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FRANCE

La police parisienne fait tomber le gang des pickpockets de la Tour Eiffel

Une semaine après la grève des employés de la Tour Eiffel qui se plaignaient de la multiplication de vols à la tire, la police parisienne a annoncé avoir démantelé un réseau de pickpockets. Chaque membre pouvait gagner jusqu’à 4 000 euros par jour.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via Flickr / bewilder2009

La Préfecture de Police de Paris a annoncé, ce jeudi, avoir démantelé deux jours plus tôt un gang de pickpockets, qui opérait principalement sur deux des sites les plus touristiques de la capitale française : la Tour Eiffel et le Château de Versailles. Cette arrestation survient une semaine après le débrayage d'une partie des employés de la Tour Eiffel, qui réclamait « des mesures pérennes » contre ce « fléau » des pickpockets.

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10 des présumés voleurs ont été arrêtés dans deux hôtels de la banlieue parisienne — à Meudon et Issy-les-Moulineaux — où ils séjournaient. La Sûreté territoriale de Paris, qui était chargée de l'enquête, a placé les individus, âgés de 17 à 47 ans, en garde à vue. 7 des 10 ont été déférés devant le parquet de Paris ce jeudi. En procédant à la fouille de leurs chambres, les policiers ont trouvé 3 000 euros en liquide, des vêtements et accessoires de luxe comme l'explique la préfecture de police de Paris dans un communiqué, dans lequel elle en a profité pour donner les conseils habituels pour éviter ce genre de vols, comme ne pas mettre son portefeuille dans la poche arrière de son pantalon.

Chaque membre du clan, apparemment familial, pouvait gagner jusqu'à 4 000 euros par jour, au cours de la haute saison touristique. Les suspects se déplaçaient en taxi, et postaient sur les réseaux sociaux l'argent et les objets de luxe qu'ils obtenaient ou s'offraient. En 2014, le clan — qui serait d'origine roumaine et appartiendrait à la communauté tzigane selon un article du journal Le Figaro — aurait réglé une note d'hôtel de 130 000 euros.

 Photos postées sur les réseaux sociaux par le clan arrêté ce mardi et reproduites par la chaîne d'information BFMTV.

Les policiers ont aussi retrouvé des tickets d'entrée et des audioguides pour les deux sites touristiques les plus visités de France (derrière le musée du Louvre et Disneyland) : le Château de Versailles et la Tour Eiffel — respectivement 7,5 millions et 6,7 millions de visiteurs par an (INSEE, 2013).

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La technique des pickpockets était bien rodée et ils opéraient à l'intérieur même des sites touristiques. Ils se faisaient passer pour des touristes, grâce à leurs tenues — bananes, casquettes et sandales-chaussettes — et aux audioguides, puis déclinaient leurs différentes méthodes d'approches.

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Les touristes les plus visés seraient les Asiatiques, selon le site de 20 Minutes, notamment les ressortissants Chinois. Un article du Financial Times explique que les touristes chinois ont souvent de grandes quantités d'argent liquide sur eux — les frais bancaires pour utiliser leurs cartes de crédit à l'étranger seraient rédhibitoires. Les visiteurs chinois achètent aussi des produits de luxe en grande quantité, puisqu'ils sont moins onéreux en France et qu'ils font des cadeaux pour leurs proches. Un responsable de tour operator parisien confiait au FT que les Chinois en visite à Paris pouvaient dépenser entre 6 000 et 9 000 euros en produits de luxe.

Pour mettre la main sur le butin, les spécialistes du vol à la tire opéraient par groupe de 3 ou 4, selon une source policière du Figaro. Un premier était chargé de détourner l'attention du touriste visé — un faux selfie ou une demande de renseignements. Le deuxième s'occupait de faire les poches ou le sac de la cible, pour ensuite passer le butin à un troisième complice qui s'échappait discrètement. Rapidement, les malfrats envoyaient le produit de la revente en Roumanie, grâce à des compagnies de transferts d'argent classiques. Le pécule, environ 3 000 euros par mois, était ensuite réinvesti dans de l'immobilier roumain.

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Le groupe arrêté ce mardi faisait apparemment le tour des grandes capitales européennes, notamment Londres, pour mener le même type de larcins, ce qui avait alerté les autorités roumaines qui se sont mises alors en relation avec la police française.

Contactée par VICE News, ce vendredi matin, la Société d'Exploitation de la Tour Eiffel (SETE) n'a pas souhaité s'exprimer sur les arrestations des pickpockets de ce mardi. Depuis la grève, la SETE ne souhaite plus s'exprimer sur la question.

Ce jeudi, le chef de la police parisienne, Bernard Boucault, a annoncé que 26 000 policiers et agents de sûreté seraient déployés cet été autour des grands sites touristiques de la capitale. La distribution d'un guide intitulé « Guide to Staying Safe in Paris » sera aussi distribué dans les ambassades et les hôtels de la ville. On y apprend qu'il vaut mieux éviter les cabarets de Pigalle et ne pas laisser passer des gens derrière soi au tourniquet du métro.

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Image via Flickr / bewilder2009