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LE NUMÉRO C'EST UN PEU CHELOU, NON ?

Music Reviews

Meilleur album : Strange Hands - Pire album : Sigur Ros

STRANGE HANDS

SIGUR ROS

PARA ONE

MEAN JEANS

Elle était gênante Santogold quand elle se lançait dans cette carrière insensée de M.I.A contrefaite, réponse Myspace à la rate qui avait inventé les années 2000. Elle l’était tout autant quand elle a changé son nom en « Santigold » et qu’elle a fait cet album où elle vomissait des paillettes dorées. Mais maintenant qu’elle se prend pour une Rihanna du Sri Lanka et qu’elle vibre dans des sables mouvants power reggae type Lenny Kravitz période « I Belong to You », je sais plus trop quoi dire. Peut-être qu’on a enfin fait le tour de la musique bro-intellectuelle, et que tous les compteurs sont remis à zéro. Peut-être que Fred Durst va revenir faire un gros doigt à l’industrie musicale et à tous les parents de l’Occident. Peut-être qu’enfin, on s’apprête à revivre un découpage logique et simple des auditeurs de musique, avec d’un côté les nerds, de l’autre les bros, et qu’on fera comme si cette dizaine d’années intermédiaires, l’ère Internet, n’avait jamais existé. KELLY SLAUGHTER

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Ah bah tiens, le voilà justement lui, frais comme une pub radio pour le groupe 1995, branché, serein, un quadra de son temps qui refuse obstinément son âge et qui vient de signer sur un label qui a compté dans ses rangs des mecs type NOFX. J’étais vraiment prêt à avoir honte pour les trois prochaines années en écoutant ça – les reviews ne sont pas le bon endroit pour parler de mon vieil amour pour Company Flow et le label Def Jux, mais ouais, ce type m’a

guidé

à une époque – et en fait non, ça va, il s’en sort pas mal avec la nouvelle décennie, il capte les codes, les enjeux, les dérives, il n’a pas complètement renié son héritage alternatif ni ses complets en denim. Puis donc, il trace avec Killer Mike. S’il est encore dans le coin d’ici cinq ans et qu’il se lance dans une tournée mondiale avec Gucci Mane et 2Pac en hologramme, on pourra dire qu’il a réussi sa vie.

JIMMY-O MOTHERFUCKER

KILLER MIKE

R.A.P Music

Williams Street

Ça fait pas mal de temps qu’on a sauté à pieds joints dans la posthistoire, que les rappeurs portent des fringues de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel gay, que Lil Wayne fait du skate et que la Morale a quitté ce monde de merde pour nous regarder nous entretuer depuis l’hyperespace. C’est pour cette raison que j’ai rangé toutes mes certitudes d’avant dans un petit carton avec écrit « à ressortir au cas où », et que je ne suis PAS DU TOUT ÉTONNÉ que Killer Mike et El-P soient devenus les meilleurs amis de l’univers, tout comme récemment, je n’ai pas été désarçonné par l’annonce du concert de Time Bomb « au grand complet » à la Gaîté Lyrique. Il y a des fois où il faut s’avouer vaincu, et même quand tout semble s’écrouler devant vous comme un château de cartes Yo! MTV Raps, il vaut mieux ouvrir une boîte de Pringles, inspirer, fermer les yeux, et se dire que tout est normal. JIMMY MORE HELL

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On apprend sur Internet que B.o.B prépare un album rock à sortir prochainement mais on dirait bien que c’est déjà fait avec ce truc, un disque de pop-rock façon Virgin Radio avec option rap, et on peut en profiter pour se demander si ce genre de musique de zombie fera l’objet d’un revival de

connoisseurs

dans vingt, trente ans comme c’est le cas aujourd’hui avec plein de genres merdiques d’il y a vingt, trente ans. Ma réponse est oui, malheureusement, c’est certain mais on s’en fout, la musique cool n’intéressera plus que les Chinois de la monoactivité qui zonent vers Beaubourg.

