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Mauvaise nouvelle, les femmes : les écolos sont vos nouveaux pires ennemis

Je dis ça parce que j'ai essayé de vivre écolo ces deux dernières semaines. Et croyez-moi, vous n'avez aucune envie d'être une femme green.

En tant que femme, je bénéficie d'un très large éventail de personnes à détester. Ma haine peut se porter sur un individu particulier, comme mon collègue du marketing qui a passé 10 minutes ce matin à parler des « énormes loches » de sa cliente. Ou encore mon banquier, qui continue d'envoyer les courriers importants à mon père (j'ai 26 ans) comme si nous étions en 1930 – ou en Arabie Saoudite.

Avec un peu d'ambition, je peux même choisir de détester des groupes de gens entiers : les militants anti-IVG, qui veulent m'interdire les joies d'un curetage libérateur, les créateurs de mode, qui s'imaginent que le corps de la femme moyenne est celui d'une mannequin ukrainienne de 14 ans ressemblant à un cheval crevé, ou encore certaines organisations féministes dont on est en droit de se demander si leurs membres ont passé le test « grosse, moche et mal baisée ».

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Cela dit, il existe un autre cercle de gens qui réunit la totalité de mes angoisses : les écologistes. Leur but ultime n'est pas de défendre notre planète mais bien de pourrir la vie des femmes en les traquant jusque dans les recoins les plus intimes de leur anatomie. Je dis ça parce que j'ai essayé de vivre écolo ces deux dernières semaines. Et croyez-moi, vous n'avez aucune envie d'être une femme green.

LES RÈGLES

Enfant, j'étais fascinée par les spots de publicités Tampax qui sentaient bon la femme libre des années 1980. On y voyait des meufs s'éclater avec tout un tas de copines et rire à gorge déployée, même quand elles avaient leurs ours. Évidemment, au XXIe siècle, les écologistes se sont pointés pour casser l'ambiance en m'expliquant que mes menstruations représentaient un fléau pour la planète, vu que j'allais utiliser en moyenne 11 000 tampons au cours de mon existence. Leur solution ? Une « coupe menstruelle » qui, une fois « ventousée contre mes parois vaginales », recueillera mes menstrues tout en respectant l'environnement. Cool !

Je me suis donc procuré une Fleurcup, un objet dont le nom et le diamètre monstrueux m'ont instantanément donné envie de mourir. Après un passage sur Youtube et une demi-heure de contorsions, la coupe était enfin « ventousée » à l'intérieur de mon vagin. J'avais un peu la sensation d'avoir un entonnoir pour gaver les oies coincé dans la chatte. Vers 15 heures (soit six heures plus tard), je me suis dit qu'il était peut-être temps de vider la coupe. Malheureusement, le lavabo du bureau est situé dans l'open space, à la vue de tous. J'ai eu envie de crever. J'ai serré les cuisses jusqu'à 18 heures puis je me suis ruée chez moi pour constater les dégâts. J'ai passé la soirée à nettoyer mon slip et mon jean souillés par le miracle écologique, et j'ai décidé de jeter cette merde.

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LA MATERNITÉ

Les filles, vous croyez sans doute que le jour où vous pondrez un mouflet, accomplissant ainsi le destin auquel la société vous a préparées, on vous laissera un peu tranquille. Détrompez-vous. Comment pouvez-vous ignorer l'impact catastrophique d'un nourrisson sur l'équilibre de la planète ? Savez-vous seulement le temps que met une Pampers à se détériorer dans la nature ? Ou à quel point l'industrie de la couche s'avère gourmande en eau et en produits chimiques ?

N'ayant moi-même pas d'exemplaire en ma possession, je me suis fait prêter le bébé d'une amie. Sur les conseils des écologistes, j'avais commandé des couches lavables sur Internet. Équiper bébé de sa couche respectueuse de l'environnement n'a pas été un problème. C'est le déballage de son étron fumant dans une lange en tissu qui s'est avéré plus délicat. Je tentais de maintenir l'enfant sur la table de mon salon tout en faisant glisser la couche avec le coude. Le tissu adhérait à la table et ne semblait pas décidé à en bouger.

J'ai posé l'enfant par terre et je me suis rendue sur Internet pour savoir quoi faire de la couche sale. Les chemises vertes m'ont expliqué qu'il me fallait la prélaver « pour enlever le surplus de selles », puis la passer à la machine avec une lessive sans phosphate. Petite astuce pour celles qui ne savent pas quoi faire de ces bouts de tissu tachés de merde entre deux machines : « Il suffit d'acquérir un seau pour stocker les couches lavables souillées. » J'ai jeté la couche puis l'enfant avant de courir me faire ligaturer les trompes.

