Photos : Bobby Doherty
Illustrations : Johnny RyanJe suis plutôt hétéronormatif – surtout quand il s’agit de sous-vêtements. J’achète mes boxers par packs de 6 dans les grandes surfaces mais seulement quand j’ai perdu, troué ou taché les autres au point de préférer laisser mes couilles flotter dans mon jean.Récemment, je me suis remis en question en me posant des questions du type : « Pourquoi les filles et les gays se plaisent-ils tant à porter des dessous fun et sexy ? » Puis j’ai réalisé qu’aucune barrière morale ne m’interdisait d’enfiler à mon tour des culottes en dentelles ou des slips en cuir à pièces détachables.Après quelques recherches sur Internet, je me suis pris d’enthousiasme pour la diversité des pièces qui pourraient enrichir ma collection de sous-vêtements et apporter une touche de fantaisie à mon quotidien. J’en ai commandé 7, comme les jours de la semaine – des trucs élaborés, érotiques ou tout bonnement dégueulasses. Tout au long de la semaine, j’ai tenu un carnet de bord dans lequel je notais mes impressions, et j’ai accordé une note à chaque pièce, sur une échelle de 1 à 5.LUNDI : LE JOCKSTRAP KISS MY HEART D'APOLLOWEARJ’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un string après l’avoir mal enfilé et qu’une partie de ce truc s’est retrouvé coincé entre mes deux fesses. La sensation était désagréable mais je me suis rendu compte de mon erreur – le cœur sur ma bite était à l’envers – et je l’ai remis correctement. Le tissu semblait bon marché, ce qui me donnait l’impression d’être l’un de ces go-go dancers qui sucent des vieux pour quelques grammes de coke – voire pourungramme de coke. Le maintien des couilles était lui, très bon.MARDI : CHIC ! LE STRING À CHAÎNES DE BANG! HIMJe n’aurais jamais cru que cette pièce passerait le cap de mes cuisses charnues d’homme hétéro, mais, à ma grande surprise, la fibre élastique a rendu la chose plus que confortable. Ce truc ne m’a pas tout de suite dérangé, au contraire, il empaquetait l’ensemble de mon appareil reproducteur avec tendresse. Quelques heures plus tard, j’avais changé d’avis. La pression des chaînes au niveau de mes hanches creusait de rouges dentelures sur ma peau, et, plus le temps passait, plus la ficelle du string me brûlait la raie. Si vous voulez mon avis, il ne faut pas le porter trop longtemps.MERCREDI : LE SLIP BRÉSILIEN À LACETS SEXY DE BANG! HIMCeci a clairement été mis sur le marché pour lescabana boyqui s’épilent à la cire intégralement et régulièrement. Ma queue tenait à peine en place ; c’était comme si quelqu’un essayait d’immobiliser un rongeur dans une feuille en papier, en vain. La pression des chaînes ne se faisait pas autant sentir qu’avec le string de mardi, mais j’avais l’air grotesque– je ressemblais au gay queles membres de la Westboro Churchmontrent à leurs enfants pour les dégoûter de l’homosexualité.JEUDI : LE BODY STRING CLOUTÉ À SUSPENSIONS D’APOLLOWEARL’anneau qui relie les bretelles nous force à ne jamais oublier qu’on porte ce truc, et c’est ce qui doit plaire aux gens. J’avais le sentiment qu’un singe araignée était collé en permanence contre mon torse, ses mains sur mes épaules, et qu’il me tirait les couilles avec un de ses pieds au gros orteil opposable, en me fourrant l’anus avec les doigts de son second pied préhensile. Après ces quelques jours reclus chez moi, j’ai décidé de sortir, pour la première fois. J’ai très vite atteint l’état d’ébriété nécessaire pour faire savoir au monde entier ce qui se cachait sous mon tee-shirt ; mais personne ne s’est montré aussi enthousiaste que moi. Je n’ai pas le corps pour, je crois.VENDREDI : LE STRING EN CUIR CLOUTÉ D’INFERNOC’est de loin celui que je préfère – pour le moment. C’est du vrai cuir qui sent foutrement bon, orné de petits clous luisants sur le devant. Je comprends mieux pourquoi les gens sont si branchés cuir : ça n’irrite pas et ça ne donne pas non plus le sentiment d’être un de ces types qui font la queue pour une session degloryhole.Il y a même des petites pressions au niveau de la braguette au cas où l’envie de pisser nous prendrait ou l’envie de laisser respirer sa bite ou encore l’envie de se faire sucer par un type entre deux rangées d’une bibliothèque pour adultes. Que demander de plus, franchement ?SAMEDI : LE SWIMMER JOCKSTRAP MULTICOLORE D’ACTIVEMANCertes, habiller sa queue avec les couleurs de l’arc-en-ciel, c’est prendre le risque d’avoir l’air d’un représentant de la gay pride ; mais moi, j’avais juste le sentiment d’avoir un minirasta au lieu d’un pénis. Génial ! Malheureusement, les élastiques noirs ne sont pas confortables, presque aussi peu confortables que les chaînes de mardi. Ce truc mérite un A pour son look, mais un D pour son côté confort.DIMANCHE : LA CULOTTE TAILLE HAUTE DE MANTIESJe pense que ce modèle a été imaginé par une femme – ou pour les femmes, mais mis sur le marché en tant que pièce unisexe pour berner les débiles en mon genre. J’ai vraiment dû forcer pour enfiler ce truc, Il n’y avait aucune ouverture donc je devais prendre la peine de tout sortir à chaque fois que l’envie d’uriner me prenait. Porter les autres sous-vêtements, c’était comme dire « j’aimerais me faire prendre par un homme, voire par un tas d’hommes, au moins une fois » alors que porter celui-ci était une manière de dire « je suis une tafiole des années 1955 ». Accusez-moi d’homophobie, mais je préfère de loin véhiculer le premier message.VERDICT :J’aurais aimé réaliser que ces sous-vêtement étaient tout ce qui manquait à ma vie pour me sentir confiant et sexy, mais je me suis simplement senti mal à l’aise et grotesque. Il doit sûrement y avoir une raison pour que les gays, les femmes et tous les adorateurs de phallus se plaisent à porter de telles fantaisies ; mais j’ignore laquelle. J’ai décidé de m’en tenir à mes bons vieux boxers, et je suis sûr que mon trou de balle ainsi que mes couilles m’en seront éternellement reconnaissants.Retrouvez la nouvelle série de Harrie Cheadle : ALL AROUND LOSINGPlus de choses qu’on porte sous ses vêtements :JE VENDAIS MES CULOTTES SALES POUR PAYER MA DOPE – Se faire de la maille vite fait bien fait afin d’entretenir ses veinesRIO DE VAGINEIRO – Le guide des drag-queens brésiliennes pour dissimuler sa bite
Illustrations : Johnny RyanJe suis plutôt hétéronormatif – surtout quand il s’agit de sous-vêtements. J’achète mes boxers par packs de 6 dans les grandes surfaces mais seulement quand j’ai perdu, troué ou taché les autres au point de préférer laisser mes couilles flotter dans mon jean.Récemment, je me suis remis en question en me posant des questions du type : « Pourquoi les filles et les gays se plaisent-ils tant à porter des dessous fun et sexy ? » Puis j’ai réalisé qu’aucune barrière morale ne m’interdisait d’enfiler à mon tour des culottes en dentelles ou des slips en cuir à pièces détachables.
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