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Romain Caillet : En ce qui concerne Nice, une revendication « opportuniste » est peu probable. L'État islamique a déjà refusé de revendiquer des attentats dont il était à l'origine, mais il n'a jamais revendiqué quelque chose à tort.Pourquoi l'État islamique a-t-il déjà refusé de revendiquer un attentat dont il était l'organisateur ?
En fait, la revendication n'est pas automatique. Parfois, l'attentat est « raté » et l'EI ne veut pas revendiquer. C'est le cas de l'attaque contre l'aéroport d'Istanbul – l'attentat a provoqué la mort d'individus qui n'étaient pas des cibles de l'organisation, par exemple un Ukrainien et un Iranien. L'attentat à Médine a été catastrophique pour leur image. On n'a pas retenu que l'attaque avait visé des policiers saoudiens. Ce qui est resté, ce sont les images des pèlerins en détresse, choqués par l'explosion.
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Vous savez, il y a toujours eu des actes isolés. Si l'on « compare » ces deux attentats avec celui de Nice, on peut surtout mettre en avant le fait que Mohamed Lahouij Bouhlel, le conducteur du camion, ne semble pas lié à la mouvance djihadiste. Je crois qu'il n'était même pas fiché S.À Magnanville, Larossi Aballa était quelqu'un de connu chez les djihadistes. À Orlando, il en allait de même pour Omar Mateen, dont les motivations étaient très politiques. Il était en contact avec l'EI. L'un de ses proches était parti en Syrie. Apparemment, il avait menti aux autorités américaines lors d'un interrogatoire, où il avait affirmé ne pas connaître le Hezbollah, ne pas connaître la rivalité entre Al-Qaïda et l'EI. Il était sous surveillance.En novembre 2014, l'État islamique avait incité ses partisans à commettre des attentats par tous les moyens, véhicules compris. Al-Qaïda dans la péninsule arabique a encouragé les attaques avec des véhicules et les « assassinats professionnels » dans son magazine anglophone Inspire. Y a-t-il un tournant dans la stratégie des groupes djihadistes ?
En novembre 2014, en raison des frappes occidentales en Syrie et en Irak, l'État islamique est passé d'une stratégie locale à une stratégie globale. Il souhaitait riposter, frapper les pays occidentaux et multiplier les attaques, jusqu'à ce que cela devienne insupportable pour l'opinion publique. L'objectif était de forcer l'Occident à se retirer de la coalition anti-EI.
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Ce qui est le plus intéressant, c'est d'observer comment les djihadistes ont intégré ce concept de « loup solitaire » et l'inscrivent désormais dans leur propagande. Aujourd'hui, on trouve des montages mêlant loups et djihadistes, par exemple.On comprend ce que veulent dire les experts lorsqu'ils parlent de loup solitaire – on visualise l'image d'un terroriste dans son coin, qui ne parle de son projet à personne. Mais, pour l'instant, il n'y a pas d'exemple de terroriste complètement solitaire. D'ailleurs, il y a à peu près un an, après l'attentat raté du Thalys, un djihadiste marocain en Syrie avait affirmé qu'il fallait aider les « loups solitaires » en Europe en leur suggérant une liste de cibles, de personnes à exécuter, pour qu'ils sachent quoi faire.Je vois. Merci M. Caillet.