Le concept de « racisme anti-Blanc » est devenu l’un des thèmes favoris des médias et hommes politiques de droite depuis le milieu des années 2000. D’après un sondage mené en 2008 par l’Institut national d’études démographiques (INED), il semblerait qu’une partie de la population de souche européenne vivant en France ait déjà été victime d’une forme de racisme dirigé contre elle en tant que Blanche. Les résultats de ce sondage montraient qu’environ 16% des Blancs interrogés avaient déjà été victimes de « situation raciste », tandis que 23% d’entre eux déclaraient y avoir été « exposés ». En 2012, un nouveau sondage de l’INED rapportait que 18% des Blancs interrogés avaient été « la cible d’insultes, de propos ou d’attitudes racistes ».
Bien qu’on puisse légitimement penser qu’il s’agisse de conneries émanant d’une modeste partie des Blancs interrogés – des victimes, en gros –, l’idée d’un racisme anti-Blancs s’est vite répandue dans la sphère publique via le mouvement d’ultra-droite Jeunesses Identitaires (dès 2003), le Front National, l’UMP avec Jean-François Copé et même quelques hommes politiques de gauche, type Bernard Kouchner. Ces dernières semaines, le Bloc Identitaire ranimait le débat en organisant un grotesque appel à témoins pour dénoncer le racisme anti-Blancs intitulé « Racisme anti-Blancs ordinaire : les mots qui font mal », remettant au goût du jour le ridicule hashtag #racismeordinaire.On a envoyé nos stagiaires demander à des Blancs si eux aussi avaient subi le joug de l’oppression, la lame tranchante du racisme anti-Blanc.
Maxime, 23 ans, étudiant en tourismeVICE : As-tu déjà fait l’expérience du racisme anti-Blanc ?
Non, jamais. Mais, je crois que ça existe, comme tous les racismes. C'est devenu quelque chose d'assez médiatisé, surtout en période d'élection. On mise tout sur l'insécurité. C'est le genre de sujet qui revient à chaque fois ! Les faits peuvent être malléables.Le racisme anti-Blanc, pour toi ce n’est pas qu’un gros tas de conneries ?
Je connais des amis à qui c’est arrivé, ici-même à Paris. Je pense que si ça existe, c’est surtout dans les grandes villes. Et c'est toujours une question de malchance. L'humour noir c’est très français – c'est toujours dans l’idée de faire une blague, un peu lourde certes. Quand j'étais au collège, les Noirs et les Arabes s’insultaient entre eux, alors pourquoi les Blancs n'auraient pas le droit de se faire insulter aussi ?
Juliette, 23 ans, stagiaire dans un muséeSalut Juliette. As-tu déjà été victime de racisme ?
Non. Je n'ai jamais été confrontée à ça, mais je pense que ça existe. Ceci dit, je ne crois pas que ça mérite qu'on en parle autant et surtout, que les hommes politiques s'en saisissent.Après, je suis Bretonne ; donc j’ai peut-être subi une forme de racisme anti-Bretons, mais c'était toujours sur le ton de l'humour. Il faut minimiser la haine et arrêter d’en faire des tonnes avec ce prétendu racisme anti-Blanc.
Hubert, 24 ans, travaille dans la logistique des œuvres d'artEn tant que Blanc, as-tu déjà été victime de racisme anti-Blanc ?
Je n'en ai jamais fait les frais, mais ça a été le cas de quelques amis. Ils m'ont raconté en soirée qu'ils s'étaient fait traiter de « Blanche-Neige » et de « sale Français ».C'était dans une soirée ragga ?
Non, c'était en rentrant de soirée. Ils s'étaient fait aborder par un groupe de mecs, dont les membres étaient aussi bourrés les uns que les autres. Certains se sont fait taper, d'autres ont tenté de les séparer.OK, mais ça a l’air d’être plus dû à l’alcool qu’à une manifestation de ce grand fléau moderne qu’est le racisme anti-Blanc.
L'alcool a beaucoup joué, mais qui sait ? Peut-être assiste-t-on à une montée du racisme anti-Blanc ?
Julie, 21 ans, étudiante en marketingLe racisme anti-Blanc, ça existe selon toi ?
Le racisme anti-Blanc existe, oui. Dès lors qu'il y a des différences entre les gens, ça laisse place à une éventuelle polémique. Que ce soit au sujet de la couleur de la peau, du sexe ou de l'orientation sexuelle.Tu as déjà été victime de ce racisme-là ?
Personnellement, non. C'est vrai que nous les Blancs avons tendance à être pris pour des racistes dès lors qu’on va utiliser tel ou tel élément de langage, tel ou tel mot, etc. Pas sûr que le racisme contre les Blancs soit très répandu, mais parfois les Blancs peuvent être accusés à tort de racisme.
Dorian, 19 ans, lycéenAs-tu déjà été victime de racisme anti-Blanc ?
