Avant la photographie, Fanny Schlichter voulait être cétologue

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Avant la photographie, Fanny Schlichter voulait être cétologue

Dauphins, filles rousses, VIH et peinture classique.

Ça fait quatre ans que je fais de la photo.

J'aime bien l'humour des garçons. Quand j'étais ado, je traînais avec une bande de cinq garçons dans un petit village agricole en Alsace ; il y avait rien à faire là-bas, mais on rigolait beaucoup. J'aime aussi l'érotisme, et c’est peut-être pour ça que je l'associe de façon inconsciente à des objets ou à des scènes de la vie courante. Au final, je me suis rendu compte que j'étais toujours à la recherche du même sentiment dans mes photos, une sorte de mélancolie érotique, d'extase.

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Ça me fascine d'observer le rapport qu'il peut y avoir entre certaines personnes et certains objets – que ça soit leur téléphone, leur voiture, etc. J’aime les collectionneurs, le fait qu'ils se laissent complètement envahir par leurs obsessions : c'est grotesque, absurde et en même temps il y a un truc assez poétique qui se dégage de tout ça.

L’objet auquel je tiens le plus, c’est la chevalière de mon père avec ses initiales « A.S. » dessus – il l'a eue quand il avait 12 ans. Je l’ai tout le temps avec moi, je suis un peu superstitieuse avec ça. Mais en réalité, je n'éprouve pas d’attachement particulier envers les objets. Je n'en ai pas beaucoup chez moi, et je peux vite me sentir étouffée s’il y en a trop.

En revanche, j’avais ma propre collection de dauphins miniatures quand j'étais enfant. Dans une série à venir, je pense d’ailleurs me servir de plusieurs statuettes à l’effigie de dauphins. Pendant très longtemps, j’ai voulu être cétologue. En ce moment, j'ai bien envie de faire une série sur les spectacles d'orques organisés dans le parc d’attraction Seaworld, en Floride, et de capter l'atmosphère qu'il y a là-bas.

Je shoote souvent la même fille rousse. J'aime bien ce qu'elle dégage, elle a quelque chose d'innocent. Je suis pas mal influencée par les poses dans les peintures des préraphaélites anglais de la fin du XIXe. J'ai besoin de shooter des modèles qui dégagent une certaine sincérité, un naturel, et de capter chez eux des moments d'absence. Dernièrement, j'ai fait une série qui illustre – de manière métaphorique – un coup de foudre d'un soir qui se termine par un test VIH ; c'est une histoire que j'ai vécue.

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Dans la vie de tous les jours, je suis assistante photo pour un site de vente en ligne. Je m'occupe de la production des shootings ; la plus grande partie du temps, c'est du packshot ou des shootings plus  « publicité ». Comme je n’ai pas fait d'école de photo – je sors d'une école de mode – ce boulot constituait une bonne option pour payer mon loyer et en même temps apprendre la photographie. C'est un peu rébarbatif par moments, mais l'ambiance de travail est assez agréable, et ça me motive pour imaginer des choses de mon côté. L'ennui n'est pas une mauvaise chose. Ça me laisse le temps d’aller chercher des trucs et de développer mon imagination, de construire un univers.

Fanny habite Paris. Elle prend des photos et les poste sur son Flicker, ou sur son Tumblr.