FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO HIN, HIN, HINHIN, HINHIN

Livres et DVD

Un coffret Alan Clarke, un bouquin de Louis Skorecki, un film qui s'appelle Hanna et de l'art ludique.

COFFRET ALAN CLARKE
Alan Clarke
Potemkine J’en voudrais grave au seul magazine que je lis de ne pas m’avoir prévenu que les films d’Alan Clarke étaient enfin disponibles en zone 2 sans avoir à acheter le DVD MK2 d’Elephant pour ne voir QUE Elephant, qui est singulier et étonnant quand on n’en sait rien mais loin d’être aussi ­magistral que les trois films présents dans ce coffret, plus narratifs mais tout aussi prenants. Et ça, pas seulement parce que Tim Roth, l’ancêtre de Ryan Gosling, y fait ses débuts. Je cite Ryan Gosling parce que le réalisateur, Alan Clarke, s’est plutôt occupé d’univers de mecs et que le seul film un peu féminin qu’il ait fait – à savoir Christine, dans lequel des gamins de la petite bourgeoisie blanche de banlieue se ­défoncent aux piquouzes de leurs parents, n’est pas présent dans cette anthologie remarquable – et que ce serait néanmoins très bien que les filles – et je parle de filles hein, je m’entends, c’est-à-dire à peu près toutes les meufs hétéro qui m’entourent et qui à 35 ans passés ­redeviennent des minettes depuis qu’elles ont vu la fameuse séquence de l’ascenseur – s’intéressent à des films de skins et de prison. Parce qu’Alan Clarke est un tueur et que, de ce que j’ai compris, Ryan Gosling fait mouiller les meufs. RIDLEY SCHIOTT

HANNA
Joe Wright
Sony Pictures Home Entertainment Je me demande souvent ce qu’est devenu le label Warp. S’il y a encore des gens pour s’y intéresser, ou même s’en souvenir et oser affirmer, encore aujourd’hui, qu’ils ont aimé Autechre. Je pense qu’il doit y en avoir, et qu’ils ne sont pas si éloignés de moi. Personnellement, je reconnais au label une importance historique certaine mais je n’ai jamais trop accroché à leur musique de merde bien que j’aie aimé le bien pire label Schematic. Pourtant, quand je vois poindre des influences de Warp dans des films, ça ne me déplaît pas. L’année ­dernière, on avait eu le génial Four Lions, cette année c’est Hanna qui ressemblerait à un clip de Plaid ou ­plutôt des Chemical Brothers (la BO est leur meilleur album depuis un moment même si j’ai carrément honte de m’en servir comme d’un argument pour vendre le film et je sais que Chemical Brothers et Warp c’est pas vraiment la même école mais tu me parleras d’Aphex Twin une autre fois, là je te parle d’un film), soit un mélange de plans mécaniques et naturalistes servant un conte de fées d’espionnage mutant à mater bien peinard au réveil un dimanche matin. TONY SCHIOTT

SUR LA TÉLÉVISION : DE CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR À MAD MEN
Louis Skorecki
Capricci Le livre d’entretien avec Monte Hellman que Capricci avait sorti l’année dernière m’avait autant déçu que le dernier film du réalisateur, et ce même si je dors sous l’affiche de son tout premier film depuis presque dix ans. Au moins avec cette collection de chroniques de Louis Skorecki, je ne pourrai pas me tromper vu que j’en ai déjà lu bon nombre dans Libération, tribune gauchiste dans laquelle Skorecki officiait avant qu’il rajoute de la merde à la merde déjà présente il y a quelques années dans le journal. De fait Skorecki ne travaille plus à Libé et c’est maintenant sur Bayon qu’il faut compter pour lire des chroniques un peu déconne. Sauf que Bayon écrit de la merde et que depuis Starfix, je n’avais jamais lu un mec qui te donne autant de bonnes raisons d’aimer l’art audiovisuel que Skorecki en t’expliquant les pourquoi les comment les qui et le quoi tout en restant parfaitement subjectif. Quand une leçon d’écriture se double d’une leçon de cinéma (ou de télé en l’occurrence), tu sais que JAMAIS de la vie tu ne dois virer ce mec de ta rédaction. Et pourtant certains mecs demeurés l’ont fait, quitte à transformer leur journal engagé en gratuit du métro le matin. SERGE DANETTE

ART LUDIQUE
Jean-Samuel Kriegk, Jean-Jacques Launier
Sonatine Depuis plusieurs années, la galerie Arludik présente un tas d’artistes et de disciplines qui il n’y a pas si longtemps étaient considérés comme les avatars d’une sous-culture assez méprisable. Comics, manga, jeux vidéo, dessins animés. Je ne vais pas défendre le fait que Zelda ou un dessin tiré des travaux d’étude de Toy Story sont vraiment comparables à du Rothko mais quand je vois qu’aujourd’hui un mec comme Johnny Ryan est porté aux nues par pas mal de mecs et qu’après tout Crumb et Shelton ça fait bien longtemps que ce sont des institutions, je me dis que le livre édité par Sonatine – qui est une somme de tout ce qu’a pu défendre la galerie – passe pour le manifeste d’une nouvelle culture classique. Comme une ­balade au Louvre, au Prado ou à Beaubourg, il n’y a pas que des trucs bien dans ce bouquin (même les pages de Sfar deviennent cool face à un mec comme John Howe) mais tous ont pavé le chemin d’une culture bien partie pour ­devenir dominante, pour le meilleur et pour le pire, et grâce à laquelle on pouvait encore se dire qu’on était à l’avant-garde il y a quelques années. Ça fout un peu les jetons, mais ça fait aussi passer à autre chose. PABLO FERRERO