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LE NUMÉRO EMBARGO

Stephen Malkmus aime la tarte

J’aime la musique de Surfer Blood parce que ça me fait penser à ces soirées de lycéens américains que je n’ai jamais vécues et dont les seuls semblants de sou­venirs se trouvent être des...

Photo : Arturo Guéret

J’aime la musique de Surfer Blood parce que ça me fait penser à ces soirées de lycéens américains que je n’ai jamais vécues et dont les seuls semblants de sou­venirs se trouvent être des documents télévisuels épars datant des années

90210 Beverly Hills

. En écoutant leurs morceaux d’indie-rock pour bébés, j’ai toujours l’impression d’être au mois de juin, stressé par l’horizon grisâtre du bal de fin d’année et un futur encore inconnu dans une fac qui voudra bien de mes résultats moyens et de mes préoccupations pour la gratte et le bodyboard – UCLA ou Berkley ? Quand on les a croisés, ils cherchaient à connaître la traduction la plus exacte de «

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we’re looking for pot

». On la leur a donnée.

Vice : Vous avez quel âge, en réalité ? J’ai l’impression que vous êtes le premier groupe que j’interviewe dont les membres sont plus jeunes que moi.

Brian :

J’ai 20 ans. Je suis le plus jeune du groupe.

JP :

Tyler et moi-même, on a eu 23 ans l’année dernière.

Ouais, vous êtes plus jeunes que moi. Triste journée.

JP :

T’as l’air de mal le vivre.

Tyler :

C’est pas très grave, dans le sens où t’as l’air d’avoir moins de 20 ans. Tu peux encore mentir. Enfin, pas mentir, mais au moins, faire semblant. Si on te pose pas la question, t’es pas obligé d’avouer ton âge au premier venu.

C’est vrai. Hier soir vous étiez à Tourcoing, qui est probablement la ville la plus grise de France. C’était comment ?

JP :

C’était cool, on a joué là-bas avec The Drums. C’est la première fois qu’on vient en France. Les Français ont cette réputation d’être malpolis avec les gens et surtout avec les étrangers, mais ce n’était pas le cas du public hier soir. Ils étaient très bien ­élevés, eux.

C’est une manière détournée de me dire que je suis malpoli ?

JP :

Non, je ne voulais pas dire ça du tout. T’es même plutôt poli, à vrai dire. Ça fait partie de la réputation des Français, c’est tout. Ça et votre cuisine.

Vous avez bien mangé depuis que vous êtes arrivés ?

JP :

Oui, très bien. Hier je me suis pris une quiche lorraine, puis du couscous et du poisson. Je ne me souviens pas du nom du poisson, il était très blanc. Et il était recouvert par une sorte de sauce au curry.

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C’est pas vraiment français, le couscous et le curry.

JP :

C’est vrai qu’en y réfléchissant, pas du tout. Mais c’était bon.

Et donc maintenant, vous cherchez de la weed.

JP :

Toujours, mec. Brian, où en sont tes recherches d’ailleurs ?

B :

Je ne comprends pas ce que tu veux dire. Qu’est-ce que tu insinues ? Mec, de quoi tu parles ?

Ah, c’était une blague ça.

T :

Ce qui est marrant, c’est qu’en cherchant de la weed au festival ATP, au détour d’un couloir, on a croisé les mecs de Pavement.

B :

Ouais, et on n’a pas su quoi leur dire. Je suis passé devant Steven Malkmus qui était en train de manger une part de tarte au citron, et je suis resté bouche bée, incapable de prononcer le moindre mot. Ça m’a retourné le cerveau. Cette scène était vraiment étrange.

Le truc que je retiens, c’est qu’il mangeait une tarte au citron. Quel genre de mec fait ça ?

T :

Il est un peu vieux, tu vois. Il devait avoir besoin d’un truc rafraîchissant.

JP :

Je suis sûr que ça a dû le faire marrer de se montrer bouffant une part de tarte au citron. Il a 40 ans, mais c’est probablement l’un des mecs les plus drôles sur terre.

40 ? Merde.

JP :

Tu vois, il te reste un peu de temps devant toi.

JULIEN MOREL