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La Gambie a un nouveau président — mais son prédécesseur serait parti avec la caisse

Deux mois après avoir gagné les élections contre le dictateur sortant, le nouveau président, Adama Barrow, est enfin arrivé dans le pays.
ASSOCIATED PRESS

Des milliers de personnes sont descendues ce jeudi dans les rues de Banjul, la capitale de la Gambie, pour accueillir le nouveau président du pays, Adama Barrow, qui a enfin récupéré le pouvoir — deux mois après avoir gagné les élections contre le dictateur sortant, Yahya Jammeh.

Un expert des droits de l'homme indique néanmoins que le plus dur arrive pour Barrow — le premier nouveau président du pays depuis 23 ans. Parmi les défis qu'il doit relever, on peut lister : la réunification d'un pays profondément divisé, l'application de réformes juridiques et la réforme de l'armée et des forces de sécurité (coupables de graves violations des droits de l'homme sous la houlette de Jammeh.

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Barrow s'était volontairement exilé au Sénégal voisin pendant plusieurs semaines. Après avoir perdu les élections en décembre dernier, Jammeh refusait de rendre le pouvoir — alors qu'il avait accepté les résultats dans un premier temps. Jammeh a finalement quitté le pays le week-end dernier pour s'exiler en Guinée équatoriale. Mais avant de partir, Jammeh aurait vidé les caisses du pays — à hauteur de 11,4 millions de dollars.

Le conseiller spécial de Barrow, Mai Ahmad Fatty, a indiqué aux médias sénégalais que Jammeh a récupéré l'argent avant de fuir. « La Gambie est en état de détresse financière. Les coffres sont virtuellement vides. C'est un état de fait. »

One Gambia, One Nation, One People! — Adama Barrow (@adama_barrow)January 27, 2017

Une Gambie, une nation, un peuple ! #Gambie

Après être descendu de l'avion ce jeudi, Barrow — accompagné par ses deux femmes et certains de ses enfants — a été accueilli par des membres de son gouvernement de coalition et de l'armée. Il était aussi accompagné par des soldats lourdement armés venant du Sénégal et du Nigeria, indiquant que la tension est encore élevée dans le pays d'Afrique de l'ouest. Certains craignent que Jammeh cherche à se venger pour son exil forcé.

Interrogé par l'Associated Press lors de sa cérémonie d'accueil, Barrow a dit : « Je suis un homme heureux aujourd'hui. Je pense que la mauvaise période est désormais derrière nous. » Il a aussi promis de faire avancer les choses rapidement, notamment en mettant son cabinet en place. Barrow, qui a été officiellement nommé président dans l'ambassade gambienne de Dakar la semaine dernière, a confirmé que son inauguration officielle aura lieu le 18 février.

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Sabrina Mahtani, spécialiste de la Gambie pour Amnesty International, confie à VICE News qu'elle pense que Barrow est « très attaché aux réformes dont la Gambie a besoin, » ayant discuté avec l'ancien homme d'affaires le mois dernier après sa victoire.

« Il y a tellement de défis à relever, » dit Mahtani. « Le pays est toujours divisé, et il est difficile de savoir combien de personnes sont encore du côté de Jammeh. »

Barrow avance rapidement. Il a déjà promis de libérer les prisonniers politiques, ce qui est « un très bon signe », selon Mahtani. Il a aussi indiqué que le retrait de la Cour pénale internationale de Jammeh allait être annulé.

Un des défis les plus épineux va être de faire en sorte que la population ait à nouveau confiance en son armée, responsable de multiples violations des droits de l'homme pendant le règne de Jammeh. « Il faut absolument réformer les forces de sécurité, » alerte Mahtani. « Il y avait un sentiment d'impunité pendant l'ère Jammeh. Ces violations des droits de l'homme ont servi à insuffler un climat de peur dans le pays — notamment grâce à des arrestations arbitraires, des détentions illégales ou des disparitions forcées. »

Barrow a déjà nommé sa vice-présidente, Fatoumata Tambajang, âgée de 67 ans. Certains se sont plaints de cette nomination, parce que le président et vice-président de la Gambie ne peuvent pas avoir plus de 65 ans selon la constitution du pays.

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I am delighted to announce to you all that Her Excellency, Fatoumata Tambajang has been nominated as the Vice President of Gambia. — Adama Barrow (@adama_barrow)January 23, 2017

Je suis très heureux de vous annoncer que Son Excellence, Fatoumata Tambajang, a été nommée vice-président de la Gambie. #Gambie

Autre difficulté pour Barrow, il va falloir réformer la justice. « Il existe des lois extrêmement répressives en Gambie, notamment concernant la liberté d'expression, » indique Mahtani. Depuis l'arrivée du nouveau président, les gens parlent plus librement.

Les stations de radio, qui ont été silencieuses pendant les deux derniers mois, sont de retour à l'antenne et débattent de la nomination de Tambajang et de la crise constitutionnelle que cela pourrait créer.

« Les Gambiens sont désormais capables de demander des comptes à leur gouvernement et en parler librement, ce qui n'était absolument pas le cas pendant le règne de Jammeh. Je pense que c'est une très bonne chose, » considère Mahtani.

L'une des priorités de Barrow est de nouer des partenariats avec d'autres pays. Il souhaite notamment forger une relation avec l'ancien colonisateur de la Gambie, la Grande-Bretagne, où il a étudié pendant plusieurs années.

Dans une interview accordée à l'International Business Times à Dakar ce jeudi, Barrow a dit qu'il allait se rendre rapidement en Grande-Bretagne et souhaitait « rejoindre le Commonwealth », ajoutant : « Le Royaume-Uni était en Gambie pendant des centaines d'années, nous sommes une ancienne colonie et c'est pour cela que nous sommes un pays anglophone. L'histoire est là, nous avons du respect pour le Royaume-Uni et nous voulons créer une relation forte. »


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