VÉRONIQUE ET DOMINA

L’infernal drill & bass, qui terrifia jadis des troupes entières de graphistes informaticiens organisateurs de cinéconcerts, n’a semble-t-il jamais été totalement éradiqué et Squarepusher continue d’en goûter, comme nous le prouve ce disque qui pourtant, se révèle parfois très écoutable quand il transforme ses beats foufous déconstruits en lignes flexibles qu’on dirait couchées de plexiglas. Dans le feu de l’action, il pompe Analord, ce qui au point où nous en sommes est synonyme de bons résultats. Et il y a surtout un track de pseudo-rock médiévalisant qui rappelle un autre pote à lui, Wagon Christ/Luke Vibert. Poésie incertaine, tremblote émotionnelle, le temps a passé depuis 1997 chez les « bidouilleurs des cottages », mais c’est quand même toujours pas mal de les entendre de temps en temps. MANU MENU

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DEAN BLUNT AND INGA COPELAND
Black Is Beautiful
Hyperdub

Depuis l’été 2009, j’ai écrit deux mémoires et passé un concours, et le résultat de ces courses, c’est qu’elles se sont transformées en fuite, et qu’en plus de passer dix mois sur douze hors de portée du fun, j’ai pas l’impression d’avoir beaucoup avancé sur mes petits problèmes de nerd : je suis toujours pas certain qu’on puisse si facilement se passer d’absolus, j’ai toujours pas admis qu’on puisse renoncer à toute prétention à la vérité, je sais toujours pas si dans la Querelle des universaux, je suis plus pour les universaux ou plus pour la querelle, j’ai toujours du mal à croire qu’on puisse réduire la philosophie à une simple confrontation entre vocabulaires et la science à un vocabulaire parmi les autres, je suis toujours pas convaincu que la métaphore soit le réel instrument du progrès, j’ai toujours pas compris la lecture institutionnaliste du « joli dérangement d’épitaphes », et, surtout, j’ai eu 25 ans sans crier gare et malgré tous mes diplômes je sais toujours pas où j’en suis sur la question du dub. RICHARD REURTI

MIAMI NIGHTS
Turbulence
Rosso Corsa

Non mais si c’est pas mal ce groupe je veux dire c’est pas mauvais, c’est pas LA HONTE TOTALE non plus mais tu sais parfois y’a des trucs on sent que c’est bien mais on n’arrive pas à rentrer complètement dedans, je saurais pas dire pourquoi, c’est comme ça, je veux dire surtout c’est pas très grave non plus quoi, toi t’aimes ça c’est cool, tu trouves même ça génial OK, mais peut-être que dans trois mois tu supporteras plus, parce que tu sais c’est de la musique qui se consomme quand même vite, non ? Ouais moi j’habite de l’autre côté du boulevard mais te fais pas chier fais pas de détour tu m’auras déjà bien avancé là, rentre chez toi tranquille je vais rentrer à pied c’est pas super loin, ou prendre le métro s’il en reste. Ah OK bon bah OK là ça me va aussi. Laisse-moi là oui le métro là oui. OK. Bye. AZZEDINE ALÉA

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PARA ONE

Passion

Marble

L’album est sur le point de sortir et déjà, tous les pires insiders de la planète chiant y vont de leur appréciation, sur les réseaux sociaux et dans leur tissu social, selon laquelle ce serait « pas révolutionnaire », qu’on en ferait « trop » ou encore que « non, j’aimerais me laisser convaincre, mais ça passe pas ». Pour forcer ces tristes chevaliers pompeux à ravaler leur salive de merde, on devrait les rappeler à leurs années tee-shirts floqués, regrettée époque où ils n’avaient pas d’avis, un compte Myspace et un blogspot tout pourri peuplé de photos Lastnightsparty. La génération Y a décidément vite oublié ses années 2000. À part ça, l’album éclate de A à Z et si vous n’avez pas encore écouté « Lean on Me », c’est que vous étiez encore perdu sur le Facebook d’Eva Revox. BORN TOULOUSE-LAUTREC

MEAN JEANS

On Mars

Dirtnap

STRANGE HANDS

Dead Flowers

Shit Music For Shit People

Les Mean Jeans sont sur Mars ! Et qu’est-ce qu’ils font sur Mars ? Ils bouffent des pâtes sur Mars ! 10/10, bande d’idiots.

