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Les meilleurs fanzines gay des cent dernières années

Il y a quelque temps, on a demandé à notre stagiaire photoshop Florent de nous parler de ses fanzines gay préférés, parce qu'on adore lire des articles de fond sur les verges et surtout, que nos connaissances en la matière sont pour le moins limitées.

Il y a quelque temps, on a demandé à notre stagiaire photoshop Florent de nous parler de ses fanzines gay préférés, parce qu'on adore lire des articles de fond sur les verges et surtout, que nos connaissances en la matière sont pour le moins limitées. Les français ont toujours été nuls en fanzines, et en plus, la plupart de ces trucs sont tirés à trois exemplaires, pas réédités, ou disparus à jamais dans l'horizon infini de la culture populaire. Un autre problème, maintenant que j'y pense : on n'est même pas gay. Florent a donc profité de ses pauses entre deux retouches pub pour sélectionner les mags les plus bizarres, dégueux, drôles ou abusés à être passés dans une imprimante de salon. On a un faible pour Teen Meat.

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DINGUS & PISSZINE

« Dingus est un fanzine spécialisé dans la bite et les différents types de bite : bites d'acteur porno, bites de super héros, bites de rédacteurs en chef, bites d'adolescents. C'est le truc qui célèbre le pénis sous toutes ses formes et dans toutes les variantes littéraires possibles : poèmes, nouvelles, comics, fan fictions, etc. C'est genre, un Bill of Rights en faveur du pénis.

Je pense qu'il est aussi impossible de passer à côté d'un autre fanzine du même genre, Pisszine. C'est infernal, mais c'est mortel - et très drôle. En gros, ça parle du délire le plus crade et le plus persistant chez les gays de tout âge : la pisse, l'uro, la « golden Shower ». Je comprends que ça vous donne envie de vous révolter, mais ça existe tellement et depuis tellement longtemps qu'il fallait bien qu'un fanzine imprimé sur du papier jaune (pisse) y rende hommage.

KUTT & HYSTERIA

KUTT, c'est le spin-off lesbien de BUTT. Même mise en page, même typo, même format. La seule différence, c'est qu'il est réservé aux filles et qu'il est imprimé sur du papier mauve. Dedans, il y a des choses comme des interviews de Chloé Sevigny à propos de la masturbation ou des illustrations vantant les joies du sexe entre femmes. C'est bien, voire aussi bien que la version originale qui est devenu une « institution gay », selon la formule consacrée.

Hysteria est en revanche un véritable fanzine de lesbiennes, moins connu et plus poilu. C'est pour les râleuses et les féministes, et ça défonce aussi.

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STRAIGHT TO HELL

C'est le plus vieux fanzine gay du monde encore en activité : sa publication a commencé en 1971, soit quand vos parents n'avaient même pas encore déterminé leur orientation sexuelle. À l'origine, il n'y avait même pas de couverture, juste une feuille niquée, agrafée au reste du mag à la main, et « maquétée » avec une machine à écrire. Ça a changé au douzième numéro, et depuis lors, STH s'est peu à peu imposé comme le meilleur fanzine gay radical de l'univers. La spécialité du mag, ce sont ses stories écrites par les lecteurs eux-mêmes, dans lesquelles ils racontent et décrivent en détail leurs exploits sexuels les plus spectaculaires. C'est un peu comme les Cher Vice, sauf que là, tout est exagéré ou faux. Aussi, une bonne moitié des contributeurs seraient en réalité hétéro, ce qui est étrange quand on écrit des articles tels que « Baptist boys do it, as it were, in church » ou « The love that dare not speak its name : armpit-sniffing ».

TEEN MEAT

Le meilleur magazine du monde pour les mecs qui fantasment les mecs qui fantasment le Big Mac. Il y a un gros potentiel Beverly Hills dans cette publication, c'est à dire que même dans 50 ans on pourra encore le situer précisément dans l'histoire ; c'est la pop des 1990s digérée et recrachée par des WASP gays que tout amuse, surtout la viande. Les mecs parlent de junk-food et de problèmes d'érection dans le même article sans que ça ait l'air bizarre. En fait, c'est bizarre, mais c'était tellement bien et bien écrit qu'on en a rien à foutre.

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THE DAILY PLAGUE [eh, on n'a pas trouvé de cover, désolé]

C'était un fanzine australien qui parlait du SIDA et de comment vivre avec. En effet, il s'agissait d'un concurrent direct de DPN, et il paraissait au même moment - ouais, les années noires. J'ai même pas envie de plus commenter le manifeste « To badly go where no publication has gone before in providing/stealing information, humour, and humanity about the Great Adventure, Aka HIV » parce que j'ai l'impression qu'il parle de lui même, mais si je devais choisir un seul article qui résumerait à peu près ce que contenaient les balls de ce magazine, ce serait celui sur le homemade kit pour s'auto-contaminer au VIH. C'est drôle, fun et les pédés français n'ont jamais eu cette auto-dérision sur la maladie.

