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Bombardier fait aussi chier en Ontario

« Ils prennent des fucking marteaux et ils frappent l'acier pour le sculpter, comme s'il s'agissait d'une fucking forge de nains. »

Bombardier, jadis une fierté québécoise emblématique du progrès technologique et des excursions familiales en Ski-Doo, est maintenant plutôt reconnue pour sa mauvaise gestion, sa forte dépendance à l'argent des contribuables et pour les généreuses compensations de ses dirigeants. On pourrait parler du fameux avion C Series, que personne (sauf le gouvernement provincial) ne semble vouloir acheter ou des trains Azur de la Société des transports de Montréal (STM) qu'ils ont mis forever à livrer et qui ont connu un lancement assez rock'n'roll . Et il y a le fait que malgré tous ces échecs, les big boss pensent quand même mériter une augmentation de salaire exorbitante. Mais ce n'est pas qu'au Québec que Bombardier fait chier. La fin de semaine dernière, le Toronto Star a publié un spectaculaire dossier interactif qui fait le bilan des divers fails de la société en Ontario. Entre autres, l'article se penche sur le fait que Bombardier tarde à honorer un contrat de plus d'un milliard de dollars conclu avec la Toronto Transit Commision (TTC). Embauchée il y a près de huit ans pour fournir une nouvelle flotte de tramways électriques à la capitale ontarienne, la compagnie n'a jusqu'à présent livré que 35 des 121 bolides promis. Selon des sources impliquées dans le dossier, les délais non respectés, le contrôle de qualité comporte des lacunes et les fausses promesses de la compagnie sont monnaie courante. Pendant ce temps, l'agence de transport ontarienne Metrolinx est devant les tribunaux pour tenter d'annuler un contrat de 770 millions de dollars avec Bombardier, qui n'aurait pas encore fourni un prototype fonctionnel des 182 véhicules légers sur rail commandés en 2010. Pour tenter de comprendre pourquoi ces ententes avaient si mal tourné, le Star a confié l'enquête à six (SIX!) journalistes, qui ont analysé à peu près tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement de Bombardier. C'est une exploration qui en révèle beaucoup sur la culture de l'entreprise. En voici les grandes lignes.

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Produits « artisanaux »

« Ils prennent des fucking marteaux et ils frappent l'acier pour le sculpter, comme s'il s'agissait d'une fucking forge de nains. » Bien que cette remarquable citation peut sembler sortie tout droit d'un film du Seigneur des anneaux, il s'agit plutôt des propos d'un ingénieur de la TTC qui décrit le travail d'ouvriers de Bombardier dans l'usine de Thunder Bay. Au lieu de produire en série des pièces uniformisées, explique-t-il, les employés fabriquaient certains morceaux à la mitaine. La situation était semblable à l'usine de Sahagun, au Mexique, où les ouvriers éprouvaient beaucoup de difficulté à maîtriser la soudure, qualifiant cette pratique d'« art noir » ou de technique obscure. À Thunder Bay, certains ouvriers ont révélé avoir été congédiés pour ne pas avoir accompli leurs tâches… faute de l'équipement nécessaire.

Manque de considération pour les demandes du client

Dans sa commande, la TTC avait demandé que les nouveaux tramways soient abaissés afin d'être accessibles aux fauteuils roulants. Mais pendant trois ans, Bombardier n'a pas réussi à livrer des rampes adéquates pour ces modèles. « Bombardier est incapable de comprendre que l'accessibilité est la raison d'être du nouveau projet de tramway abaissé, écrit un des ingénieurs de la TTC dans un courriel obtenu par le Star. Ils ont interprété nos spécifications pourtant claires comme si on leur demandait juste de fournir une simple rampe ». Les résultats de cette enquête et la grogne généralisée des contribuables seront sûrement à l'ordre du jour jeudi lors de l'assemblée générale de l'entreprise.
Plusieurs investisseurs ont déjà annoncé leur opposition à la politique de rémunération — et dans certains cas, au leadership — de la compagnie.

Brigitte Noël est sur Twitter.