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Israël se débarrasse – aussi – de ses immigrés Africains

Les demandeurs d’asile venant du Nord-Est africain ne trouvent pas le réconfort qu'ils étaient venus chercher en Israël.

Le centre de détention Saharonim, dans le désert du Néguev, où sont retenus les immigrés africains (photo publiée avec l'aimable autorisation de Karin Keil, de la Hotline for Migrant Workers)

Les demandeurs d’asile venant du Nord-Est africain ne trouvent pas le réconfort qu'ils étaient venus chercher en Israël. Après avoir quitté leurs pays respectifs à la recherche d’une vie meilleure dans un endroit où, par exemple, ils ne seraient pas réduit en esclavage ou dépourvus de leurs droits par leurs propres gouvernements, Érythréens, Soudanais, et Éthiopiens sont actuellement arrêtés par la police israélienne et jetés dans des prisons surpeuplées en plein milieu du désert.

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Dans le cas où cette nouvelle vous amènerait à vous demander pourquoi les autorités israéliennes ne sont pas traînées devant une cour internationale de justice, (spécialement au vu de nouvelles révélations), ne vous inquiétez pas, ils prévoient d’améliorer la condition des détenus en les envoyant contre leur volonté dans l’un des nombreux pays d’Afrique prêts à les accueillir. Tout ce que les pays en question ont besoin de faire, c’est d’accepter d’accueillir, en même temps que les immigrés, des armes israéliennes et de recevoir un entraînement militaire fourni par Israël dont ils se serviront, probablement, pour tuer d’autres Africains.

La loi permettant à Israël de faire des choses si infernales a été approuvée par le procureur général Yehuda Weistein. Elle donne à la police le droit d’arrêter les immigrés suspectés d’avoir commis des crimes. N’importe lesquels, même voler un vélo ou un téléphone.

Évidemment, la nouvelle loi laisse la porte ouverte aux abus en tous genres. David Sheen, documentariste et journaliste, m’a dit « Quelqu’un pourrait juste se battre avec un immigré qu’il n’aime pas, l’accuser d’avoir commis un crime affreux, et ce dernier serait immédiatement arrêté, envoyé dans un centre de détention et pourrait, en théorie, y être enfermé indéfiniment. »

Il a ajouté : « Des centaines de personnes ont été arrachées des rues dans le cadre de l'application de cette nouvelle loi. Ça a probablement eu lieu bien plus souvent, mais il est impossible d’obtenir de vrais chiffres. Récemment, une personne a été victime de cette loi mais, comme celle-ci avait de nombreux amis israéliens, son cas a attiré l’attention. Des rassemblements ont été organisés devant la maison du procureur général, et sa libération a été obtenue. »

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Malheureusement, tous les immigrés n'ont pas la chance d'avoir des amis israéliens hauts placés, et la majorité des personnes arrêtées sont envoyées dans l’un des quatre centres de détention, le plus connu étant celui de Saharonim, situé dans le désert du Néguev, près de la frontière avec l’Égypte.

Sigal Rozen, à droite (Photo publiée avec l'aimable autorisation de Sigal Rozen)

Sigal Rozen est la coordinatrice de la Hotline for Migrant Workers (HMW), organisation israélienne qui lutte pour la libération de tous les immigrés enfermés dans les centres. En outre, elle fait les démarches de demande d’asile en leur nom et rapporte ensuite leurs expériences sur leur site. Elle m’a parlé des conditions de vie dans la prison de Saharonim : « En ce moment, il y a 1 400 réfugiés détenus dans le centre. Il est surchargé. Les cellules font 2,1 mètres carré, alors que le standard international est de 8,8. »

Selon l’image ci-dessous provenant de la Aid Organisation for Refugees and Asylum Seekers (ASSAF - Organisation d'aide aux réfugiés demandeurs d’asile), il y aurait au total 16 000 « lits » dispersés au sein des quatre centres, cette démarche montrant l’intention du gouvernement d’y reléguer de nombreux nouveaux immigrés coupables de crimes extrêmement bénins.

