Surfin’ I.R.A.N

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Culture

Surfin’ I.R.A.N

Marion Poizeau, Easkey Britton et leur rencontre avec les surfeuses voilées de Ramin.

En 2010, Marion Poizeau, réalisatrice française, et Easkey Britton, surfeuse professionnelle irlandaise, se retrouvent à Chabahar, dans la province iranienne du Balochistan, pour aller surfer dans l'Océan indien. Vite, elles comprennent que leur pratique intrigue les habitants du coin et leurs enfants qui se rendent chaque jour sur la plage où elles surfent, Ramin. Quelques mois plus tard, devant ce large intérêt de la part des locaux, elles décident d'introduire le sport en Iran de manière officielle en co-fondant l'association Waves of Freedom.

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Via celle-ci, les deux femmes cherchent à aider la population iranienne - et plus particulièrement les petites filles et les femmes - à se servir du surf comme d'un moyen d'épanouissement dans ce pays contrôlé par les mollahs chiites depuis la Révolution iranienne de 1979. Le pays compte de nombreux villages côtiers tels que Ramin où s'additionnent océan, plages vierges et immenses étendues de sable fin. En été durant la mousson, les vagues peuvent s'y élever jusqu'à trois mètres.

Sur place, les habitants de Ramin ont reçu dans leurs propres maisons et avec enthousiasme les deux jeunes femmes. Ensemble, les deux Européennes et les Baluchi ont partagé de longues discussions autour du surf. Leur passion commune pour l'océan leur a raisonnablement permis de franchir leurs barrières culturelles et linguistiques, et a donné aux surfeuses l'envie d'enseigner leur passion aux habitants - avec l'aide de surfeuses professionnelles iraniennes.

En Iran cependant, on ne surfe pas comme ailleurs : les filles se couvrent la tête, les combinaisons, jamais trop moulantes, servent aussi à les protéger des regards impudiques des hommes. Pourtant, les autorités policières islamiques ne semblent pas s'opposer outre mesure à la pratique d'un sport aussi occidental que le surf. En réalité l'entreprise de Marion et Easkey a si bien fonctionné que Waves of Freedom a récemment implanté le premier club de surf du pays, toujours à Ramin.

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Preuve de leur succès, l'été dernier, une communauté s'est formée sur Instagram autour du compte @wesurfiniran où des centaines d'utilisateurs se sont mis à poster des photos de leurs sessions ici et là dans le pays. Enfin, leur documentaire de 52 minutes sur le surf en Iran, Into the Sea, a été sélectionné par le London Surf Film Festival à la mi-octobre.