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Dans la carrière d'ODB, on compte une bonne dizaine de grands moments. Notamment cette fois où il est venu choper son chèque de l'assistance publique à bord d'une limousine. Et cette autre fois où il a interrompu la cérémonie des Grammys pour faire chier Puff Daddy et proclamer que « le Wu-Tang [était] un groupe pour les enfants ». Cette assertion était absurde. Son rap relatait plutôt des agressions, des vols, des prises de drogue dure, des tentatives de meurtre, des menaces terroristes et des balles tirées sur la police new-yorkaise. À l'opposé de ça, il y a eu ce moment où il a sorti « Fantasy » avec Mariah Carey, morceau qui lui a permis de toucher le grand public et par là même plein de pognon.Ce personnage public complètement fou a évidemment pris le pas sur sa vie privée. Ravagé par la paranoïa et les problèmes de drogue, il succomba finalement à une overdose le 13 novembre 2004.
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La semaine dernière, pour le dixième anniversaire de sa mort, je me suis baladé dans la ville natale de Dirt McGirt, New York, espérant en savoir plus sur la façon dont les gens le considèrent aujourd'hui.Je suis d'abord allé au Stapleton Projects de Staten Island pour discuter d'ODB avec les gens du coin. Il est de notoriété publique que la plupart des mecs du Wu-Tang sont originaires de Staten ; RZA parlait du quartier comme d'un « camp de concentration » ; Ghostface Killah disait pour sa part qu'ici, « les ambulances n'osent plus venir ».
Oh mec, ODB ? Je peux te parler d'ODB. Il venait se détendre par ici.Vous le connaissiez ?
J'étais jeune à l'époque, mais il était cool. Je foutais le bordel avec Ghost et les autres. C'était un mec bien, mais tout le monde a ses propres épreuves à surmonter. RIP, ODB.Et donc, il venait se « détendre » dans cette rue ?
Ouais, juste là. Je voulais aller à un concert avec lui une fois, et il se mettait bien dans sa caisse. Il m'a dit : « Va demander à Ghost si tu peux venir. » Ghostface traînait dans un shop sur Broad Street. Je lui ai demandé : « Je peux venir ? » et il m'a répondu « Il n'y a pas assez de places dans la voiture », donc je n'y suis pas allé. Mais j'ai fini par aller à un show avec lui plus tard, quand j'avais 15 ans.
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Ouais, il était comme ça quand il montrait ses mauvais côtés. Ce n'était pas un mauvais bougre mais vous savez, tout le monde a ses humeurs.
James : La réussite, je crois. Quelqu'un d'aussi fou que lui, capable de montrer la voie pour le ghetto et de poursuivre ses objectifs, il ne peut représenter que l'espoir. C'est un truc incroyable parce qu'en effet, c'était un putain de taré.Quel est votre meilleur souvenir d'ODB en tant que « putain de taré » ?
La vidéo où on le voit avec Mariah Carey ; c'était une superstar à l'époque, aucun rappeur ne pouvait l'approcher. Dedans, on aurait dit un fou [il se met à chanter] « Me and Mariaaah ». Il a tout tué. Il a prouvé que même avec cette attitude, il pouvait être aimé et respecté.Qu'est-ce qu'ODB représente pour New York ?
Il représente les quartiers pauvres. Il venait de rien et a réussi à atteindre le sommet. Sur la pochette de son premier album, Return to the 36 th Chamber, on voit sa carte d'assistance publique. La plupart d'entre nous en ont une, nos parents en ont une. C'est pour ça qu'il représente la lutte, et tout ce qu'elle implique. Il représente l'essence de New York – faire quelque chose en partant de rien.Pas mal de gens avec qui j'ai discuté m'ont dit d'aller faire un tour à Brooklyn, parce qu'avant Staten, c'était le quartier où traînait tout le temps ODB – et d'où il était originaire. C'est pourquoi le jour suivant, je me suis rendu dans le quartier de Bedford-Stuvyesant, où j'ai parlé d'ODB avec plusieurs inconnus. À chaque fois, leur visage s'illuminait lorsque je mentionnais son nom.
