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Culture

L’art de Chad Muska

Dans le cadre de la campagne de SUPRA, Always on the Run, qui célèbre l'univers du skate, nous avons parlé avec Muska de son travail artistique et de son enracinement dans la culture skate.

Chad Muska est l'un des plus grands dans le monde du skate. Si vous avez grandi à la fin des années 1990, vous vous souvenez sûrement de la superstar du skate, « The Muska », le skateur au ghetto-blaster et au tee-shirt rouge slidant une rampe redoutable avec son sac sur le dos ; le gamer blond au style et au culot monstres. Et pourtant, arpenter les rues sur une planche en bois n'est pas son seul talent, loin de là.

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Ce surdoué de 38 ans est aussi producteur de musique, footwear designer, DJ, photographe, entrepreneur et artiste. Mais c'est sur ce dernier talent qu'il se concentre le plus en ce moment. Avec son travail artistique, Muska veut faire entrer la rue dans les galeries, tout en évitant d'être étiqueté « street artist » ou « skateur pro qui fait de l'art ».

Dans le cadre de la campagne de SUPRA, Always on the Run, qui célèbre l'univers du skate, nous avons parlé avec Muska de son travail artistique, de son enracinement dans la culture skate, de la manière dont il a tracé sa propre route dans le monde de la création et de pourquoi le skate sera toujours présent dans tout ce qu'il fait.

VICE : Salut Chad, sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Chad Muska : Je suis constamment en train de créer sur différents médias à la fois et je ne pose aucune limite à mes projets. Ça occupe tout mon temps et c'est un peu compliqué d'expliquer ce que je prépare en une phrase, mais je vais essayer.

J'avais un studio dans un bâtiment qui a été vendu il y a quelque temps et depuis, je bosse dans mon garage et j'ai dû réduire considérablement le projet sur lequel j'étais en train de travailler. La taille de l'espace dans lequel j'opère me dicte toujours ce que je vais faire. Passer de 1 500 m² à 500 m² a représenté un vrai défi au début, mais ça m'a amené à explorer davantage l'univers du numérique. Je me concentrais uniquement sur la création artistique au sens physique du terme ces dernières années, mais j'ai réalisé que documenter l'œuvre était aussi important que l'œuvre elle-même. J'ai donc utilisé des vidéos et photographies en rapport avec des objets, et les actions qui y sont associées.

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Certaines de tes œuvres contiennent des messages écrits comme « Rêve en grand, travaille plus grand encore » ou « L'art n'est pas un crime », ainsi que des déclarations personnelles comme « Je suis une personne meilleure quand je ne bois pas ». Considères-tu l'utilisation du texte comme le moyen le plus direct de communiquer tes idées ?
La plupart de ces œuvres sont juste des gribouillages rapides que je fais pour exprimer un sentiment ou une idée que j'ai sur le moment et que j'ai besoin de partager sur les réseaux sociaux. D'autres œuvres sont en lien avec des graffitis dont je pense qu'ils doivent être plus évocateurs ou plus inspirants. Les œuvres que je présente en ce moment sont très minimales et ouvertes à l'interprétation de chacun. Il me semble que l'art qui véhicule des messages trop clairs a une durée de vie plus limitée. Mais c'est seulement le reflet de mon état d'esprit actuel, qui change constamment. J'apprécie toutes les formes d'art et d'expression.

Ces fragments de texte recèlent aussi une forme de sagesse (comme « Rêve en grand, travaille plus grand encore »). Penses-tu que tu aies quelque chose à dire et à partager à travers ton art, quelque chose qui serait issu de ton expérience ?
La plupart des messages que j'écris sont des rappels que je me fais à moi-même pour continuer sur un chemin positif. C'est comme écrire une liste de courses pour ne pas oublier. J'ai vécu une vie complètement dingue et ça joue sûrement un rôle dans mes œuvres. J'espère pouvoir inspirer d'autres personnes tout en essayant de garder la maîtrise de moi-même.

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Tu as été par le passé considéré comme un street artist. Décrirais-tu ce que tu fais comme du street art ? L'œuvre Post No Bills en particulier semble très inspiré de cet univers.
On a tous un passé qui mène à notre travail actuel et qui nous amènera à notre création future. J'ai grandi dans le skate, le hip-hop, le graffiti et d'autres formes d'expression liées à cette culture. Ces racines sont ancrées en moi pour la vie. Adolescent, je me suis mis au graffiti pour exprimer les frustrations que je ne pouvais pas exprimer par le skate. Plus tard dans ma vie, certaines de ces frustrations sont revenues et je me suis reconnecté avec la rue. À ce moment-là, le street art avait remplacé le graffiti et c'est à cette époque que j'ai commencé à créer des choses dans des villes du monde entier.