PORSHITHEAD

Pure musique de walkman type power-pop du

dimanche matin place des Capu, avec le soleil qui se lève sur le Café Pompier et tout le monde qui veut serrer une meuf mais est trop défoncé pour en avoir vraiment envie et de toute façon, il vaut mieux se casser ailleurs – y’a une after place Fernand Lafargue et une bouteille de blanc que Ienien a planquée près de la Grosse Cloche plus tôt dans la soirée. En écoutant ce truc j’ai l’impression de revivre ma vie d’avant en émotions, en encore plus long, plus chiant et plus beau, et ça me donne limite envie de

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prendre un tramway choper un Coluche avant de glander au Saint-Ex voir les rates de Jean-Marie. Dédicacé à tous mes jeunes provinciaux qui ont arrêté leurs études et qui chaque jour que Dieu fait continuent de s’en branler – un esprit sain dans un corps Saint-Mich’.

33000 BORDEAUX

DAN MELCHIOR

Yatchs 7"

HoZac

SLASH

Apocalyptic Love

EMI

Moi qui pensais être quitte pour apposer sans chichis un smiley sur ce visage récurrent du paysage lo-fi (un paysage qui est surtout un

canapé), je viens de vivre une mésaventure imprévue. Comme le lien de téléchargement qu’on m’a filé est pété et que je n’en trouve pas d’autre parce que je suis plus Générations 88.2 que Génération Y, j’ai été voir son site. Et il se trouve que Dan Melchior est exactement un homme nommé Melchior. Il a la passion du blues, une barbiche Anonymous et un style de casual douche qui laisse entrevoir ce que serait Jack White s’il travaillait à la Poste, soit beaucoup plus que je n’ai jamais voulu en savoir sur un disque que je n’ai pas pu écouter.

PORSHITHEAD

Cette loi selon laquelle

le pire serait toujours certain

n’épargne personne, pas même les pathétiques cokeheads à long chapeau entamant leur dixième retour loupé consécutif. Je ne sais pas si vous avez vu cette vidéo – parrainée par les boissons énergisantes Full Throttle – où il revient sur son passé de guitar-hero avec des larmes dans la voix et sur ses « virées entre potes » dans le downtown LA à la recherche de « quelques pépées et quelques verres » mais c’est vraisemblablement le truc le plus angoissant qui me soit arrivé ces six derniers mois. On aurait dû cryogéniser ces types en 1989 et les laisser reposer, toutes couilles dehors, dans un musée du rock où on aurait pu leur payer une visite avec des petites brochures explicatives et ces audio-guides débiles qui marchent jamais.

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KELLY SLAUGHTER

SLUG GUTS

Stranglin' You Too 7"

HoZac

J’ai aucune vanne à faire sur ce disque. Je suis totalement pour ces structures mélodiques aussi efficaces que l’Allemagne et cette façon de chanter comme s’il allait faire un anévrisme ou sauter par la fenêtre à la minute suivante. C’est le meilleur mélange de solidité et de point limite, la pérennisation du moment juste avant l’éclatement, j’ai l’impression d’écouter la bande son de 1939, de regarder en boucle l’impact d’un avion sur une tour ou de présenter ma démission, et sans surprise j’adore ça.

JEAN-MARC HÉRO

THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE
Aufheben
A

Au début ça m’a un peu fait ramasser d’avoir à chroniquer ce disque, parce que c’est pas la première fois que je chronique le BJM, et qu’à chaque fois que je chronique un groupe que j’ai déjà chroniqué, j’y vois la triste preuve que le temps passe plus vite que moi. Mais ça, c’était avant que je ne fasse gaffe au titre de l’album et que je ne mette mon romantisme de côté, parce qu’à partir de ce moment-là, tout est allé tout de suite beaucoup mieux : je me suis rappelé la fois où un des mes potes m’avait raconté que ce qui le fascinait chez Hegel, c’était que sa dialectique lui permet de penser de manière rigoureuse absolument tous les phénomènes, et qu’en même temps les résultats auxquels il aboutit sont systématiquement faux ; et en me souvenant de cette scène je me suis rappelé à quel point on se marrait mieux dès qu’on est bourré. SLAVOJ ZIZOU

