rends compte que la plupart des scènes ont été tournées dans un périmètre hyper réduit, tout est concentré sur l’avenue principale et une impasse. Certaines scènes ont été filmées à seulement deux ou trois mètres d’intervalle alors que dans le film, ces lieux sont censés être éloignés les uns des autres. Aussi, tu sens que le film est une fierté pour la ville ; on croise des panneaux genre, Ici a été tournée telle ou telle scène tous les 100 mètres. D’abord, je n’ai pas voulu prendre de photos. Quand tu te retrouves dans un endroit comme ça, très marqué par les codes « Amérique profonde », tu sais bien que tu t’apprêtes à faire et refaire les mêmes images que les gens ont déjà vues des milliers de fois. Le truc que je trouvais intéressant, c’était, vingt-sept ans après la sortie du film, de prendre en photo le peu de kids de Brownsville qui me passaient sous le nez, en me concentrant sur les gamins de la même tranche d’âge que les acteurs du film. Une approche plus « documentaire », on va dire. Et c’était aussi un bon prétexte pour échanger avec ces gosses au sujet du film. En les shootant, j’ai réalisé à quel point tous étaient timides. Au bout de 48 heures dans la ville, j’ai aussi capté que leurs deux points de ralliement étaient un banc à côté du seul supermarché de la ville et un autre devant la bibliothèque. Ils n’avaient rien d’autre à faire que de squatter ici et là, pour tuer le temps. Voir un Français perdu ici avec eux, ça les intriguait. En discutant, j’ai compris qu’ils connaissaient tous le film mais qu’ils le voyaient comme un truc gnangnan, un vieux conte pour enfants qui ne les avait jamais touchés plus que ça. Deux jours plus tard, après avoir écumé la ville dans tous les sens, on est repartis. Je me suis dit que je ne repasserais jamais par là, et ça ne m’a pas dérangé – j’avais épuisé toutes les possibilités de Brownsville, Oregon. En reprenant la route en direction de Portland, j’ai regardé par la fenêtre et je me suis demandé : « Putain, mais comment Reiner a eu l’idée de tourner son film ici ? »

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