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LES FRINGUES

L'industrie du jean est très polluante et si Zara me permet d'acheter des monceaux de fringues sans y laisser l'intégralité de mon SMIC, c'est sans doute parce que les enfants indiens ont des prétentions salariales raisonnables. Mon éco-responsabilité tout juste acquise allait-elle me contraindre à errer nue dans Paris ? Non, puisqu'il existe déjà une solution : la sape écoresponsable.

Je me suis rendue dans un magasin parisien spécialisé dans les vêtements bio et éthiques. La boutique était minuscule et la vendeuse – dont émanait une odeur inquiétante de lait de chèvre – a fini par me coincer avec un ravissant ensemble « très bien soldé ». Je suis passée en cabine. Premier constat : le haut grattait horriblement, au point que de petites plaques rouges sont apparues sur mon décolleté. Le sarouel en coton bio était un peu plus confortable mais en me regardant dans la glace, j'ai dû me rendre à l'évidence : il me faudrait dorénavant vivre parmi des lanceurs de bolas enflammées ou en tant que saisonnière au festival Overdub de Périgueux.

LA BEAUTÉ

Packaging en plastique, pollution de l'eau, pillage des ressources naturelles des pays du Sud… Les industriels de la beauté détestent la planète. Comment rester belle sans nuire à son équilibre ? Nos tantes hippies ont choisi la solution home-made : elles cuisinent elles-mêmes leur baume après-rasage au millepertuis et leur dentifrice à l'argile.

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J'ai toujours détesté les travaux manuels. J'ai décidé de m'en tenir à la recette la plus simple et la moins chère à disposition sur Internet : un gommage à la noix de coco. La marche à suivre avait l'air simple : râper la chair du fruit, mélanger avec le jus, utiliser le gommage obtenu. Tranquille. Ce que le site ne précisait pas, c'est qu'il fallait ouvrir la noix de coco. J'ai tenté l'opération avec un tournevis et un marteau, mais la noix se barrait dès que je donnais un coup dessus. Je l'ai coincée dans la bonde de mon évier et je me suis retrouvée, marteau en main, à « poursuivre » la noix au fond du bac, vu qu'elle se faisait la malle au moindre choc de tournevis.

J'avais mal et je suais beaucoup. Je n'allais quand même pas me laisser niquer par une noix de coco, j'avais encore pas mal d'objets pointus chez moi. J'ai pété un tire-bouchon, deux couteaux et un compas. J'ai aussi fait un trou dans le mur. Au final, je ne connaîtrai jamais le résultat de ce gommage maison, même si je soupçonne fortement les auteurs de ces « recettes » d'être des phallocrates dont le seul but est de me prouver, avec ce gommage à la con, que j'ai besoin d'un homme.

LE SEXE

Dans cette longue lutte que fut l'histoire du féminisme, l'accès à la contraception demeure le symbole ultime de la reconnaissance de la liberté des femmes. J'avais donc l'impression que mon droit de baiser était acquis depuis genre, quatre-cinq ans. Réponse de la réalité : pas du tout. Les écologistes veulent aussi m'empêcher de piner comme je veux et tout ça pour protéger les poissons. En effet, une femme qui prend la pilule rejette des œstrogènes de synthèse en urinant. Ces œstrogènes se retrouvent par la suite dans nos mers et nos rivières, ce qui conduit à la féminisation des poissons. Les écolos proposent du coup que les femmes arrêtent de prendre la pilule et portent plutôt un stérilet – soit un truc aussi safe qu'une explosion nucléaire.

Dans la catégorie « produits allergènes », ils existe aussi le lubrifiant vaginal à la sève de kiwi. Je dis allergène car si mon mec et moi étions au courant de son intolérance sévère à la cacahuète, nous ne savions rien de ses problèmes avec le kiwi. C'est bien dommage, car j'ai appliqué le produit en couches généreuses – il dégageait une odeur fruitée agréable. C'est au bout de dix minutes qu'il nous a fallu nous rendre à l'évidence et terminer notre nuit d'amour aux urgences, où un interne hilare nous a garanti qu'il n'avait encore jamais vu d'« œdème de Quincke des parties génitales ».

J'ai donc refusé de tester les préservatifs en boyau de mouton (« contraceptifs, mais qui ne protègent pas des MST :-) »), ni la lingerie en fibre écologique, dont la vertu principale est de ressembler à ça :

Sachez quand même qu'il existe des boules de geisha en quartz, jade ou obsidienne, qui vous laisseront ouvrir vos chakras à fond – ce qui est une bonne idée sur le papier, mais avez-vous vraiment envie de penser à ces meufs quand vous êtes seule avec votre corps ?