SCUM BAG FAG MAG

Là encore, ce fanzine est à ranger dans la case « perversion post-moderne » de votre cerveau hétérosexuel. Scum Bag est spécialisé dans les excentricités comme le fist, les daddys, les backrooms, les glory holes - le numéro 14 s'intitule « HEART vs FIST ». J'ai une certaine affection pour ce mag, parce qu'il s'agit du premier fanzine gay que j'ai lu de ma vie et que de fait, il m'a profondément marqué. La charte graphique du mag est en plus hyper réussie, à base de collages stupides et d'illustrations.

FAG SCHOOL

Le nom est assez explcite : ça parle de l'école de pédés, soit, l'ensemble de la communauté. C'est (c'était ?) édité et rédigé par Brontez, l'un des mecs les plus influents de la scène gay de SF, qui interviewait des groupes queer et lesbiens et racontait ses « sexcapades » à un lectorat tout acquis à sa cause. Tout ça sur fond d'images sortant d'un photocopieur en panne et écrit dans le ton des meilleurs magazines punk queer 80s. Ce mag allait tellement loin dans le délire prescripteur-maître d'école qu'il y avait même des guides qui vous apprenait comment devenir « pas-à-pas un Go-Go Boi ».

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OUTPUNK

C'est le fanzine qui a inspiré Wobensmith's Outpunk Records, le label spécialisé dans les groupes punk queer. L'esthétique punk gay est poussée à l'extrême, et en le feuilletant on a vraiment l'impression que tous les membres de cette scène secrète s'inspiraient à la fois de Suicidal Tendencies et des Smiths (aussi bien dans la musique que dans la manière de porter les vestes en jean déchirées). À part ça, les rédacteurs parlaient des publications mainstream qu'ils exécraient, des pires groupes hétéro de la terre et de la différence entre le Queercore et le Heavy Metal. Le mag est mort en '97, probablement pour ne pas vivre les horribles années 2000.

LITTLE CAESAR

Fanzine lancé par Dennis Cooper en 1976 et qu'il définie lui-même comme étant un « journal littéraire punk rock ». Dedans, il y avait de la poésie, des portfolios, des fictions et des fictions de fictions. En réalité, il s'agissait plus d'un magazine arty intellectualisant et réflexif (dans la lignée de ce qu'a fait Cooper par la suite) que d'un véritable fanzine. D'ailleurs, la volonté revendiquée par Little Caesar était de couper les ponts avec le délire stupide-lo-fi-agressif pour ne conserver du format fanzine que la liberté de dire ce que l'on veut sans risquer de se faire engueuler. C'est sans doute pour ça que Cooper ne parlait que de lui et de sa vie. Et le pire, c'est qu'il est difficile de lui en tenir rigueur ; Cooper est le genre de Uber-Mensch tout à fait capable de donner des boners mentaux à ses lecteurs juste en parlant de ses grands-parents et de pourquoi il préfère les pizzas au chorizo.

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FANZINI

Fanzine au joli nom latin, ancêtre, influence majeure et fossile de la culture gay des années 1970. Le mag était produit avec trois bouts de ficelle par John Jack Baylin, et faisait figure de sommet de l'avant-garde avant que le punk vienne bousculer l'embryon d'édifice underground de l'époque, en 1976. C'est d'ailleurs l'année où le mag est mort. Dedans, il y avait des aussi des superpositions de dessins et des collages de John Dowd, qui récupérait des images des cartoons Disney, et qu'il mélangeait avec des photos obscènes - la plupart du temps, des hommes reconnaissables par leur épaisse moustache et leur combinaison de cuir. Les mecs de Butt revendiquent ouvertement l'influence de Fanzini dans leurs choix éditoriaux, leur ton, et leur passion pour les tissus ridicules.

BIMBOX

Bimbox est un exemple de ce que représentaient les « politiques radicales » dans les « cercles excentrés du pouvoir » à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Tout comme cette formulation pompeuse pouvait le laisser présager, il s'agissait en réalité de révéler à la population l'existence d'une communauté méconnue qui avaient des relations sexuelles avec d'autres gens du même sexe qu'elle, et de dire à quel point elle était contre TOUT, surtout la normalité. Pour montrer leur aversion pour tous les motifs de la société hétérosexuelle petite-bourgeoise, les mecs du mag passaient plus de temps à montrer des sexes en érection qu'à écrire des pamphlets en faveur de toutes les égalités. Il n'en demeure pas moins que leur conception extrême et manichéenne du monde (nous : gentils, eux : connards) les conduisait souvent à des prises de position fascisantes et peu envisageables : ils étaient pour un séparatisme total entre gays et hétéros. Un socialisme homosexuel. Dommage que ces rêves de Terre Promise aient été prématurément tués dans l'oeuf par la réalité lorsque leur deuxième numéro a été confisqué pour contenu pornographique à la douane US. »