L'échec du capitalisme balnéaire en images

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reportage

L'échec du capitalisme balnéaire en images

Le photographe français Jeronimo Acero a visité les constructions abandonnées de la région du Sinaï.

La première fois que j'ai entendu parler des constructions abandonnés du désert du Sinaï, c'était par le biais du travail de Kaupo Kikkas, qui avait photographié un cinéma en plein air complètement déserté. En creusant un peu, j'ai appris que ce cinéma avait depuis été détruit, mais qu'il existait de nombreux hôtels et restaurants abandonnés dans la région.

Toutes ces photos ont été prises en Égypte dans la péninsule du Sinaï, entre Taba et Dahab. C'est une bande de terre assez étroite coincée entre les montagnes et la Mer Rouge. Tout le long de la côte, une route permet de se déplacer et d'admirer tout ces hôtels déserts. Je vois un peu ça comme l'échec du capitalisme balnéaire, ou comment le sel a repris ses droits sur le béton.

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À l'instar de nombreux entrepreneurs locaux, des multinationales de tourisme – comme le Club Med, Best Western et Hilton – se sont installées dans le désert pour entreprendre des constructions de complexes hôteliers. Attirés par le tourisme de masse, une météo parfaite en hiver et un territoire historique facilement accessible depuis l'Europe, ces compagnies profitent notamment des lois littorales inexistantes pour entreprendre leurs projets. Parfois, des bâtisseurs reprennent les fondations et promettent de construire des hôtels resplendissants, avant de partir avec l'argent. À ce moment-là, les banques reprennent leurs hypothèques en attendant le prochain constructeur.

D'après ce que j'ai pu comprendre, ces hôtels ont été laissés à l'abandon par manque d'activité. Le début des années 2000 a été marqué par un pic d'activité et le lancement de nombreux projets. Mais avec la frontière au nord du Sinaï avec Israël, la Palestine et les récents déplacements d'extrémistes dans les montagnes de la péninsule, de nombreux pays européens ont classé la zone comme « à éviter », ce qui a freiné le flux de touristes. À part une vieille femme et ses chèvres ou deux-trois voitures utilitaires, je n'ai croisé absolument personne.

Jeronimo s'appelle vraiment Jeronimo. Vous pouvez découvrir le reste de son travail sur son site.