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Musique

Athènes continue de cramer

Mais les Acid Baby Jesus ne peuvent rien y faire

C’est assez triste, mais ça fait maintenant plus de trois ans qu’on n’a pas pu réunir les mots « Grèce » et « bien » dans une même phrase – enfin, à part cette année. Le pays entier est embourbé dans un bordel sans nom, à l’exception de Acid Baby Jesus, groupe garage d’Athènes, qui se porte plutôt bien. Les quatre membres du groupe – Noda Pappas (leader), Otto Mentis (guitariste), Tili Stronis (bassiste) et Mark Mazarakis (batteur) – se sont enfuis de leur Tartare Athénien et ont rallié les Étas-Unis où ils sont récemment devenus potes avec le groupe de flower-punk préféré du monde entier, les Black Lips. Ils se sont tellement bien entendus qu’ils tournent ensemble en ce moment même. Ça m’a donné l’occasion de passer un petit coup de fil à mon pote Noda Pappas pour savoir comment ça allait.

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VICE : Salut Noda, quoi de neuf ?

Noda Pappas : Pas grand chose, on a fait des courses aujourd’hui. Là je suis en train de boire du vin. Ça a un goût de savon.

Comment vous en êtes arrivés à tourner avec les Black Lips ?

Cole [Alexander, des Black Lips] est un pote de Jeff et Dale de Hell Shovel, et il est venu nous voir jouer à Atlanta. Otto et lui ont discuté de leurs fringues – de vestes de l’armée, de colliers et d’autres trucs du genre – et c'est à peu près tout. Ils se disaient des trucs, genre : « On est des frères venant d’univers parallèles ! »

Cool.

C’était un bon concert. Les Hell Shovel ont joué en dernier, et Jeff a pété un câble et a sauté sur sa guitare. La foule a envahi la scène en chantant n’importe quoi, parce que personne ne connaissait les paroles. C’était le premier bon concert de la tournée. En Floride, on n'était pas dans notre élément.

C’est exactement comme ça que je me sens à chaque fois que je retourne à Athènes.

À chaque fois que j’y retourne, c’est différent. En ce moment c’est un peu mort, il n’y a personne dans les rues et le silence est putain de glaçant. On se rend plus facilement compte de ces changements après être parti un moment, c'est visible partout. Les images sont plus fortes : on voit des pakistanais pousser des caddies remplis de chaussures, des squelettes se shooter sur les trottoirs et des putes à chaque coin de rue.

Les comportements changent, aussi.

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Ouais, et la façon dont les gens parlent d’argent. Tu te souviens à quel point il était tabou d’en parler ? Si t’avais pas d’argent, t’inventais une excuse débile. Aujourd’hui, les gens sont tous là : « Aller boire des verres ? Tu te fous de ma gueule ? »

C’est presque positif, en fait.

Ouais, tous ces changements ne sont pas complètement négatifs. Les artistes regardent de nouveau vers l’avant. Il y a plein de bons groupes qui montent, même si pour l’instant, ils ne produisent pas grand chose. Mais encore une fois, quand on était riches, tout le monde faisait n'importe quoi.

Tu es content d’avoir réussi à t’échapper de Grèce ou est-ce que tu regrettes de ne pas être resté pour « te battre » ?

C’est bien d’avoir le choix. Et je ne suis pas sûr que se battre mène à grand chose. Si j’avais une pierre dans la main, je ne saurais même pas sur qui la lancer. L’occupation de la place Syntagma l’été dernier, c’était une bonne chose. C’est toujours bien de voir les gens descendre dans la rue, même si ça n’a rien changé.

Et les émeutes des 19 et 20 octobre 2011 ? C’était pas vraiment une bonne chose, ça.

C’est tragique – un homme est mort putain. Quand on en a entendu parler, on était à New York et l’histoire a fait la une de tous les journaux, tout le monde en parlait. Aux États-Unis comme en Grèce, on nous a conseillé de ne plus jamais y retourner.

INTERVIEW : ELEKTRA KOTSONI

PHOTO : DUX