FYI.

This story is over 5 years old.

Nouvelles

Homa Hoodfar rentre à Montréal, après 110 jours en prison iranienne

« Pour le meilleur ou pour le pire... Toute ma vie j'ai évité les médias, j'étais plus en retrait. Vous voyez maintenant ce que le gouvernement iranien a fait de moi! »

Près d'une quarantaine de photographes, caméramans et journalistes étaient massés aux portes de l'aéroport de Montréal, tandis qu'une dizaine de membres de l'entourage d'Homa Hoodfar attendait son retour avec fébrilité.

Après 110 jours d'incarcération dans la mal réputée prison d'Evin, en Iran, la professeure canado-iranienne de 65 ans a finalement été relâchée lundi. Quelques jours de répit à Oman et un long vol plus tard, Homa Hoodfar a enfin pu fouler le sol canadien, jeudi matin.

Publicité

«C'est merveilleux d'être à la maison !»

Accompagnée de sa nièce, Amanda Ghahremani, c'est une Homa Hoodfar affaiblie qui a remercié le gouvernement canadien et les citoyens qui ont lutté pour sa libération, ainsi que le gouvernement omanais qui l'a accueillie en début de semaine. Elle a également eu des bons mots pour les responsables iraniens qui ont participé à son processus de libération, qui est «beaucoup plus complexe qu'on ne pourrait l'imaginer», a-t-elle précisé.

110 jours coupée du monde

Si elle n'a divulgué que très peu de détails sur son incarcération, on sait qu'Hoodfar ne pouvait communiquer avec ses proches ou son avocat. On l'a emprisonnée le 6 juin, sans jamais qu'elle ne soit formellement inculpée devant les tribunaux. D'après son entourage, la professeure de l'Université Concordia était accusée de propagande contre l'État et de collaboration avec des pays étrangers contre la République islamique d'Iran. Homa Hoodfar s'était rendue en Iran en février, pour visiter sa famille et y mener des recherches.

Elle a été hospitalisée en juillet, à la suite de la détérioration de son état de santé. Isolée du monde extérieur, elle ne pouvait que deviner que des gens luttaient pour qu'elle soit libérée. « Je le sentais un peu dans les questions qu'ils me posaient », a-t-elle expliqué.

Même au moment de sa libération, la professeure ne savait pas ce qu'il pouvait lui arriver. « Comme on le dit, en Iran, rien n'est possible, et tout est possible. […] Ils ne m'ont pas informée des plans. Ils m'ont seulement dit "sois prête à 8 heures du matin", et ils ont pris un long moment… Quand j'ai pris place dans l'avion, j'ai su que j'étais libre. »

Publicité

C'est en atterrissant à Oman qu'Homa Hoodfar a pu revoir un visage familier pour la première fois. « C'était le plus beau moment de ma libération, se rappelle-t-elle, les yeux brillants, serrant la main de sa nièce visiblement émue. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit là avant que l'avion n'atterrisse. Et c'était merveilleux, juste de passer du temps avec elle, et de savoir qu'elle avait travaillé fort pour me sortir de prison. Je l'ai simplement serrée dans mes bras, et je me suis sentie libre, à nouveau en compagnie de ma famille. »

Sa nièce témoigne qu'elle a retrouvé sa tante changée, plus maigre et plus fatiguée qu'avant, mais elle est soulagée de l'avoir retrouvée. « Je ne peux même pas croire qu'elle est ici aujourd'hui avec nous », s'est-elle exclamée.

La suite des choses pour Homa Hoodfar

Après toute cette épreuve, la professeure visitera-t-elle à nouveau sa famille iranienne? « Je ne pense pas que je vais retourner en Iran. J'y suis allée plusieurs fois dans les dernières années, mais je pense que pour l'instant, je vais rester à Montréal », a-t-elle répondu en souriant d'un air entendu, ce qui a déclenché les rires des journalistes.

La professeure veut d'abord se reposer et profiter de la compagnie de sa famille et de ses amis. « Ensuite, peut-être que j'irai marcher dans mon quartier, parce que j'ai raté l'été, s'est-elle désolée. Durant toute cette épreuve, je me disais : "Je rate l'été à Montréal!" Je suis triste de voir que cet été, je n'ai pas eu mes géraniums. »

Homa Hoodfar assure que son passage en prison ne l'empêchera pas de poursuivre ses études, qui portent notamment sur la condition des musulmanes au Moyen-Orient. « Non seulement ça ne m'a pas arrêtée, mais ça m'a ouvert de nouvelles avenues que je n'aurais peut-être pas explorées de la même manière auparavant », a-t-elle lancé.