Dorian : Ouais, ça m'est déjà arrivé. Dans la rue, en pleine journée ; je me suis fait insulter et dépouiller. C'était il y a environ un an. Mais depuis, plus rien.OK mais quel rapport avec le racisme anti-Blanc ? Ce n’est pas parce que tu étais une cible facile ?
Je pense que c'est parce que j'étais seul et que je portais des écouteurs ; ceci dit je confirme : on m'a traité de « sale Blanc ».Merde. Comment as-tu réagi ?
Eh bien, ça fait chier. Je pense qu'on est arrivé à une époque où les Blancs se sont calmés, ils ne sont plus trop racistes… C'est l'inverse d'il y a 50 ans, en fait.
Bruno, 55 ans, créateur de site InternetBruno, as-tu déjà été victime de racisme anti-Blanc ?
Ça m’est arrivé à Saint-Martin, aux Antilles. Mais en France métropolitaine, jamais. Je ne connais aucun Blanc qui a été victime de ça !Penses-tu que le racisme anti-Blancs n’est qu’un ramassis de conneries ?
Je le crois, oui. La dernière fois c'était aux Antilles, et, j'habitais et n’était entouré que de Blacks. Mais ici, je ne l'ai jamais perçu.
Glaine, 36 ans, informaticienSalut Glaine. Tu te souviens d'avoir eu le moindre comportement anti-Blanc par le passé ?
Non, jamais.Le racisme anti-Blanc, c’est des conneries selon toi ?
Je sais qu'une fois devant moi, dans un bus, des Noirs ont refusé de s’asseoir à côté d’un groupe de Blancs – ça faisait les Noirs d'un côté et les Blancs de l'autre. C'est plus des gens qui s'évitent, disons. Ce racisme-là repose sur la rébellion d'une personne qui se sent oppressée ou menacée. Dans les pays vraiment « racistes, » ça se passe de cette façon car des communautés se forment et finissent par s’opposer.
Kato, 45 ans, artisteLe racisme anti-Blanc, ça existe selon toi ?
Ouais, c'est sûr. Tous les genres de racisme existent. Chacun d'entre nous est le raciste de quelqu'un d'autre. C'est triste, mais ça existe.Comment tu peux en être si sûr ?
Je connais des gens qui ont déjà eu des comportements racistes envers les Blancs. Je suis originaire de Londres, et je l'ai vu là-bas. En France, j'ai vu tous les types de racismes : envers les Chinois, les Arabes, les Noirs, et les Blancs…As-tu été témoin d’actes de racisme anti-Blancs ?
Oui, et dans le seul but de faire du mal – mais ça peut aussi se passer dans le dos des gens. Le racisme s'exprime surtout dans la sphère privée, je crois. Ce genre de choses se passe entre tribus.
Nathan, 22 ans, étudiant en cinémaSi je te dis que le racisme anti-Blancs existe, penses-tu qu’il s’agit d’une blague ?
Non, je crois que ça existe.As-tu déjà été victime de racisme ?
Je n'en ai pas été victime directement mais je l'ai vu, ou je l'ai entendu en différé – via des gens, des profs. Au cours de mes années lycée, ou au collège, il y a beaucoup de remarques qui sont sorties.Comment ça ? Des profs noirs qui sortaient des insultes racistes ?
Non, mais des élèves d'origine africaine ou maghrébine qui insultaient des représentants de l'autorité, disons, caucasiens.Pour moi, les deux types de racisme – anti-Blancs comme anti-Noirs – ont la même valeur négative, mais c'est évidemment plus compliqué quand il s'agit d’une minorité envers une majorité. Moi je m'en fous de me faire traiter de « babtou » mais si tu vas au fond des choses, c'est pareil que quand certains les traitent de « négro », tu vois.Le racisme anti-Blancs est-il un vrai problème ou une connerie électoraliste reprise par l’UMP et le FN ?
Pour moi, il s’agit plus d’une dérive de langage que d'autre chose.OK, merci Nathan.
Publicité
Non, jamais. Mais, je crois que ça existe, comme tous les racismes. C'est devenu quelque chose d'assez médiatisé, surtout en période d'élection. On mise tout sur l'insécurité. C'est le genre de sujet qui revient à chaque fois ! Les faits peuvent être malléables.Le racisme anti-Blanc, pour toi ce n’est pas qu’un gros tas de conneries ?
Je connais des amis à qui c’est arrivé, ici-même à Paris. Je pense que si ça existe, c’est surtout dans les grandes villes. Et c'est toujours une question de malchance. L'humour noir c’est très français – c'est toujours dans l’idée de faire une blague, un peu lourde certes. Quand j'étais au collège, les Noirs et les Arabes s’insultaient entre eux, alors pourquoi les Blancs n'auraient pas le droit de se faire insulter aussi ?
Publicité
Non. Je n'ai jamais été confrontée à ça, mais je pense que ça existe. Ceci dit, je ne crois pas que ça mérite qu'on en parle autant et surtout, que les hommes politiques s'en saisissent.Après, je suis Bretonne ; donc j’ai peut-être subi une forme de racisme anti-Bretons, mais c'était toujours sur le ton de l'humour. Il faut minimiser la haine et arrêter d’en faire des tonnes avec ce prétendu racisme anti-Blanc.
