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LE NUMÉRO DE L'ENFANT-DRAGON

Video Games Killed the Radio Star

J’attendais le bus le jour où je devais écrire cette chronique. J’étais dans le 13e arrondissement, et je me disais que c’était surprenant le nombre de meufs carrément belles que je croisais dans ce quartier pas spécialement réputé pour la qualité de...

CATHERINE
Éditeur : Deep Silver
Plates-formes : 360, PS3 J’attendais le bus le jour où je devais écrire cette chronique. J’étais dans le 13e arrondissement, et je me disais que c’était surprenant le nombre de meufs carrément belles que je croisais dans ce quartier pas spécialement réputé pour la qualité de sa marchandise de chair.

À l’arrêt de bus, la plus belle que j’avais vue ces dix dernières minutes se tenait devant moi. Brune, yeux bleus, un visage où se mêlaient l’odieux et le sublime. Elle racontait sa vie au téléphone, à une copine, vu la liberté de ton qu’elle s’autorisait. Elle lui racontait que c’était inné chez elle, qu’elle était condamnée à être en retard sans réaliser une seconde que c’était un déter­minisme inhérent au regard tout de narcisse qu’elle portait sur elle-même. Toute meuf qui se sait belle arrivera fatalement en retard et c’est très bien comme ça. Plutôt que de s’énerver, il vaut mieux se dire qu’on aura moins d’effort à fournir pour la faire jouir, son reflet y pourvoyant bien suffisamment.

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Elle m’a rappelé à quel point moi aussi, testeur de jeu vidéo de mon état, j’étais victime d’un poisseux ­déterminisme – bien pire parce que lié à l’appât du gain, c’est-à-dire que je pourrais bien passer à autre chose. Aussi belle la fille que j’approcherai, et aussi ouverte soit-elle à d’incessantes tribunes sur l’état de la production cinématographique, arrivera fatalement l’instant où je sortirai une manette pour finir un niveau plutôt que les Rêveries de « JJ » Rousseau.

Et ce quand bien même je tenterais de finir un jeu aussi classe que Catherine qui pour le gros troll que je suis est un jeu 2011 parce que j’y ai joué en japonais ET en américain, mais qui sort cette année en Europe. Pourquoi un tel attrait pour ce jeu outre le gigantesque buzz qui l’a précédé dans le petit milieu du jeu vidéo ? D’abord parce que c’est un jeu Atlus, le studio responsable de la série Persona qui est assez démentielle. Comme Persona qui est un jeu de rôle aux allures de dessin animé interactif, Catherine est un dessin animé se déroulant entre un bar miteux et la chambre de son héros, Vincent. C’est aussi un puzzle game minimaliste mais génial dans lequel ledit Vincent doit se sortir de ses cauchemars en aménageant des blocs (qu’il va être très difficile de traduire par « blocage » en français, mais c’est évidemment de ça qu’il s’agit) qu’il doit escalader jusqu’au petit matin, poursuivi par des monstres à l’image de l’obscénité de ses questionnements existentiels : être fidèle ou non ? Quitter sa meuf enceinte ? Craindre la progéniture ? Jouir sans entraves ? Chaque entre-niveaux est une plate-forme de repos sur laquelle on peut discuter avec des moutons de Panurge désabusés qui invitent le joueur à passer un test digne du meilleur du manichéisme de la presse féminine, le choix de réponse influant le déroulement de l’histoire. Tout ça dans un jeu ? Ouais. En plus celui-ci est tellement sans pitié dans ses phases ludiques qu’Atlus a dû sortir un patch facilitant un peu l’ascension des cauchemars avant même que leur jeu n’atteigne les contrées occidentales. Face à une telle proposition, qui se tape le luxe d’être très classe graphiquement, tu es obligé de te dire que tu te trouves face à un joyau perdu dans la fange du marché actuel.

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« Ah putain ! Je me suis fait couiller là ! » m’a-t-elle tiré de ma rêverie en réalisant que le 27 n’était pas le bus qu’il lui fallait et qu’elle allait de fait arriver plus en retard encore que prévu. Une expression qui m’a fait me sentir aussi désabusé que les moutons de

. Elle me confirmait qu’elle parlait à une copine, mais surtout qu’elle avait été totalement insensible à mon regard torve pesant sur elle depuis dix minutes. Après, elle a tracé.

CRUSH 3D
Éditeur : Sega
Plates-formes : 3DS Une console de jeu portable sert à 3 genres de jeu : les courses, les bastons et les puzzles. En décembre, l’excellent Pullbox était sorti en téléchargement sur la portable de Nintendo. En janvier, c’est Crush 3D qui prendra bien la tête au joueur incapable comme moi de visualiser quoi que ce soit dans l’espace. Le but de ce jeu vicieux est que le joueur aille d’un point A à un point B en écrasant le décor pour le faire passer en 2D à l’ancienne ou en l’étirant pour qu’il retrouve sa perspective 3D initiale. Aussi addictif que casse-couilles, il est en plus assez ingrat puisqu’il permet de « débloquer des peignoirs » pour habiller son petit ­héros. Des peignoirs ? Sérieux ? Quand un jeu se permet d’être aussi goguenard face au joueur tout en citant Freud, je suis obligé de l’applaudir.