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Tous ces trucs que tu trouves punk à 17 ans mais qui s'avèrent être sans intérêt passé 23

S'il y a bien une chose que l'on reproche systématiquement à ce magazine, c'est bien celle d'être « punk ».

S'il y a bien une chose que l'on reproche systématiquement à ce magazine, c'est bien celle d'être « punk ». Parfois même, on ne nous le reproche même pas et on vient nous féliciter pour nous dire à quel point nos articles, nos angles, nos sujets sont intéressants, mais surtout, et avant toute chose, « punks ». Et ils ont parfaitement raison, parce que tout ce que l'on fait dans nos vies est punk. Quand on boit un verre d'eau pétillante par exemple, c'est indiscutablement punk.

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Mais avant d'être des punks confirmés, on est aussi passés par un stade ridicule, qu'il serait judicieux d'appeler « adolescence punk », qui n'est qu'une période, certes, mais qui définit à jamais l'adulte que l'on sera. Pourtant, tous les trucs que l'on pense drôles, cool, débiles ou intéressants à un certain âge, et au nom du punk, c'est de la merde. J'ai dû être, sans le savoir, le punk le plus normal de l'univers. En revanche, lorsqu'on continue à croire que ces trucs sont réellement punks après avoir terminé (ou renoncé à) ses études, c'est qu'on a loupé sa carrière de punk. Il s'agit de l'article avec le plus de fois le mot punk dedans.

ÊTRE PUNK

Premièrement, on ne peut pas faire plus plat comme plan de vie. À toutes les époques, ça n'a jamais emmerdé personne que des types aux cheveux fantaisistes roulent des mécaniques en centre-ville. Le grand drame des punks, c'est qu'ils ne sont pas des voyous. Puis surtout, jamais les punks ne se revendiquent « punks ». Quand tu leur demandes, ils te répondent toujours un truc genre, « les punks sont tous des connards, on les emmerde ». Puis ils te disent d'aller te faire mettre par des hippies gays en enfer. Ils trouvent ça punk.

FAIRE CHIER

Bien sûr que faire chier est une des règles de base du punk, puisque pour faire vaciller à jamais ce monde en perdition souillé par les parents, les hippies et les deux chocs pétroliers, il fallait réagir avec les moyens de rébellion d'époque qui se résumait à ne rien faire et faire chier. Quand Internet n'existait pas, on faisait chier. Mais quand faire chier s'est métamorphosé en « gueuler sur les vieilles personnes dans la rue », « gueuler sur l'épicier qui ne veut pas faire crédit » et « gueuler un point c'est tout », c'est qu'on était en 1983 près du Boulevard Magenta et que tout était déjà devenu chiant.

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MONTER UN GROUPE DE PUNK

La première idée qui te vient à l'esprit quand tu décides d'être punk, c'est de monter un groupe de punk. Créer un groupe, c'est le seul truc à faire pour acquérir un minimum de légitimité au sein de la scène, soit, d'être accepté en tant que punk. Et surtout, il n'y a rien de plus simple, puisque selon l'éthique D.I.Y. où il est clairement stipulé que l'on doit faire de la musique à partir de rien et si possible, sans ne savoir jouer d'aucun instrument, tu as parfaitement le droit. Tu vas donc pouvoir t'atteler à tes réinterprétations de White Riot, Operator's Manual et Born to Lose, faire deux, trois chansons pompées sur X-Ray Spex, jouer en concert à Clermont-Ferrand et rencontrer les Fatals. Pourquoi ce n'est jamais avant 25 ans que l'on fait le choix de faire des reprises de Sonic Youth, pomper Husker Du, jouer au South by SouthWest et rencontrer des meufs ?

