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LE NUMÉRO HOLLYWOOD

Ed Koch ♥ le cinéma

Vous vous souvenez certainement d'Ed Koch : il a été le 105e maire de New York, et que vous approuviez ou non...

Portrait de Marco Scozzaro

Vous vous souvenez certainement d'Ed Koch : il a été le 105e maire de New York, et que vous approuviez ou non ses idées, il est sans doute le dernier homme politique américain à avoir dit ce qu’il pensait et pensé ce qu’il disait. Récemment, l’expert politique, avocat et homme d’État a ajouté une ligne de plus à son CV : il est à présent critique de cinéma. Amateur de tous les genres, Koch anime une émission de critique cinématographique sur Blip.tv intitulée Mayor at the Movies, régulièrement reprise par les rédacteurs du Huffington Post. Bizarrement, la cinéphilie de Koch a échappé à mes potes en école de cinéma en manque de vitamine D, et à l’heure d’imprimer cet article, le feed @MayorAtMovies ne compte que 426 abonnés. Comme le bonhomme n’est pas connu pour mâcher ses mots, on s’est dit que lui demander de commenter l’état de l’industrie du film et de ce plateau de tournage géant qu’est New York ne serait pas si bête que ça, après tout. VICE : Bonjour Ed Koch. Parlons de cinéma.
Ed Koch : D’accord. J’ai toujours adoré le cinéma. Je ne vais pas souvent voir des pièces de théâtre parce que ça coûte trop cher. Le billet coûte 150 dollars, et il y a beaucoup trop de pièces pourries. Quand tu en dépenses 300 pour deux tickets et que la pièce est pourrie, tu t’en veux. Tandis que si tu dépenses 20 dollars pour deux places de cinéma, tu ne t’en veux pas tant que ça quand le film est nul. Vous considérez-vous comme un nerd du cinéma ?
Je ne veux pas que vous pensiez que je suis expert en la matière – ce n’est pas le cas. Mes critiques de films sont assez sèches. Je ne prétends pas connaître quoi que ce soit à l’art de la réalisation. Qu’est-ce que je sais des réalisateurs ? Je sais seulement distinguer un film qui me plaît d’un film qui ne me plaît pas. Aimez-vous la plupart des films que vous voyez ?
Environ 40 % des films que je vois sont détestables, infects, scandaleux. Une vraie perte de temps. Dans ce cas, pourquoi tenez-vous à en faire la critique ?
Le Villager m’a appelé. Ils m’ont dit : « Nous savons que vous aimez le cinéma. Aimeriez-vous écrire des critiques pour nous ? » Du coup, j’ai dit : « Vous payez combien ? » Le rédacteur en chef s’est mis sur la défensive et m’a dit : « Et bien, nous sommes une petite structure, donc on ne peut pas vous payer beaucoup. » J’ai répondu : « Je comprends. Rappelez-moi quand vous aurez grossi. » Ils m’ont dit qu’ils pouvaient me payer quelque chose comme un nombre à deux chiffres, et je leur ai demandé : « Ça veut dire quoi ? 100 balles la critique ? » Ils m’ont dit oui, et j’ai accepté. Je ne le fais pas pour l’argent, mais quand on est professionnel, on doit se faire payer. Vous écrivez toujours pour eux ?
Non, je n’écris plus pour eux parce qu’ils ne voulaient pas me payer les places de ciné. Ils me demandaient de prendre ce coût en charge, et je leur ai dit non. Après ça, j’ai commencé mon émission télé, et aujourd’hui je suis publié par le Huffington Post. Ils publiaient déjà mes analyses politiques et ils trouvent que j’écris bien. Que pensez-vous des films tournés à New York à l’époque où vous étiez maire de la ville ?
On comparait New York à une immense décharge apocalyptique. Là, vous parlez du crime. Ces films montrent New York comme elle était. Il n’y a aucun mal à montrer une ville comme elle est. Et aujourd’hui, la ville va beaucoup mieux. Dans beaucoup de ces films, comme Escape from New York ou Maniac Cop, on voit Manhattan recouverte d’ordures et de graffitis.
Les graffitis, ça me rendait malade ! Je n’ai jamais considéré ça comme une forme d’art. Faites-en chez vous, mais pas chez moi, et pas dans le métro. C’est de ça que parlent ces films – cette peur.
Oui, indubitablement. Particulièrement dans le métro. Je vais vous raconter une anecdote. Allez-y.
Je voulais me débarrasser du problème de graffiti à New York, mais je n’étais pas en charge des lignes de métro, c’était du ressort de la MTA. Je les ai fait venir à l’Hôtel de ville et je leur ai demandé de se débarrasser de ces graffitis. Je leur ai présenté un plan pour y arriver : les gosses taguaient les wagons de nuit, dans les dépôts ; il n’y avait pas encore de clôtures. Je leur ai dit d’installer des clôtures et de planquer des chiens à l’intérieur. Ils ont eu peur que les chiens ne mordent les gens, alors je leur ai dit : « D’accord, si vous ne voulez pas que les chiens mordent les gens, prenez des loups. » C’est l’intrigue du nouveau film de Liam Neeson, Le Territoire des loups. Les loups sauvages n’ont jamais mordu le moindre humain en Amérique du Nord. Je n’en crois pas un mot.
Mais c’est vrai. Le jour d’après, Clyde Haberman du New York Times est venu me voir et m’a dit qu’il avait vérifié mes affirmations et qu’on avait bien enregistré des cas de morsures par des loups domestiques. Je lui ai dit : « Mais je sais bien, ça ! Je ne parle pas de loups domestiques. Je parle de loups sauvages. On devrait faire garder nos trains par des loups sauvages. Et si les loups sauvages sont apprivoisés, remplacez-les par d’autres loups sauvages. » Donc, vous avez suggéré à la MTA combattre le graffiti avec des loups sauvages ?
Absolument.