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LE NUMÉRO DE L'HOMME-SABLE

Distant Planet

En apparence, Teengirl Fantasy part avec de mauvaises cartes. Un blaze de lookbook, un site ironique et une première tournée à ouvrir Crystal Castles.

En apparence, Teengirl Fantasy part avec de mauvaises cartes. Un blaze de lookbook, un site ironique et une première tournée à ouvrir les concerts de Crystal Castles. Toutefois, malgré leur air d’étudiants en école d’art s’échinant à faire vaciller le bon goût hétérocentré – en réhabilitant Robert Miles et les licornes en glitter au nom du postmodernisme et du fun –, les deux anciens étudiants d’Oberlin sont presque parvenus à me faire regretter, en deux excellents albums, d’avoir préféré la ghetto-house à la dream et Resident Evil à Ecco the Dolphin. VICE : Comment Kari Altmann (R-U-In?S) s’est retrouvée à faire la pochette de votre nouvel album ?
Logan : On l’a rencontrée lorsqu’elle nous a bookés il y a trois ans à Baltimore. C’est aussi à elle qu’on doit le clip de Portofino. Son esthétique a pas mal influencé les tendances visuelles de ces dernières années, sur le Net du moins. Et qu’en est-il de Iasos, le réalisateur du clip de Cheaters ?
Nick : On ne le connaissait pas mais on était à fond sur sa chaîne YouTube. On l’a simplement contacté par mail et il nous a envoyé plusieurs vidéos afin qu’on choisisse. Pourquoi préférer sortir des albums à des EP alors que tout votre boulot transpire l’esthétique du web où l’on achète des morceaux plutôt que des longs formats ?
On a sorti quelques EP auparavant, mais oui, c’est vrai, c’est plutôt rare dans la musique électronique. Encore plus depuis l’entrée dans l’ère digitale. On voulait produire un objet cohérent, un tout, pas juste une collection de singles. Même si au final certains achèteront uniquement quelques morceaux, pour nous c’est un processus qui influe sur l’écriture en studio. A contrario, quand on écoute individuellement les tracks, on a l’impression qu’ils sont faits de plusieurs esquisses. Ils breakent à longueur de temps et les mélodies s’enchaînent et se superposent de façon chelou. On est assez loin des morceaux plus classiques de votre premier album, 7AM.
Logan : Oui, il y a beaucoup plus de développements et de variations au sein de chaque track que dans notre album précédent. Je pense que c’est en partie une conséquence indirecte du choix de ne pas utiliser de samples.
Nick : Ces breaks et ces changements de mélodie de l’ancien catalogue R&S sont clairement une source d’inspiration pour nous. On essaie de pousser nos morceaux dans leurs derniers retranchements. Chaque titre a sa propre logique et son propre rythme. Après, que les auditeurs perçoivent ou non cette logique… Je ne suis pas sûr que ce soit si expérimental que ça puisque depuis votre premier album, la pop a pété un plomb. Il suffit d’écouter le dernier Rihanna où l’on retrouve sur chaque piste 4 mélodies incohérentes breakées toutes les 10 secondes avec des gimmicks hyper bizarres.
Je pense que c’est une conséquence de l’ère digitale. Beaucoup de gens ont cessé de suivre les schémas corporatistes de diffusion de la musique. Par conséquent, les majors s’inspirent de la culture électronique underground afin que leurs produits restent au goût du jour.
Logan : On a tourné avec un batteur, Tim Dewitt, pour cette série de concerts, et il nous a fait découvrir de la pop complètement folle des quatre coins du monde. Il y a tellement de choses qui se font à partir des canons de la pop contemporaine, comme cette musique cairote
autotunée live ou bien Phillipe Ndour, un Justin Bieber sénégalais. Nick, qui est cette Lauren Devine pour laquelle tu produis ? J’avoue avoir du mal avec ce projet arty gay avec son trop-plein d’ironie et de mauvais goût. Teengirl Fantasy est justement l’un des rares groupes à jongler habilement avec tout un tas de références qui n’enfantent habituellement que des postures embarrassantes et des musiques de merde.
Nick : Lauren Devine n’a rien à voir avec une quelconque posture artistique ou les subcultures d’Internet. C’est juste une chanteuse qui veut faire de la pop sucrée pour la génération froyo – le frozen yogurt pop, selon sa propre expression. Le Net connaît à l’heure actuelle une espèce de syncrétisme New Age qui a débuté lorsque les enfants indigo, les extraterrestres et les spiritualités orientales ont fusionné sur Deviant-Art. D’ailleurs les critiques emploient souvent un vocabulaire ésotérico-spirituel lorsqu’ils écrivent sur Tracer. C’est justifié selon vous ?
Logan : C’est une bonne question. Je pense que d’une certaine façon, la musique est une expérience transcendantale, donc ce type de vocabulaire lui sied parfaitement. L’une de nos principales sources d’inspiration pour « Do It », le morceau avec Romanthony, était le « Beautiful Life » de Terrence Parker – un truc de pure gospel house.
Nick : À l’université, j’ai fait une étude architecturale sur la spiritualité au sein des raves, mais je ne suis pas sûr que ça ait influencé « Do It », qui parle plus de la joie dans la célébration. Mon intérêt pour ce type de sons vient plus de la réalité physique que d’Internet. Teengirl Fantasy – Tracer (RS1208CD), R&S Records, Londres
Elbee Bad: The Prince of dance music – The True Story of House Music (RH 121 CD), Rush Hour, Amsterdam
Trackman Lafonte & Bonquiqui – Pacific House (LIES013), L.I.E.S, New York
Freekwency – Flip the Coin (VR010), Voyeurythm, Londres