(Image publiée avec l'aimable autorisation d’ASSAF)

Près de 350 Érythréens retenus à Saharonim ont fait une grève de la faim pendant plus d’une semaine, mais leur protestation n’a pas produit les effets escomptés. J’ai pu lire un email de l’un des grévistes qui disait : « La grève de la faim dans notre quartier, la zone 3, et celui dans la zone 4, a duré huit jours. Hier, plusieurs gardes ont emmené de force tous les détenus qui insistaient pour poursuivre la grève et les ont transférés dans d’autres quartiers de Saharonim. Le SPI (Service des Prisons Israéliennes) avait donné l’ordre de transférer tous ceux qui refuaient de manger dans leur cellule. »

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Sigal espère que ce traitement inhumain ralentira dans les mois à venir – « On ne peut pas laisser cette loi antidémocratique exister plus longtemps » – mais elle sait qu’une longue bataille judiciaire l’attend : « Ils (le gouvernement) ont l’appui des citoyens israéliens, parce qu’ils présentent tous les demandeurs d’asile comme de potentiels ‘’infiltrés’’.»

Une autre technique employée par le gouvernement israélien est de prétendre que les immigrés sont volontaires pour retourner dans leur pays d’origine. Cependant – et c’est évidemment une GROSSE surprise – des rapports laissent penser que la définition de « volontaire » entendue par le gouvernement israélien n’est pas la même que celles des autres pays. Les réfugiés sont en effet, probablement volontaires pour être renvoyés dans un pays qu’ils cherchaient à quitter à tout prix, et ce en surmontant des méthodes intensément coercitives. Aussi, selon Sigal Rozen, il est dit aux prisonniers que « la seule façon de sortir de prison, c’est de rentrer chez [vous]. » Plutôt réglo.

Étrangement, les accords « réfugiés contre armes » ne sont pas un secret. Ils sont connus des citoyens israélien et sont même considérés comme une idée brillante et totalement positive. La seule chose gardée secrète est le nom des pays qui font ces échanges avec Israël, ceux-ci craignant des réactions négatives sur la scène politique internationale si jamais ils étaient découverts.

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Le centre de détention Saharonim (photo publiée avec l'aimable autorisation de Karin Keil, de la Hotline for Migrant Workers)

En parlant avec David Sheen, celui-ci m’a dit qu’il pensait que cette complicité manifeste empêchait les pays participants aux échanges avec Israël d’être connus du grand public : « La raison pour laquelle le gouvernement israélien ne donne pas les noms des pays avec qui il négocie, m’a-t-il expliqué, c’est parce que c'est une vraie honte pour ces pays – ils participent activement et gratuitement au nettoyage ethnique d’Israël. »

« Si ces demandeurs d’asile étaient vraiment des criminels et des terroristes, aucun pays ne voudrait d’eux, c’est évident. Mais ce n’est pas le cas. Ces prisonniers sont simplement expulsés à cause de leur origine ethnique ou de leur religion. »

Alors que les pays participant aux échanges demeurent également discrets sur la question, quelques indications laissent deviner ceux qui seraient impliqués. L’homme derrière les négociations s’appelle Hagai Hadas, a 30 ans et est un vétéran du Mossad, l’agence d’espionnage d’Israël. Un récent voyage l'a conduit à parcourir l'Afrique en passant par le Kenya, le Rwanda, l’Ethiopie et d’autres pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques.

Il n’y a aucun doute quant au fait que les préjugés raciaux aient atteint des sommets en Israël. Ses hommes politiques n’hésitent plus à qualifier les immigrés de « cancer de la nation » (fait incroyable, à la suite de cette déclaration, des excuses ont été adressées aux survivants de l’Holocauste et aux Israéliens atteints du cancer plutôt qu’aux Africains visés par la métaphore). Ses ressortissants attaquent les réfugiés dans la rue, et, bien sûr, le gouvernement n’a plus aucun scrupule à utiliser des personnes sans moyens de défense comme monnaie d’échange pour ses envois d’armes à l’international.

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Israël tente donc par tous les moyens de se débarrasser de ceux que le pays considère comme indésirables, même si cela signifie violer les droits de l’homme les plus fondamentaux et condamner des milliers de personnes à vivre une existence merdique par la suite.

Suivez Joseph sur Twitter @josephfcox

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