Je suis Kafranbel
Photos publiées avec l'aimable autorisation de Raed Fares et Ahmad Jalal/OccupiedKafranbel.com

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Culture

Je suis Kafranbel

Avec les mêmes armes que les cinq dessinateurs de Charlie Hebdo assassinés la semaine dernière, les citoyens de Kafranbel dénoncent depuis quatre ans les horreurs du régime de Bachar el-Assad.

Cabu, Charb, Tignous, Wolinski et Honoré, les cinq journalistes de Charlie Hebdo assassinés la semaine dernière lors de l'attaque terroriste au siège du journal, n'étaient pas les seuls artistes à dénoncer de façon satirique la terreur de ce monde.

De la même façon qu'eux, depuis le début de la guerre en Syrie il y a près de quatre ans, Raed Fares, 40 ans, et Ahmad Jalal, 33 ans, accompagnés par les citoyens de Kafranbel, un petit village du nord de la Syrie contrôlé par l'Armée syrienne libre, dessinent pour rassembler l'opinion contre le régime de Bachar el-Assad et dénoncer ses horreurs. Ce but n'est néanmoins pas le seul : leurs dessins sont aussi une tentative avouée et désespérée d'alerter la communauté internationale sur le triste sort de la population syrienne et de dénoncer l'immobilisme des pays occidentaux. Afin de se faire entendre, ils ont aussi exposé et diffusé leurs œuvres – caricatures, vidéos et banderoles – en Europe et aux États-Unis.

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Vu de l'extérieur, alors que l'organisation État islamique a conquis de larges territoires en Syrie et en Irak et que les bombardements du régime continuent inlassablement, ces citoyens syriens semblent aujourd'hui former le dernier rempart démocratique dans un pays déchiré par la guerre et le terrorisme.

Dans une interview avec le site Syria Deeply en octobre dernier, Raed Fares expliquait que, dernièrement, de moins en moins d'habitants de la ville prenaient part aux manifestations hebdomadaires lors desquelles leurs dessins étaient brandis. « Ils ont perdu espoir que les manifestations apportent un changement, explique-t-il. Après [près de quatre ans], rien n'a changé alors que le monde entier sait maintenant ce à quoi la Syrie est confrontée. Néanmoins, il y a aussi une autre raison à ce désintérêt : le village est bombardé au moins trois fois par semaine, généralement pendant des rassemblements. Les gens ont peur. Beaucoup sont partis. Il y a eu de nombreux massacres à Kafranbel. »

Plus de dessins sur OccupiedKafranbel.com