Des tee-shirts pour misogynes

Vous vous souvenez quand la chose la plus triste qu'il nous était donné de voir était un type pas terrible habillé comme dans une pub Levi's des années 1990, le tee-shirt à message comique en plus ? Eh bien, désormais, il y a pire. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la décision de Topman de passer sa saison automne/hiver 2011 à cibler les masses misogynes ? Si tel n'est pas le cas, voici les tee-shirts que l’on pouvait trouver sur le site de Topman la semaine dernière :

L’apparition de ces tee-shirts en ligne soulève un certain nombre de questions. Par exemple, le tee-shirt ci-dessus vise-t-il les hommes qui se tapent le chien du voisin ? Et celui-ci des gens qui tabassent les femmes ?

Si la réponse à l’une ou l’autre de ces questions est « oui », alors pourquoi ? Et si la réponse est « non », qui donc a pu concevoir des tee-shirts que même un gérant de boutiques de souvenirs habillé en Abercrombie & Fitch aurait refusé de vendre parce que trop vulgaires ? (Sans compter le fait qu’ils sont terrifiants. Je me sens comme un enfant apeuré quand je regarde celui-ci.) Sans aucun doute, certains d’entre vous ont la présence d’esprit requise pour détecter l’humour de ces motifs. Malheureusement pour vous, des rabat-joie (autrement appelées “Suffragettes” ou encore, “police du fun”) sont devenues folles ; elles ont fait condamner Topman et exigé que la boutique de fringues préférée des Britons retire ces tee-shirts de la vente immédiatement. Topman s’est exécuté et a retiré les tee-shirts. Par-dessus le marché, la marque a présenté ses excuses publiquement, pour faire bonne figure. Mais vous savez quoi ? Peut-être aurait-elle mieux fait de s’abstenir. Voyez-le sous cet angle : laissez ces tee-shirts dans la nature, et leurs propriétaires n’auront plus besoin de cacher leur haine pour les femmes derrière des faux-semblants de décence. Si la société permettait à ces hommes de s’habiller comme les blaireaux qu’ils sont, peut-être que ces tee-shirts pourraient servir d’avertissement pour le public. Un avertissement qui dirait : « Attention : le mec qui porte ce tee-shirt est un enfoiré et pourrait bien vous attaquer si vous êtes une femme. » J’ai tellement aimé cette idée que j’ai décidé de faire ma propre ligne de tee-shirt pour repérer les misogynes.

Comme toutes les grandes œuvres d’art, j’ai décidé que mes tee-shirts devaient porter un nom. Celui-ci s’appelle : « Les vrais mecs portent du rose. » « Choisis ton camp » « Pousse Fergie dans les escaliers. » « Slagz United », pour les mecs qui aiment le foot et la misogynie. Un tee-shirt ironique stylé pour hipsters misogynes. « Esprit de ‘77 » J’ai voulu tester mes tee-shirts en public, donc j’ai appelé ma pote Amy et nous avons pris un bus pour aller là où sont les misogynes : au Bernard Manning’s Embassy Club à Harpurhey (près de Manchester). Voici la vision minable qui nous a été offerte quand nous sommes arrivés. Des hommes des cavernes à moitié déchirés, habillés de manière horrifiante et les mines pas particulièrement réjouies. Je ne m’attendais pas au Bora Bora Beach Club, mais j’attendais des misogynes qu’ils me donnent au moins l’impression d’être en vie.

Dans le club, l’ambiance était assez morose. Du coup, on a décidé de sortir prendre des photos dynamiques pour la campagne de pub de ma ligne de tee-shirts. Là, je suis en train de faire un truc pas correct.

Au bout d’un certain temps, même foutre des coups de pied dans un fœtus inexistant devient lassant, donc Amy s’est portée volontaire pour essayer un de nos design next generation : la tenue de la traînée qui se déteste pour les femmes auto-misogynes. Mais comment avons-nous réalisé cette œuvre d’art ? Nous avons tout simplement découpé des trous dans le tee-shirt au niveau des tétons. Comme le dit Ballard : « Sexe + Technologie = le Futur. »

Autant vous dire que les autochtones ont adoré et nous ont offert Guiness après Guiness jusqu’à la fermeture du pub. J’avais fini par m’attacher à ces hommes. Je comprenais désormais qu’ils se sentaient simplement seuls et qu’ils n’étaient pas des brutes du tout. Non, c’étaient eux qui se faisaient maltraiter par la vie, par leurs femmes infidèles, par le gouvernement qui a volé le quotidien du travailleur pour le vendre à des bars à vin, à des agents immobiliers et à de jeunes cons comme moi, prêts à payer 9 € pour un daiquiri citron dans les pubs où ces hommes avaient l’habitude de rêver et de rire quand ils étaient jeunes. Je m’en suis voulu d’avoir été si présomptueux et quand ce gars a commencé à nous baver dessus, nous sommes partis. Quand je suis retourné chez Topman le jour suivant, il n’y avait plus aucune trace des fameux tee-shirts. Les Suffragettes s’étaient assurées qu’ils disparaîtraient de l’histoire pour toujours et Topman était revenu à ses collections constamment renouvelées de hauts rayés sains d’esprit et déprimants, pour des types comme celui qui se trouve derrière moi sur la photo. Cependant, j’ai quand même réussi à dégoter ça : un tee-shirt de ma pop star préférée. Il m’est difficile de comprendre pourquoi un misogyne voudrait porter la photo d’une femme sur son torse. Je suppose que Topman n’est PAS une boutique pour les gens qui détestent les femmes, en fin de compte. Pfiou !