Notre sélection des photographes exposés à la Moscow Photobiennale 2016
Image de Une : : Folk Summer Fest d'Ekaterina Mamontova ; Kuvady de Lucia Ganieva ; Photos of the Russian Empire de William Carrick ; The Others d'Olivier Culmann.

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Culture

Notre sélection des photographes exposés à la Moscow Photobiennale 2016

Des tags nationalistes, la tumulteuse Amérique, la vie sous l’Empire russe et les meilleures trouvailles du Boncoin : tout ce qu’on a aimé du Mois de la photographie à Moscou.

De février à juin, Moscou célèbre le médium photographique, dans 10 lieux de la capitale russe. Chapeautée par le Multimedia Art Museum Moscow (MAMM), la 11ème édition du Mois international de la photographie à Moscou — Photobiennale 2016 comprend 46 expositions de photographes russes et étrangers, présents et passés. Inaugurée avec la présentation du dernier calendrier Pirelli, dirigée cette année par Annie Leibovitz, la biennale dévoile de nombreuses archives — russes, américaines, européennes et asiatiques — et offre différents aperçus de l'histoire russe, dont une part importante revient sur la période soviétique. Certaines séries de photographes contemporains, déjà présentées lors de précédentes expositions ou festivals, complètent le riche panorama de cette manifestation.

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The Creators Project vous fait part de ses coups de cœur.

Ekaterina Mamontova

Étudiante à l'école d'art Rodchenko à Moscou, Ekaterina Mamontova s'intéresse aux moyens d'évasion de l'homme moderne pour échapper à l'aliénation et à la solitude. Elle s'est rendue dans les clubs de rock folklorique de la capitale et au Folk Summer Fest, où elle a réalisé des portraits de ces adeptes du néopaganisme. 
À voir au Moscow Museum of Modern Art (MMOMA) du 15 mars au 17 avril.

Andrey Ivanov

Andrey Ivanov, Identity Index, 2012-2015. Le mur porte l'inscription « Je suis russe, donc je ne suis pas fasciste ! »

Photographe russe né à Moscou en 1977, Andrey Ivanov est un « archéologue des métropoles modernes ». Pour son projet « Identity Index », il immortalise les tags identitaires qui fleurissent sur les murs, dans un contexte de crise idéologique liée à l'effrondrement de l'Union Soviétique, des montées nationalistes et des revers que connaît la Russie.
À voir au MMOMA du 15 mars au 17 avril.

William Carrick

William Carrick (1827-1878) est né en Écosse et a passé la majeure partie de sa vie en Russie. Issu d'une famille de marchands, il a étudié l'architecture à Saint Pétersbourg puis s'est tourné vers la photographie et a ensuite ouvert un studio de photo. Il a réalisé avec son collègue John MacGregor plusieurs voyages dans les provinces de la Russie ou en Finlande. Les portraits de paysans qu'il en ramené témoignent des traditions et du mode de vie vernaculaires, présentées ici sous le titre « Photos of the Russian Empire : 1860-1870 ».
À voir au Multimedia Art Museum Moscow (MAMM) du 10 février au 8 mars.

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Maria Ionova-Gribina, Only A Game ?, 2014-2016.

Enseignante à la Moscow Academy of Photography, dont elle est sortie diplômée en 2000, Maria Ionova-Gribina pose la question de la notion de violence chez les enfants. Elle en a fait posé quelques-uns, les laissant poser comme bon leur semble, avec leurs armes-jouets en plastique. Si des parents refusent d'offrir ce type de jouets à leur progéniture afin de ne pas ne pas banaliser la violence à laquelle ils réfèrent, d'autres estiment qu'ils les aideront à devenir de « vrais mecs ». L'objectif de la série Only A Game ? est de laisser le spectateur seul juge de cette question.
À voir au MMOMA du 15 mars au 17 avril.

Lucia Ganieva

Lucia Ganieva, Kuvady, 2008.

Née en Russie, basée aux Pays-Bas, Lucia Ganieva est retournée à l'été dans la région où elle passé son enfance. En s'arrêtant à un village, Kuvady, qui a donné lieu son nom à la série, elle a fait le portrait de ses habitants devant le portail de leur jardin. Dans de nombreux villages de l'ex-Union soviétique, il perdure cette tradition de peindre les portails de couleurs vives. Certains habitants ont enfilé une belle tenue, d'autres sont restés dans celle qu'ils portaient, pressés de retourner à leurs occupations.
À voir au MMOMA du 15 mars au 17 avril.