Ce long processus a mené à ce qu'est mon travail aujourd'hui. J'ai fait Post No Bills vers 2010 en essayant de créer quelque chose d'artistique qui était lié au graffiti et au street art sans être un tag ou un collage classique. Je voulais trouver un moyen de faire entrer la rue dans le monde des galeries et j'ai aimé l'idée de prendre quelque chose de négatif vis-à-vis du street art et de le rendre positif. Mais je ne me considère pas comme un street artist. Je ne veux pas porter d'étiquette qui pourrait limiter mes possibilités d'évolution. Je veux que mes œuvres vivent dans les galeries et chez les gens et je les utilise comme un outil pour qu'on se souvienne de moi.

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Beaucoup de grands skateurs se mettent à l'art pour exprimer une autre facette de leur créativité, comme The Gonz par exemple. As-tu l'impression de suivre cette tradition ?
J'essaie de ne rien suivre, ni personne. J'ai énormément d'amour pour Gonz, Templeton, Natas et plein d'autres skateurs qui s'expriment à travers l'art et le skateboard, mais je suis ma propre voie et je considère qu'on ne peut pas me comparer à d'autres juste parce que nous sommes tous skateurs. Nous sommes juste des gens créatifs et ce n'est pas surprenant que le skate donne naissance à autant de grands artistes, cinéastes, stylistes, etc. Je ne m'arrêterai jamais de créer.

Essaies-tu toujours d'intégrer le skate dans tes œuvres d'une façon ou d'une autre, ou bien cela surgit-il naturellement ?
J'ai vraiment essayé de m'éloigner autant que possible du skate dans mes œuvres. Je n'ai jamais voulu être « le skateur pro qui fait de l'art ». Je voulais juste que mes œuvres parlent d'elles-mêmes. Mais un jour je me suis arrêté pour regarder ce que j'étais en train de créer et j'étais en train de construire des demi-tuyaux en ciment que je considérais comme des sculptures. C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que le skate ferait toujours partie intégrante de tout ce que je fais. Et ça me plaît. En ce moment, je travaille beaucoup avec du ciment et de l'acier. Je ressens un lien très fort avec ces matériaux. Sans eux, il n'y aurait pas de trottoirs à descendre ou de murs à peindre à la bombe.

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Tu as exposé dans des galeries et dans la rue. As-tu une préférence sur l'endroit où tes œuvres devraient être exposées ? Dans quelle mesure cela influence-t-il la façon dont tu les crées ?
Ce sont deux choses très différentes. Le graffiti et le street art sont créés rapidement et on a moins d'attachement pour eux parce qu'ils auront peut-être disparu quelques heures plus tard. Je pense qu'en prenant ce que les gens ont créé vraiment vite dans la rue pour le mettre dans une galerie, on perd l'impact initial. Dans une galerie, on a plus de temps pour réfléchir à ce qu'on veut faire. Je pense que le graffiti et le street art doivent rester dans la rue et les œuvres de galeries dans les galeries. Mais je dois admettre que j'aime vraiment voir des artistes de street art et de graffiti découvrir des choses nouvelles à appliquer aux beaux-arts. J'aime la façon dont l'œuvre que Revok a créée pour des galeries n'est rien comparée à ses chefs-d'œuvre de graffiti dans la rue. On peut faire les deux.

En plus de l'art et du skate, tu fais aussi de la musique. Comment jongles-tu entre ces domaines ?
Généralement, je me consacre entièrement à un seul truc à la fois. Si je skate, c'est tout ce que je fais, et quand je fais de l'art ou du stylisme, c'est pareil. La beauté dans toutes ces différentes formes d'expression, c'est qu'elles sont connectées et qu'elles se nourrissent les unes les autres. Si je fais une bonne chanson, je peux l'écouter dans mon casque pendant que je skate et elle me donne la pêche pour faire plus de figures. Si je crée une bonne œuvre d'art, je peux trouver un moyen de la faire apparaître dans le stylisme. Comme je l'ai dit, je ne pose aucune limite à ma créativité. Ma vie n'a pas d'autre recette que le changement constant.

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As-tu l'impression, avec ton background, d'être injustement catalogué comme « skate artist » ?
La plupart des gens diraient : « Oh, c'est facile pour toi d'être artiste parce que tu t'es fait connaître par le skate. » Dans certains cas, ça peut aider, mais dans la plupart des cas, ça provoque l'effet inverse. Je refuse d'être catégorisé en fonction du skate. Je veux juste créer et continuer de suivre mes rêves sans tenir compte de ce que disent les gens, de la quantité d'argent que je gagne ou de la reconnaissance que j'obtiens. J'ai la chance d'avoir pu gagner ma vie avec le skate, la chose que j'aime le plus au monde, donc je n'ai pas d'attentes autres que la création.

Pour finir, où trouves-tu l'inspiration ?
Dans ma tête, dans mon cœur et dans ce beau monde qu'on partage tous.

Merci Chad.

La campagne de SUPRA, Always on the Run, a débuté le 8 juillet et possède un microsite dédié sur le site des chaussures SUPRA – rendez-vous sur www.suprafootwear.com pour plus de détails.