Photo: Maciek Pozoga
D’après Jean-Claude Flauss, historien du bassin houillier, «dès le début des années 1960 la direction des Houillères du bassin de Lorraine savait que les mines françaises ne seraient bientôt plus rentables.», Pourtant, sous la pression des syndicats de mineurs—qui n’ont jamais hésité à casser du CRS quand l’occasion se présentait—les differents gouvernements ont continué de promettre l’impossible. La dernière mine française fermera ses portes en décembre 2007. Pourtant, du charbon au fond, il en reste encore pour trente ans. De l’autre côté de la frontière allemande, on continue de creuser les mêmes veines que celles du carreau Wendel, aujourd’hui désaffecté et transformé en musée où Salvatore Ciminato, ancien mineur, fait le guide pour occuper sa préretraite imposée.Vice: Vous travaillez comme bénévole au musée de la mine, ça vous manque?
Salvatore Ciminato: Oui, beaucoup. L’ambiance, la solidarité. J’ai fait vingt-cinq ans au fond. Mes meilleurs souvenirs, c’est les Sainte-Barbe, à cause des «repas améliorés», ça voulait dire qu’on avait un peu plus de temps pour manger les casse-croûtes et le droit de boire un coup de schnaps pour faire passer. C’était le seul jour de l’année où on pouvait boire au fond.
Pourquoi les mines ont-elles fermé?
Ben, ça à mon avis, c’est pour des raisons politiques. C’est à cause des contrats que l’État a passé avec d’autres pays. Quand on a battu des records de France, voire du monde, d’extraction du charbon, on n’a pas compris pourquoi on a fermé les mines du jour au lendemain.
Et vous avez perdu votre boulot?
Disons que moi j’ai eu la chance de pouvoir partir en congé charbonnier, c’est une sorte de préretraite, mais j’aurais bien aimé terminer mes années complètes à la mine quoi. Les mines allemandes, elles n’ont pas toutes fermé. Là-bas, ils continuent de faire du coke, nous on aurait pu faire pareil, non?
Comment ça se fait qu’en Allemagne on continue de creuser et pas en France?
Ben ça, faudrait demander au gouvernement. Mais moi j’y crois plus beaucoup hein… Rouvrir des puits qu’on a décidé de fermer, il y a plus de trente ans. En Chine, un mineur, ça coûte un bol de riz par jour, avec notre sécurité sociale et tous ces avantages en nature, les mineurs français coûtaient trop cher.
Donc, vous pensez que c’est la faute des syndicats qui ont obtenu trop d’avantages sociaux?
Oh la non non, j’ai pas du tout envie de me retrouver avec les syndicats sur le dos. De toute façon, les mines, c’est plus trop à la mode, on est en train de chercher des énergies alternatives comme les éoliennes tout ça quoi donc, du charbon, on n’en a plus besoin.
Sauf pour les barbecues…
Ben les barbecues c’est du charbon de bois c’est pas le même charbon.
PROPOS RECUEILLIS PARLA RÉDACTION DE VICE