Jegor Zaika

Jegor Zaika, Motherland, 2015.

Jegor Zaika a photographié des objets liés à des souvenirs de son enfance, lors d'un rangement dans la maison familiale à Moscou. Ses photos racontent la production matérielle de masse sous l'Union soviétique, souvent acquise au prix de longues heures de queue dans des magasins aux étals quasiment vides. Le titre de son projet, Motherland, est inspiré d'une chanson enseignée à l'école à l'époque soviétique, dont les premiers mots : « Avec quoi commence la Mère patrie ? »
À voir au MMOMA du 15 mars au 17 avril.

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Le calendrier Pirelli 2016 façon Annie Leibovitz a été une petite révolution. Ce calendrier connu pour ses photos de mannequins hyper glamourisées et souvent plutôt dénudées a cette fois-ci, sous l'impulsion de la célèbre photographe américaine, privilégié de « vraies femmes ». Loin des canons de beauté habituels, on y trouve plutôt des femmes accomplies : Serena Williams, Patti Smith, Yoko Ono mais aussi Amy Schumer ou Natalia Vodianova.
À voir au MAMM du 10 février au 3 juillet.

Thierry Bouët

Thierry Bouët, Affaires privées, 2015. Cette photo correspond à l'annonce : « 45 € Paris. Perruque quasi neuve ayant servi à un sosie professionnel. Elle reprend la coupe mythique de MJ période History/This is it. Taille unique, réglable avec un élastique à l'intérieur. 45 € frais de port inclus. »

Le Français Thierry Bouët a mis en scène les objets les plus improbables mis en vente sur le site Leboncoin. Sa série de photos, Affaires privées, dresse avec humour et originalité un portrait de la France, toutes classes sociales confondues. On trouve en effet à vendre autant une perruque de Mickael Jackson qu'un yacht, des trophées de chasse canins ou une cabine d'essayage de luxe.
À voir au MMOMA du 15 mars au 17 avril.

Jean-Pierre Laffont

La superbe exposition « Tumultueuse Amérique » du photojournaliste français Jean-Pierre Laffont, que l'on a pu voir à la Maison Européenne de la Photographie à Paris à l'automne 2015, a voyagé à Moscou. Capturant autant les puissants et les célébrités — Robert Kennedy, Martin Luther King — que la jeunesse ou les marginaux — les bandes de gosses du Bronx, les rassemblements hippies, des détenus… Ses photos, dont beaucoup sont devenues iconiques, brossent un portrait sans concessions mais touchant de l'Amérique des années 60 à 90.
À voir au Central Manege du 17 février au 17 mars.

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Jana Romanova, Shvilishvili, 2013-2014.

Avec son projet Shvilishvili, la photographe russe Jana Romanova explore ses origines géorgiennes. En voyage à Tbilisi, la capitale de la Géorgie, elle rencontre les descendants de sa grand-mère immigrée à Saint Pétersbourg et aujourd'hui décédée. Dans un premier temps, afin de découvrir sa nouvelle famille, elle propose à certains de poser avec un proche de leur choix. Dans un second, elle collecte les nombreuses photos que sa grand-mère avait envoyées en Géorgie et découvre également son histoire sous un nouveau jour.
À voir au MMOMA du 15 mars au 17 avril.

Olivier Culmann

Olivier Culmann, The Others, Inde, 2009-2013. À gauche, phase 1 ; à droite, phase 4.

Le photographe français Olivier Culmann a eu une idée géniale en voulant donner un aperçu de l'identité masculine indienne. En se prenant comme modèle, il reproduit les codes de représentation photographique à la mode en Inde : le portrait en studio devant un décor, voire même devant un fond numérique souvent très kitsch, la recomposition et colorisation de photographies déchirées ou les peintures réalisées à partir de photographies. Cette série, intitulée The Others, exposée au Musée Nicéphore Niépce à l'hiver 2015, dépeint, avec humour mais sans ironie, l'élaboration sociale de l'image de soi, tout en explorant le médium photographique.
À voir au Central Manege du 17 février au 17 mars.

Retrouvez toutes les expositions de la Moscow Photobiennale 2016 ici.