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SIGUR ROS

Valtari

EMI

ƸɨȢǘʙʡǫʆǽʍɑʩʮʨʊʨʊʮȸǘʬɛ.Ƣɛ ʍɑʩǽ,ᴟʉʆᴟʉɮǫʥɑʍɑʄ,ʡ“ʘ_ʘ”ʮ ɮʊʍ. Ƒ ɷɑʍɮ ȸǫ? Ƣɛ ʍɑʩ ʨȸǫ ɮʊʍ, ʮ ɑʍɮʨʊʩ.ƢɛǫǘǽʕʊƸɨȢǘʙʡǫʆɷɱʮɑʍɮ:ɷɱ ʍɑʩ, ǽ ʍɑʩ ʉʨ ʥ ʨʊʨʊ… Non, je déconne, je ne parle pas leur langue de baleines. De toute façon même les baleines, Sigur Ros les fait chier. Et je fais confiance à des animaux qui passent leur vie à la dérive dans une masse d’eau sans fin et sans lumière à aspirer des micro-organismes en émettant des samples de Tim Hecker pour savoir ce qu’est l’ennui. BJEURK

MOUNT EERIE

Clear Moon

P.W. Elverum & Sun

J’ai essayé de percer le mystère de la nullité de ce groupe et d’établir la généalogie de ses chagrins pénibles, et après une après-midi sur des forums de rencontres pour trentenaires et une autre en salle Labrouste, j’ai fini par découvrir qu’en fait s’ils sont si tristes c’est parce que ça fait dix ans que personne n’en a rien à branler d’eux. GLASS GANDHI

TY SEGALL & WHITE FENCE

Hair

Drag City

La différence entre le rock classique et le psych

rock c’est que le premier est une affaire de steaks et le second est une affaire de plantes, et je crois que Ty Segall a un affect chlorophyllien. Il a l’air d’adorer le soleil et les chansons qui se développent en forme de lichen. Du coup quand il convoque Tim Presley et l’histoire du rock le temps d’un bon jam entre potes, ils parviennent à éviter le double écueil du bête anachronisme du cover rock à guitares (là on est plutôt dans le rock à shitares) et de la métatextualité ironique (et dans la kétatextualité) car ils ont lu toute la musique mais restent sincèrement déconneurs, c’est-à-dire qu’ils sont à la fois intelligents et cons, comme un jeu vidéo Blade Runner ou une fresque d’un décor de Star Wars, et que c’est le meilleur caractère au monde.

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DAVID FOSTER SALACE

DAVID CROSBY

If I Could Only Remember My Name

Atlantic/Warner

Je suis très souvent déçu quand je découvre un
album réputé classique du rock classique, et là pour le coup je m’attendais vraiment à un truc de bro californien qui comprend la vérité de la vie en grattant des arpèges faussement deep, mais en fait non : Crosby, avec son look de prof d’escalade, m’a littéralement fait grimper aux rideaux envoûté avec ses espèces d’attaques en deux temps pseudo-approximatives, sa voix limite meuf, les breaks et méandres chanmé qu’on voit pas venir, l’ambiance jam (ouais carrément, ça marche jamais et là si) et les paroles et titres certifiés la ramasse – entre autres « What Are Their Names », « I’d Swear There Was Somebody Here » et, je vous le donne en mille, « Orléans », chanté en français. FRIC, THAÏ, VÉLO, SHIT

BEACH HOUSE

Bloom

Bella Union

Oh je vous en prie arrêtez de soupirer deux minutes, tout le monde sait que le plus grand malheur qui vous a jamais frappé c’est qu’une
fois vous étiez à court de lait. Certes, il constitue la moitié de votre régime alimentaire, l’autre étant faite de liquide lymphatique ; mais on ne peut pas mouiller de larmes les épaules des gens comme ça, c’est très gênant. Si vraiment vous éprouvez depuis 4 albums cette immense fatigue de l’âme, il est grand temps de réagir : intéressez-vous à un truc ou jetez-vous dans une rivière préraphaélite. LUDWIG TWITTGENSTEIN

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BEST COAST

The Only Place

Mexican Summer/Wichita

Je sais pas quel petit génie à barbe molle et table basse a eu l’idée pourrie de faire entrer les livres dans la vie de Bethany Cosentino, mais voilà qu’elle s’est mise à prendre au sérieux la fonction auteur et à faire des trucs qui sont l’inverse d’elle-même, comme « prendre un peu de recul » et « écrire des couplets de plus de 6 mots ». Désolé mais moi je la préférais quand elle était plus conne, moins narrative et qu’elle bronzait plus triste, et j’ai hâte que le soleil se lève de nouveau pour faire disparaître dans sa lumière aveuglante et weedée cet album de la maturité qui ressemble aux confessions d’un nombril qui regrette de s’être fait piercer. HUBERT MENSCH

