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LE NUMÉRO CLOWN

Je vais avoir 30 ans dans une semaine

Le rap californien n’a jamais marché en France, mais une poignée d’autistes en Dickies continuent de rapper vite sur des instrus avec des sirènes.

Le rap californien n’a jamais marché en France, mais une poignée d’autistes en Dickies continuent de rapper vite sur des instrus avec des sirènes. Ces mecs font du rap inspiré de la Côte Ouest depuis le début des années quatre-vingt-dix du côté du Val-de-Marne, sauf que personne ne semble être au courant de leur existence. Même la presse spé fait semblant de ne pas les connaître. Alors on s’est dit qu’en bouffant un Mc Do, ils auraient peut-être deux, trois trucs à nous raconter sur les galères de label et leur passion pour Eazy-E. Mais on pensait pas qu’ils mentiraient sur leur date de naissance. Vice : Qu’est-ce que vous foutez en ce moment ? Double G : On était en vacances à Miami. On est partis enregistrer des morceaux là-bas, avec quelques stars. Ah ouais ? Double G : Non c’est pas vrai malheureusement, on est juste partis en vacances. Tous les deux avec quelques potes. On s’est baladés sur la plage, on est sortis, on a roulé en caisse. On s’est bien amusés, quoi. Vous y avez bossé votre nouvel album ? Double G : Non, on préfère le préparer ici, à la maison. On n’a pas du tout de date fixée, on prépare des morceaux et on espère qu’il sortira avant la fin de l’année. En autoprod’. Foulamerde : On est en autoprod’ mais maintenant si on trouve une grosse structure, on aimerait bien gagner de l’argent aussi tu vois. On bosse avec une distrib’ qui s’appelle Just Like HipHop sur le Net, c’est une distrib’ officielle qui a pas mal de références. On a deux, trois plans aussi à côté. On va pas attendre pour faire nos trucs. On enregistre, une fois qu’on a un beau panel de morceaux on démarche, on fait écouter, et si ça met trop de temps on sort ça nous-même. Ça évite que l’album vieillisse trop vite quoi. On n’attend rien de personne de toute façon. Comment vous vous êtes mis à la West Coast ? Vous en faites depuis vachement longtemps. Foulamerde : On s’est pas mis à la West Coast, c’est elle qui s’est mise à nous. Double G : C’est venu naturellement, depuis que j’écoute du rap. Foulamerde : À l’époque on faisait pas trop les différences encore. Je te parle de ça c’était en 88-89, les premiers albums de Eazy-E, de N.W.A.… 1989 ? Mais c’est quoi votre vrai âge en fait ? Double G : La petite trentaine. Je vais avoir 30 ans dans une semaine. Foulamerde : Je viens d’avoir 26 ans. Vous mentez pas mal surtout, ouais. Et les Sales Blancs réellement ça date de quand ? Foulamerde : Vers 2005 je crois. On a fait ça avec GG, Manol, Séno, Tombokarnage et moi-même. Le nom « les Sales Blancs » vient d’un morceau de 4.21, sur leur album de 2002. Après c’est devenu un concept de groupe mais ouais à la base ça vient bien du nom d’un morceau. Et vous êtes tous blancs ? Foulamerde : Ouais on est tous blancs ouais. Parce que vous avez l’air typé, c’est pour ça. Foulamerde : C’est parce qu’on revient de Miami. On est bronzés tu vois. Il y a des groupes en France qui faisaient de la West Coast aussi référencée avant vous ? Foulamerde : Non, mais il y a toujours eu une culture rap californien en France. En 1996 tout le monde a mis son Dickies et des mecs comme Gynéco et Tout Simplement Noir étaient à fond dedans. Par contre, nous, on n’a pas surfé sur cette vague, on écoutait ça depuis grave longtemps et on continuera jusqu’à la mort. Double G : Moi, personnellement, c’est The Chronic de Dre qui m’a poussé à faire du rap. Mais aussi Niggaz For Life de N.W.A., je rappais déjà par-dessus quand j’avais 13 balais. J’ai capoté sur la West Coast hyper vite, les passionnés comme nous poussent le délire à mort. T’avais quel âge à l’époque ? Double G : 4 ans. Ou 11 ans et demi. Foulamerde : Ma première grosse claque musicale c’est le premier Bone Thugs-N-Harmony. C’est le premier truc que j’aie acheté en vinyle, je l’ai mis sur ma platine et je me suis dit : « C’est bon. » C’était le déclencheur. Avant c’était un kiff, j’adorais ça, mais quand les Bone Thugs sont arrivés avec Creepin On Ah Come Up… C’est pour ça aussi qu’on s’est retrouvés sur le projet Sales Blancs, on a tous une passion pour Bone Thugs. Si on ne devait garder qu’un seul groupe, ce serait celui-là. Et si vous faisiez revenir un rappeur mort ? Double G : Moi, ça serait Eazy-E. Quand il est mort, la West Coast est un peu morte aussi. Foulamerde : Ben ouais y’a eu un problème. Double G : C’est ce que notre pote Aelpéacha pense aussi.  D’ailleurs sur son dernier album Aelpéacha pose devant une tombe d’Eazy-E photoshopée. Double G : Non mec, t’es ouf, c’est la vraie tombe d’Eazy-E. Son album s’appelle Le Pèlerinage parce qu’il est parti à L.A. pour chercher la tombe de E et trouver une sorte d’équilibre. C’est pas un montage, il a vraiment été là-bas. Foulamerde : Il a fait son pèlerinage à lui. Et vous venez des pavillons comme Aelpéacha ? Double G : Non, non, pas du tout. On pavillonne pas nous. À part le week-end où l’on va dans les maisons pour voir des meufs et boire de l’alcool, c’est à peu près tout ce qu’on connaît des pavillons de banlieue. Foulamerde : On vient des quartiers, on raconte la vraie vie des banlieusards. Comment ça vous est venu, votre morceau « RMI Rider » ?  Foulamerde : Parce qu’on ride sur le RMI. RMI rider c’est vraiment notre style de vie. Double G : On arrive à bien vivre avec 380 euros par mois. Comme on dit dans le morceau, on profite de toutes les aides. On n’a jamais vraiment cherché à trouver un job fixe. Mais vous ne faites que de la musique ? Double G : Ouais on fait que d’la musique. Tu veux qu’on fasse quoi ? Des trucs qui rapportent de l’argent ? Foulamerde : On se démerde pour faire des trucs qui peuvent payer les studios, le pressage, y’a personne derrière nous donc il le faut. Double G : Pour se payer un Dickies.  Foulamerde : Pour se payer un Mc Do. Double G : Pour se payer des vacances. Un dernier mot pour vos fans et les autres ?  Foulamerde : Pour nos fans, merci de nous suivre depuis le début, et écoutez attentivement ce qui arrive dans les mois à venir.  Double G : Les autres, allez vous faire enculer. Le Sale Album de Rue des Sales Bancs, chez Just Like HipHop, est toujours en vente : www.justlikehiphop.com