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Musique

Les mecs d'Eagulls font de la musique pour mariages qui partent en couilles

Discuter crasse et pays de l'Est avec des Anglais contents de tout

Les Anglais d'Eagulls doivent avoir une sérieuse affection pour les déjections pour aimer autant trainer dans les squats. De fait, leur musique, c'est ça : du punk lo-fi sale mais hyper enthousiaste, une sorte de frère jumeau con et anti-moralisateur de No Age. Sur scène, le chanteur se contorsionne tandis que leurs fans, fins saouls, chantent en chœur avec lui sans connaître les paroles. C'était au squat de la Miroiterie à Paris, en décembre dernier. Nous y apprenions que George, le chanteur, s'appelait en fait Aaron, et que « George » était en fait un des noms que son père lui donnait pour le faire chier. À l'époque on leur avait demandé une interview et ils avaient répondu « OK, très bientôt ! » Ils se sont réveillés la semaine dernière pour me dire de me grouiller.

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VICE : La dernière fois que je t'ai vu, tu rentrais dans ta « loge », juste à côté des toilettes turques souillées par dix-mille punks à chiens. Tu te souviens ?

George : Je me souviens qu'au concert, déjà, il faisait bien moite et qu'il y avait de bons relents de pisse et de merde. Et il y avait quelques filles cette nuit-là qui ne s'étaient sûrement pas lavées depuis leur 12ème anniversaire. Mais c'était un de nos meilleurs concerts et c'était mon anniversaire en plus. Bonus !

Vous avez déjà joué dans des lieux encore plus pourris que ça ?

Nous n'avons jamais joué dans une salle qui puait autant. Cela dit, à Prague l'an dernier, c'était assez bizarre. Les barmans voulaient nous vendre toutes les drogues qui existaient dans le monde, et même des trucs dont on n'avait jamais entendu parler. Quand on allait aux chiottes, on pissait assez nerveusement, parce que des dealeurs se tenaient à côté de nous, et nous fixaient sans bouger. Des putes ont même payé leur entrée dans l'espoir de nous vendre des produits.

Ça a l'air plutôt OK, dit comme ça.

Bah ouais, mais en fait, il y en a une que je soupçonne d'avoir voulu me bourrer la gueule avec son absinthe, pour ensuite me dépouiller… Mais je crois pas qu'elle s'est douté que j'étais capable de boire toute sa bouteille de merde aussi facilement, et d'être quand même dans la capacité physique de la virer des backstages.

Réglo. Quand j'entends vos compos ultra branleuses, je me dis qu'en fait vous faites tout ça pour grailler et boire gratos.

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En fait, quand on joue, la plupart du temps, on nous donne un sandwich et quatre bières à partager à cinq, parce que les organisateurs sont trop occupés à dépenser de l'argent pour… je sais pas… acheter des tamagotchis, des fromages ultra chers, ou d'autres merdes… Si on avait fait ce groupe pour avoir des trucs gratuits, on aurait déjà tout arrêté.

Ça vous fait pas bizarre de voir plein de gens se pointer à vos concerts, alors qu'ils habitent ultra loin de chez vous, dans un autre pays avec une autre langue, et qu'ils se réunissent autour de votre musique ?

Je trouve ça super chelou moi aussi. Mais en y repensant, tu pourrais jouer un bon gros Black Sabbath devant une tribu isolée de la forêt amazonienne, et il y aurait quand même de fortes chances qu'ils headbanguent comme de gros tarés.

Ouais ?

Non, en fait je sais pas.

Est-ce que vous vous prenez pour des Dieux quand vous voyez une centaine de personnes chanter vos paroles ?

Je trouve ça marrant quand les gens croient déchiffrer ce que je dis, parce que pour être franc, j'ai l'impression d'être un gros débile. Mais j'imagine que si des gens chantent en chœur avec moi, ça veut dire que ça marche, et donc c'est plutôt cool, ouais.

De toute façon, la plupart des spectateurs ne comprennent rien de ce que tu gueules, et ne s'expriment qu'en enchainant des onomatopées.

Bah en fait, j'en ai absolument rien à foutre que les gens comprennent mes paroles d'une façon ou d'une autre, tant qu'ils s'éclatent dessus. La plupart de nos concerts sont, de toute façon, des sortes de mariages qui partent en couille. J'aime cette idée. J'aimerais tellement jouer à un mariage un jour, et le détruire complètement !

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Putain, vous avez l'air tellement heureux – vous êtes hippies ?

Non non, on n'est pas du tout des hippies. J'ai pas tiré sur un bang depuis mes 17 ans. En fait je pense qu'on sourit juste parce qu'on s'amuse sur scène.

D'ailleurs quand tu chantes, on dirait un enfant hystérique.

Ouais, je suis au courant de ça. Peut-être que si je m'entrainais devant un miroir j'aurais pas l'air aussi ridicule, mais j'ai pas de miroir chez moi. Cela dit, si je ressemble vraiment à un gamin de sept ans qui se mordille la langue, genre, compulsivement, pourquoi je voudrais changer ça ? Je trouve ça bien.

Je vois. Sinon vous sortez un EP en juillet, qu'est-ce que vous en attendez de plus ?

En fait, on voudrait continuer à s'amuser en jouant dans des endroits pourris avec des gens qui se mettent des roustes, partout et tout le temps. Oh, et avoir plus de bouffe gratos. J'aimerais aussi économiser un peu de fric, quitter mon boulot et acheter un gun pour tirer sur des trucs toute la journée. Mais au final, je sais que tout l'argent partira dans l'essence. Donc pour le moment, notre but est d'écrire d'autres trucs et de sortir un album qui tabasse.

D'ailleurs, vous faites quoi de vos vies d'anglais, à côté de votre musique ?

J'aimerais pouvoir dire un truc, de façon implicite, qui ferait penser qu'on vend du crack et qu'on évolue dans l'industrie du sexe et des armes… Mais en fait on bosse tous à plein temps, on a des jobs pourris, et on se déteste pour ça. C'est la vie, hein.

Eagulls sortent leur nouvel EP, « Eagulls EP », sur Sexbeat le 16 juillet prochain.