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Sarkozy et les États-Unis, une relation amour-gêne

Un récapitulatif de toutes les fois où le Français que vous détestez le plus au monde s'est humilié en jouant à l'Américain.

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Les « Républicains ». C'est le nouveau nom que Nicolas Sarkozy a affirmé vouloir donner à l'UMP et qui sera donc soumis au vote des militants le 30 mai prochain, date annoncée du congrès de refondation du parti, qui se déroulera à la Grande Halle de la Villette à Paris. Le Monde rapporte que Nicolas Sarkozy aurait défendu devant ses proches sa proposition en estimant qu'il s'agissait d'un mot « qui fédère largement » et que le concept de république était celui « qui rassemblait le plus ». Sans oublier bien entendu que la « Marche pour la république » consécutive aux attaques des 7, 8 et 9 janvier dernier était passée par là.

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Le truc, c'est que cette sémantique du « républicain » renvoie aussi et surtout à la vie politique américaine, partagée entre la gauche libérale des Démocrates et la droite reaganienne des Républicains, parti dont l'ancien chef de l'État est ouvertement admirateur. De sa mise en scène pendant la prise d'otage de 1993 dans une école de Neuilly digne d'une série télé pétée à la future naissance de son nouveau parti, l'existence personnelle de Nicolas Sarkozy témoigne de son américanisme légendaire, et ses décisions politiques de son atlantisme forcené.

Pour célébrer la mise au monde du premier parti de Sarkozy – l'UMP ayant été créé par Jacques Chirac et Alain Juppé en 2002 –, on a essayé de retrouver les quelques fois où l'homme au T-shirt « FBI » avait mis les Français dans l'embarras en surjouant son personnage d'Américain.

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LE NÉGOCIATEUR SOLITAIRE
Le jeudi 13 mai 1993, Erick Schmitt, un entrepreneur au chômage, fait irruption dans une classe maternelle du groupe scolaire Commandant Charcot, à Neuilly-sur-Seine. Ses armes : un pistolet d'alarme et des explosifs qu'ils menacent de faire exploser si on ne lui remet pas la somme de 100 millions de francs, « en or et en petites coupures ».

Au cours de la journée, 12 enfants seront libérés, et le jeune Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly et ministre du Budget du gouvernement Balladur, se rend sur les lieux pour participer aux négociations – que le préfet des Hauts-de-Seine et le responsable du RAID ont essayé d'entamer, sans succès. Contre l'avis du premier ministre Édouard Balladur et de Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, qui craignent pour sa sécurité, Nicolas Sarkozy se sent pousser des ailes, négocie avec celui qui se fait appeler « Human Bomb » et réussit à faire sortir de l'école un enfant retenu en otage sous les caméras qui capturent un moment ô combien précieux pour la suite de sa carrière. Une manière de conjuguer fermeté, image marquante et de rafler la mise dans les sondages de popularité qui n'est pas sans rappeler un goût pour le storytelling à l'américaine comme l'affectionnait George W. Bush.

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LA CAMARGUE, LE FAR-WEST DE SARKOZY
La veille du premier tour de l'élection présidentielle de 2007, Sarkozy parachève sa campagne en Camargue. Il revêt alors une tenue camarguaise, blue jean et chemise rouge à carreaux, avant d'enfourcher un cheval blanc et d'enfiler ses Ray-Ban Aviator. Un accoutrement qui fait autant penser aux gardiens de taureaux du Sud qu'aux boys éleveurs de vache Américains. Surtout quand on sait « l'amitié » qui le lie à une famille de président américain originaire du Texas avec lequel il a passé des vacances en aout de la même année.

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GARDEN PARTY AVEC LA FAMILLE BUSH
Ses premières vacances présidentielle estivales, Nicolas Sarkozy les a passées sur la côte Ouest des États-Unis, dans un villa de Wolfeboro ayant appartenu à Mike App, l'ex-PDG de Microsoft. Tout un symbole et tout un programme qui a fait dire au sénateur républicain John McCain que Nicolas Sarkozy était « le premier président français qui aime l'Amérique. » Le 11 août, il répond à l'invitation de la famille Bush qui donne un barbecue à Kennebunkport et se pointe, en bon Français cette fois, avec trois quart d'heures de retard. Au menu, hot-dogs et burgers et sans doute quelques canettes de Budweiser qu'il n'aura probablement pas touchées. Par la suite, il élèvera les garden party de l'Élysée au-dessus de la notion même de sobriété en déboursant plus de 700 000 euros en 2009. En plein marasme économique, il tentera de se rattraper l'année suivante en supprimant les pique-niques de l'Élysée.

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LA FRANCE RÉINTÈGRE LE COMMANDEMENT DE L'OTAN
Le 21 février 1966, le Général De Gaulle rendait alors public le retrait de la France du commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Il énonce alors cinq arguments justifiant sa décision. Parmi eux, on retiendra le fait que la France soit en possession de l'arme atomique depuis 1960, et que la structure intégrée de l'Alliance risque d'engager la France dans les guerres des États-Unis. Président, Sarkozy chemine petit à petit vers la réintégration du commandement. Il annonce cette volonté à la tribune du Congrès des États-Unis le 7 novembre 2007, avant de la laisser suivre le parcours parlementaire. La réintégration deviendra effective pendant le sommet de l'OTAN de 2009 à Strasbourg. Si Sarko l'a joué tout en finesse politique en n'en faisant pas une priorité et en laissant planer le doute, des câbles diplomatiques fuités par Wikileaks révèlent que Sarkozy avait pris sa décision dés son élection, actant ainsi d'une orientation clairement pro-atlantiste.

L'AMOUR À DISNEYLAND
Le soir de son élection, Sarkozy avait profité de sa soirée au Fouquet's pour sobrement déclarer : « Vous avez aimé Jackie Kennedy, vous adorerez Cécilia Sarkozy. » Avant lui, aucun président français n'avait autant mis en scène sa relation conjugale. Une stratégie à double face, puisque lorsque Cécilia l'a quitté, il en a été d'autant plus affecté – en attestent ses textos embarrassants et ses séjours sur le yacht de Bolloré pour décompresser quand son mariage battait de l'aile. Mais le président a rapidement retrouvé l'amour en la personne de Carla Bruni et a choisi d'officialiser cette relation par une séance photo « improvisée » dans le parc de Disneyland Paris – lieu que d'aucuns considèrent comme le temple de l'impérialisme culturel américain.

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JOGGING MÉDIATIQUE À BEVERLY HILLS
Polo rose bonbon, short noir et teint hâlé, Nicolas Sarkozy trottine aux côtés de ses deux gardes du corp le long des avenues de Beverly Hills. Très vite, il est reconnu par un car de touristes participant à une excursion dans la banlieue des stars. Ruisselant de sueur mais tout sourire, l'ex-président prend le temps de s'arrêter pour serrer quelques paluches. Bien que l'Histoire ne dise pas si les touristes l'ont réellement reconnu ou l'ont simplement pris pour une célébrité en manque de reconnaissance, la scène reste lourde de sens. Sous les années Sarko, ses fameux joggings médiatiques sont rapidement devenus emblématique de son goût prononcé pour l'art très américain d'en faire des tonnes.