Je n'en ai jamais fait les frais, mais ça a été le cas de quelques amis. Ils m'ont raconté en soirée qu'ils s'étaient fait traiter de « Blanche-Neige » et de « sale Français ».C'était dans une soirée ragga ?
Non, c'était en rentrant de soirée. Ils s'étaient fait aborder par un groupe de mecs, dont les membres étaient aussi bourrés les uns que les autres. Certains se sont fait taper, d'autres ont tenté de les séparer.OK, mais ça a l’air d’être plus dû à l’alcool qu’à une manifestation de ce grand fléau moderne qu’est le racisme anti-Blanc.
L'alcool a beaucoup joué, mais qui sait ? Peut-être assiste-t-on à une montée du racisme anti-Blanc ?
Le racisme anti-Blanc existe, oui. Dès lors qu'il y a des différences entre les gens, ça laisse place à une éventuelle polémique. Que ce soit au sujet de la couleur de la peau, du sexe ou de l'orientation sexuelle.
Publicité
Personnellement, non. C'est vrai que nous les Blancs avons tendance à être pris pour des racistes dès lors qu’on va utiliser tel ou tel élément de langage, tel ou tel mot, etc. Pas sûr que le racisme contre les Blancs soit très répandu, mais parfois les Blancs peuvent être accusés à tort de racisme.
Dorian : Ouais, ça m'est déjà arrivé. Dans la rue, en pleine journée ; je me suis fait insulter et dépouiller. C'était il y a environ un an. Mais depuis, plus rien.OK mais quel rapport avec le racisme anti-Blanc ? Ce n’est pas parce que tu étais une cible facile ?
Je pense que c'est parce que j'étais seul et que je portais des écouteurs ; ceci dit je confirme : on m'a traité de « sale Blanc ».Merde. Comment as-tu réagi ?
Eh bien, ça fait chier. Je pense qu'on est arrivé à une époque où les Blancs se sont calmés, ils ne sont plus trop racistes… C'est l'inverse d'il y a 50 ans, en fait.
Ça m’est arrivé à Saint-Martin, aux Antilles. Mais en France métropolitaine, jamais. Je ne connais aucun Blanc qui a été victime de ça !Penses-tu que le racisme anti-Blancs n’est qu’un ramassis de conneries ?
Je le crois, oui. La dernière fois c'était aux Antilles, et, j'habitais et n’était entouré que de Blacks. Mais ici, je ne l'ai jamais perçu.
Publicité
Non, jamais.Le racisme anti-Blanc, c’est des conneries selon toi ?
Je sais qu'une fois devant moi, dans un bus, des Noirs ont refusé de s’asseoir à côté d’un groupe de Blancs – ça faisait les Noirs d'un côté et les Blancs de l'autre. C'est plus des gens qui s'évitent, disons. Ce racisme-là repose sur la rébellion d'une personne qui se sent oppressée ou menacée. Dans les pays vraiment « racistes, » ça se passe de cette façon car des communautés se forment et finissent par s’opposer.
Ouais, c'est sûr. Tous les genres de racisme existent. Chacun d'entre nous est le raciste de quelqu'un d'autre. C'est triste, mais ça existe.Comment tu peux en être si sûr ?
Je connais des gens qui ont déjà eu des comportements racistes envers les Blancs. Je suis originaire de Londres, et je l'ai vu là-bas. En France, j'ai vu tous les types de racismes : envers les Chinois, les Arabes, les Noirs, et les Blancs…As-tu été témoin d’actes de racisme anti-Blancs ?
Oui, et dans le seul but de faire du mal – mais ça peut aussi se passer dans le dos des gens. Le racisme s'exprime surtout dans la sphère privée, je crois. Ce genre de choses se passe entre tribus.
Non, je crois que ça existe.
Publicité
Je n'en ai pas été victime directement mais je l'ai vu, ou je l'ai entendu en différé – via des gens, des profs. Au cours de mes années lycée, ou au collège, il y a beaucoup de remarques qui sont sorties.Comment ça ? Des profs noirs qui sortaient des insultes racistes ?
Non, mais des élèves d'origine africaine ou maghrébine qui insultaient des représentants de l'autorité, disons, caucasiens.Pour moi, les deux types de racisme – anti-Blancs comme anti-Noirs – ont la même valeur négative, mais c'est évidemment plus compliqué quand il s'agit d’une minorité envers une majorité. Moi je m'en fous de me faire traiter de « babtou » mais si tu vas au fond des choses, c'est pareil que quand certains les traitent de « négro », tu vois.Le racisme anti-Blancs est-il un vrai problème ou une connerie électoraliste reprise par l’UMP et le FN ?
Pour moi, il s’agit plus d’une dérive de langage que d'autre chose.OK, merci Nathan.