D'EON

Music for Keyboards Vol.1

Hippos In Tanks

Il est difficile aujourd’hui de distinguer la mélancolie de la lâcheté, ou la dissolution du soi de l’escapisme nouveau riche, toujours est-il que cette musique d’apaisement et de pudeur, venue de Montréal – où je m’apprête à séjourner – et qui vous prend dans ses bras et vous verse du thé dans un mug aux épaisses parois dépolies, sera parfaite pour quiconque souhaiterait faire le point sur sa vie et sur sa capacité à s’approfondir ontologiquement. Je tombe toujours dans le panneau de ce genre de projet esthétique peu conflictuel, ça me rappelle A Reminiscent Drive, et on me répète que c’est de la musique de spa, je réponds que je ne suis jamais allé en spa et que j’écoute ça en zonant sur une page vide de Firefox. DAVID BONHEUR

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RAW THRILLS

Top Gun Cruisin

Gunk TV Records

Je soutiendrai toujours les nerds qui ont deux
cents projets en même temps, surtout quand ces nerds sont deux Américains candides qui ont débarqué à Paris l’été dernier armés de chemises tonitruantes, de synthés victorieux et de piwis débridés, sans se douter un instant que des fixeurs malhonnêtes allaient les conduire à passer trois mois à perdre toutes leurs séances de pénaltys face aux rates à sonnette, à chapeau et à tête de chapeau qui hantent le Sans Souci et les autres hauts lieux de la détente de droite. Je suis hyper content de voir qu’ils s’en sont remis, et j’espère qu’on aura à nouveau l’occasion d’accueillir ces types conciliants qui savent porter fièrement la tunique tricolore des défaites resplendissantes et des échecs consentis. FESTIF DE LA BRETONNE

FRANCO FASINI

Cold Nose

Spectrum Spools

Après de longues années d’ignorance j’ai enfin
compris que l’été, même s’il privilégie par ailleurs la musique festive et instantanée, était sans doute la saison la plus appropriée pour apprécier des disques chiants. Là on me parle d’Italie, de guitares et de pédale d’effets, de progressif cosmique des années 1970, de morceaux en plusieurs phases, d’un type avec un chapeau de métayer, bref a priori on diffuse tous les signes distinctifs de l’ennui mais il fait moite, la nuit tarde à tomber, mes yeux myopes fatiguent après une longue journée, et je m’immerge dans ce crépuscule de l’excitation, je me laisse entraîner par cette chute du fun sans avoir besoin d’être rassurée par une cannette de Goudale, de la skunk ou une fille sympa. MARIE-ANGE PARDI

oOoOO
Our Loving Is Hurting Us
Triangle Records

L’autre jour j’ai fait un rêve qui se présentait
sous la forme d’un docu sur le Chicago de la fin des années 1980 ; et même si j’y connais rien en basket, j’ai capté que mon inconscient s’y connaissait encore moins que moi, parce que c’était les joueurs des Chicago Bulls période Jordan qui contrôlaient le trafic de drogue dans la ville – or je sais très bien que Jordan jouait dans les années 1990, qu’il a gagné plusieurs bagues et qu’il faisait souvent la passe à un acteur illettré affublé d’une coupe grotesque. Les joueurs dealaient sapés dans leur tenue de basket et sans aucun bon sens, si bien qu’ils finissaient par vendre huit grammes de C à un conducteur de train, qui, bien décidé à ne pas rester en réserve sur le plan des bravades d’abruti, avait la sage idée de tout consommer d’un coup. Là mon rêve prenait un tournant magistral parce que le conducteur dévissait à fond et faisait dérailler son train en plein centre-ville, ce qui donnait lieu à un gigantesque incendie dont le réalisateur débutant qui avait pris le contrôle de mes neurones ne manquait pas de souligner le caractère grandiose en opérant un travelling extrêmement pompeux. Depuis j’avais pas repensé à ce rêve qui ne me fait pas vraiment honneur mais là je me dis qu’en fait ce disque en aurait fait une excellente BO. DJIBRIL CIRCÉ