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Justin Trudeau n’a pas grand-chose à dire sur les allégations de pelotage d’une journaliste

Le premier ministre ne se souvient d’aucune interaction négative.
Justin Trudeau à Regina le jour de la fête du Canada. La Presse Canadienne/Michael Bell

Le premier ministre Justin Trudeau, qui s’est bâti une renommée internationale en se déclarant féministe, n'a donné qu'une vague et laconique réponse dimanche à une question posée au sujet des allégations d’inconduite sexuelle envers une journaliste il y a 18 ans.

M. Trudeau se trouvait à Regina pour un barbecue à l’occasion de la fête du Canada quand un journaliste l'a interrogé sur les allégations selon lesquelles il aurait peloté sans son consentement une journaliste du Creston Valley Advance lors du festival Kokanee Summit en 2000. À l'époque, Trudeau était un enseignant de 28 ans qui participait au festival dont l’objectif était de recueillir des fonds pour la sécurité lors d’avalanches. Son frère Michel est mort emporté par une avalanche en 1998.

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« Je me souviens très bien de ce jour-là à Creston. J'ai passé une belle journée. Je ne me souviens d'aucune interaction négative ce jour-là », a-t-il répondu.

Une déclaration précédente transmise par le bureau du premier ministre disait qu’il « ne pensait pas avoir eu la moindre interaction négative à cet endroit ».

Après les gestes allégués, le Creston Valley Advance a publié un éditorial non signé dans lequel on écrit que Justin Trudeau « a manqué de respect de façon éhontée » envers une journaliste. L'éditrice et le rédacteur en chef de l'époque ont dit à CBC qu'ils pensent que la journaliste en question était l’auteure de l'éditorial.

Dans le texte, on ne décrit pas en détail les gestes, se limitant à les qualifier d’« inappropriate handling » (« attouchement inapproprié »). On y rapporte la réponse que Justin Trudeau aurait donnée à l’époque à la journaliste : « Je suis désolé. Si j’avais su que vous étiez journaliste pour un quotidien national, je n’aurais pas été si entreprenant. »

VICE a communiqué avec le bureau du premier ministre pour obtenir plus de commentaires sur les allégations et cette réponse. « Nous n'avons rien à ajouter aux commentaires du premier ministre », a dit l’attachée de presse principale du premier ministre, Chantal Gagnon.

Par ailleurs, le bureau du premier ministre a rappelé la feuille de route féministe de Justin Trudeau dans une déclaration transmise à CNN lundi.

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« Comme l’a dit le premier ministre, il s’est toujours assuré de traiter les autres avec respect. Ses premières expériences d’activiste ont porté sur l’enjeu des agressions sexuelles à [l’Université] McGill, et il sait qu’il est important d’être attentionné et respectueux. »

Dans une entrevue accordée à CBC News, l'ancienne éditrice du Creston Valley Advance, Valerie Bourne, a dit se souvenir que la journaliste était venue la voir parce qu'elle était troublée par les gestes allégués. Elle a ajouté qu’ils étaient « certainement malvenus et inappropriés », tout en précisant qu’il ne s’agissait pas selon elle d'une agression sexuelle. L'ancien rédacteur en chef du journal, Brian Bell, a pour sa part dit à CBC qu'il croyait que ce qu’a allégué la journaliste avait bel et bien eu lieu.

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Lorsque cette dernière a été jointe par la CBC, elle aurait demandé de ne plus être contactée au sujet de cette histoire et ne pas y être associée. L’éditorial a été porté à la connaissance du public par un utilisateur de Twitter, Warren Kinsella, qui en a publié la photo le mois dernier. Son tweet a été repris par Breitbart et d'autres médias de droite avant de faire les manchettes dans les médias grand public.

Depuis, le premier ministre a été attaqué à la fois par la droite et par la gauche pour ses gestes présumés et sa réponse, notamment parce qu’il parle ouvertement de ses valeurs féministes. Avant de devenir premier ministre, il avait limogé deux députés libéraux accusés d'inconduite sexuelle. Son gouvernement souhaite également adopter un projet de loi ayant pour objet de mettre fin au harcèlement en milieu de travail, un enjeu qui a reçu une attention sans précédent dans la foulée du mouvement #MoiAussi.

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