FYI.

This story is over 5 years old.

Comics!

La plus grande guerre de comics de l'internet

Nos dessinateurs préférés pourrissent leurs Facebook respectifs.

Nos potes Johnny Ryan et Frédéric Fleury sont tous deux des dessinateurs de comics très respectés. Johnny, comme vous devriez maintenant tous le savoir, est l’auteur de travaux incroyablement drôles – et d’un mauvais goût sans limite – : c'est à lui qu'on doit « Prison Pit » (le roman BD dont on a déjà parlé il y a longtemps), les « Blecky Yuckerella books », « Angry Youth Comix » et une dizaine d’autres trucs géniaux. C’est aussi lui qui dessine la dernière page du magazine depuis les débuts de l'humanité.

Publicité

Frédéric est l'homme à l'origine du légendaire « Frédéric magazine », un récapitulatif annuel  d'une centaine de pages des boulots des meilleurs dessinateurs du monde. C'est aussi l’auteur du fantastique comic « Death Roads » que vous retrouvez chaque mois dans la version française du mag. Comme son comparse américain, il affiche une passion sans borne pour les pénis.

Il y a environ un mois, j’ai remarqué que tous deux se livraient une guerre Facebook sans merci. Depuis, je les espionne chaque jour pour me marrer. J’ai décidé de leur écrire pour leur demander si ça les dérangerait que je rassemble ces œuvres d’art pour les publier sous ma propre petite boite d’édition, « The Milan Review ». Ils ont dit OK. Je me suis dit qu’ils auraient peut-être envie de m’expliquer (et de vous expliquer) comment toutes ces conneries ont vu le jour.

VICE :  Comment est-ce que vous vous connaissez ? Vous êtes tous les deux fans du travail de l’autre depuis longtemps ?

Frédéric Fleury : Je n’ai jamais rencontré Johnny en vrai. Tout ce que je sais, c’est qu’il a commencé à m’insulter sur Facebook. Il fallait que je réponde parce que je suis plutôt fier. Maintenant il pourrit quotidiennement mon mur avec des dessins débiles. C’est vraiment très chiant. Tout le monde peut le voir, même ma pauvre mère.

Johnny Ryan : J’ai découvert la série de dessins « Ice Fuckers » de Fred il y a quelques années. Depuis, je suis et j’apprécie son boulot. Je ne l’ai jamais rencontré. Tout ce que je sais de lui c’est qu’il aime baiser de la glace et des arbres.

Publicité

FF : Plus sérieusement, je connais le travail de Johnny depuis un moment. Je prête attention à ses publications, comme celles dans Vice et sur Flickr. J’ai découvert ses livres il y a peu de temps – ce n’est pas facile de trouver Johnny Ryan dans les librairies françaises. Je suis le plus grand fan français de « Prison Pit ».

Alors, comment la guerre a-t-elle commencée ? Qui gagne ?

JR : Je crois que j’ai fait le premier dessin de Fred. Tout le monde perd.

FF : Oui, tout le monde.

C’était quoi le premier dessin ?

JR : C’était Fred qui chiait de la foudre, il me semble.

Vous avez réfléchi à la manière dont tout ça pouvait prendre fin ?

JR : Ça se terminera avec Fred allongé sur le sol, face contre terre, avec du sang jaillissant de son cul comme une fontaine.

FF : Je pense que ça deviendra un truc privé. On échange déjà de vrais dessins par mail, comme à la vieille époque.

Qu’est-ce que vous aimez dans le travail de l’autre ?

JR : J’aime le style de Fred et son sens de l’humour. Il dessine des trucs hyper vulgaires et est très inventif. J'adore ça.

FF : Il me surprend tout le temps, il n’a aucune limite et ses dessins me font déconner. Je crois que « Prison Pit » est son chef d’œuvre. J’aime aussi beaucoup la manière dont il travaille en noir et blanc.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait de dessiner des pénis ?

FF : Les pénis, les culs, les nichons, je suis désolé mais ces trucs me feront toujours rire– même si genre, des gamins dessinent une énorme bite sur ma voiture neuve. C’est pas juste les pénis. Je crois que c’est plus une histoire de destruction du corps, combinée à de mauvaises blagues et à des insultes.

Publicité

JR : Il n’y a que quand tu dessines un pénis que les gens ont une réaction immédiate de type « OUAIS, ÇA DÉFONCE ! » . C’est très fédérateur.

Johnny, es-tu la version adulte du jeune Jonah Hill dans Superbad ?

JR : Je suppose, ouais. Mais vu comme ça, je me fais pas mal enculer.

Vous avez appris des choses l’un sur l’autre en faisant ça ?

FF : J’ai appris que les chiens de Johnny portaient des chapeaux mexicains.

JR : J’ai appris que Fred a besoin d’être pris en charge psychologiquement.

Vous êtes excités à l'idée de voir cet échange d'insultes devenir un livre ?

FF : Dès qu’un livre contient de mauvaises blagues sur Moebius, Tezuka, Crumb et Sammy Harkham, il devrait absolument voir le jour.

JR : Je me sens mal pour le monde entier.

INTERVIEW : TIM SMALL

ILLUSTRATIONS : JOHNNY RYAN ET FRÉDÉRIC FLEURY