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Kamia : La folie. Il en avait rien à foutre. Il ne savait pas chanter, mais il chantait tout le temps. Il s'en foutait de ce que les gens pensaient de lui, et c'est pour ça qu'il avait du succès.Vous avez un morceau préféré ?
Oui. [Elle se met à chanter Shimmy Shimmy Ya] : « Ooooh Baby, I like it raaaaaw. »
Mark : ODB est quelqu'un qui a eu l'opportunité d'exprimer ce qu'il ressentait, qu'il s'agisse de la pauvreté, de la drogue, ou que sais-je. Il a dévoilé notre quotidien. Peu importe l'argent que tu te fais, il a montré que les gens luttaient toujours. Il a su rester vrai.Pensez-vous que les rappeurs d'aujourd'hui ont une dette envers lui ?
Oui, la plupart d'entre eux – mais c'est différent. Tout se perd, tout est édulcoré. Ils ne savent pas d'où ils viennent. Tout a un rapport avec l'argent à présent. Ce n'est pas authentique. Ol' Dirty Bastard lui, était sincère.
*Willy :* Oui, j'ai été enfermé avec lui à Queens House.Queens House ?
C'est le nom de la taule où l'on était. Il n'était pas du même côté que moi. C'était un bon garçon.Vous lui avez déjà parlé ?
Eh bien, nous n'avons pas eu la chance de pouvoir vraiment discuter, mais oui j'ai déjà parlé avec lui. Il m'a serré la main et m'a fait un autographe. C'était un bon garçon. Il parlait toujours de la fois où il avait fait cette chanson avec Mariah [il se met à chanter] : « Me and Mariah ».
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*Cuffy : J*e suis son oncle.Quel genre de personne était-il ?
Un clown. Tout comme moi ! Je dansais, je n'ai jamais rappé – mais il m'a piqué tous mes pas de danse et tous ses trucs de clown. J'avais l'habitude de chanter dans tous les endroits de la ville.Vous écoutiez sa musique ?
Oui. Je ne savais même pas que certains morceaux connus étaient de lui. Celui avec Mariah Carey, par exemple.Qu'en pensez-vous ?
Oh, c'est super. J'aime beaucoup.Quelle a été votre réaction la première fois que vous l'avez entendu ?
J'étais là à me demander : « Mais zut, qui c'est ? » Quelqu'un m'a dit : « C'est ODB » et je me suis dit : « Oh non, impossible ! » Ce morceau était vraiment trop bon !Comment était-il enfant ?
Il était grossier ! Je me souviens que lorsqu'il courtisait une fille, il s'engueulait avec elle d'abord. J'interrompais la dispute et je lui disais : « Laisse cette jeune fille tranquille et attends d'être marié pour faire ça… » Mais après il est tombé dans la drogue et tous ces trucs, c'est comme ça… Il se droguait beaucoup trop. J'ai essayé de l'aider.De quelle façon ?
Tout le monde a essayé de l'aider. Il ne voulait pas rester en cure de désintoxication. C'est pour ça qu'il a fait de la prison pendant deux ans. Une fois dehors, il est retombé.J'ai discuté avec plusieurs types qui ont été enfermés avec lui.
Ah oui ? Il a grandi dans cette maison [il pointe le bas de la rue] ! C'était la maison de sa mère. Il a grandi ici. Mais il allait à Staten Island aussi, il avait l'habitude de traîner avec ces cousins là-bas. J'ai été loin d'ici pendant sept ans, un truc comme ça, et quand je suis revenu, tout le monde l'aimait.Vous êtes fier de lui ?
Oui, je suis vraiment fier de lui. Quand je suis sorti de prison, je me suis assis à ses côtés et je lui ai dit, sors de tout ça, arrête la drogue, etc. Il m'a répondu : « Je le ferai c'est sûr, bientôt. » Et un jour, tu allumes la radio et tu apprends qu'ODB est mort. C'est comme ça.Suivez Zach Schwartz sur Twitter.