SE FORCER À ÊTRE STUPIDE

La bêtise est la clé de voûte de l'ordre mondial punk, c'est elle qui régit depuis 1976 la plus grande administration contre-culturelle de la jeunesse déconneuse qui porte des jeans troués. Sans elle, pas de bastons dans les squares, ni de photo de bite. C'est pour ça que les jeunes punks pensent qu'il faut être le plus con possible pour vivre le rêve punk au maximum. C'est l'équivalent de la longueur des cheveux pour les metalheads. Mais comme ils sont bourrés la moitié du temps, ils ne se rendent pas trop compte que faire semblant de pénétrer son pote avec le goulot d'une bouteille, cracher des molards de morve et péter en public, ça ressemble plus à des idées de trous de balle imbibés en soirée Sup de Co qu'à une dénonciation de la timidité du monde contemporain.

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SE FORCER À ÊTRE INTELLIGENT

Le problème du punk, c'est qu'il est apparu à la fois pour éradiquer les hippies et contrer l'avancée de la nation Maiden qui allait déferler sur les rednecks de tous bords dans les années 1980. Du coup, les punks ont dû se prouver qu'ils étaient moins cons que les métalleux. Et tous se sont réclamés d'une certaine descendance intellectuelle, ont notamment cité Shopenhauer et Nietzsche pour faire les malins. Quelques autres ont même lu des livres à cause de ça. Et ça a donné naissance aux critiques rock, ces décadents romantiques coiffés d'un chapeau qui fuient le jour, vivent la nuit, et ont du mal à trouver une maison d'édition.

REFUSER DE VIEILLIR

Too much to live, to young TOOO DIIIIIIIIEEEE. ZWWIIIIINNNNGGGGGGG TA NA NA NA NAAAAAANNNNNNG TAAAAA NNNA.YEEEEEEEEAAAAAAHHHHHH ! Voilà à quoi ressemble la vie des mecs qui pensent que rester jeune constitue un synonyme de « rester cool ». Cette vie-là ressemble à un putain de solo de guitare. J'ai jamais compris pourquoi ce refus de vieillir apparaissait justement à 17 ans, et surtout pourquoi le fait de vieillir suscitait autant de craintes - le tic-tac de la mort vous fout les jetons, flippettes. Ce n'est pas punk de rester jeune. Les vieux punks sont là pour en attester. On dirait qu'ils ont 60 ans depuis vingt ans, parce qu'ils ont eu la présence d'esprit de vieillir très vite. Du coup ils sont là, tranquilles, et ils attendent la mort en se fendant la gueule. C'est trop bien d'être vieux.

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SE POLITISER

Quand on en vient à la politique, on peut difficilement faire pire que ces tocards de skinheads, qui à défaut de lire des livres, se sont spécialisés dans les deux plus grands camps de perdants de l'histoire de la politique, à savoir les communistes et les nazis. C'est pourquoi je me suis toujours demandé pourquoi les punks les avaient suivi, à l'aveugle, de part et d'autre de l'échiquier politique. Les punks disent amen à toutes les conneries que se permettent les skins, comme s'ils vénéraient leur gros corps musclés et le fait qu'ils n'aient pas de cou. C'est à ces punks influençables que l'on doit le ska-punk, l'équivalent de la chill-wave à l'époque des Red Hot Chili Peppers.

MÂCHOUILLER

Je ne sais pas d'où ça vient, mais il est un fait avéré que les punks mâchouillent. Tu ne sais jamais ce qu'ils mâchent, mais leur bouche a tout le temps l'air d'être occupée par un truc. C'est comme s'ils s'obligeaient physiquement à tirer la gueule, mais sans en avoir l'air. Tu ne peux jamais savoir s'ils tirent vraiment la gueule, puisqu'ils peuvent te répondre « non, je mâchouille ». Du coup, quand t'es petit, t'es vite obsédé par cette nécessité de mâchouiller, de cracher, de te mordiller l'intérieur des joues et de jouer intérieurement avec ta salive comme Al Pacino. C'est comme si t'avouais à tout le monde que ton film préféré est Scarface - et même si c'est vrai, il ne faut jamais le reconnaître parce que ça implique plein d'éventuelles situations horribles que je n'ai même pas envie d'énumérer.

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BOIRE LE PLUS POSSIBLE

Les punks se bourrent la gueule, c'est un fait. Ils ont besoin de retrouver cet état intermédiaire entre normalité et oubli, qui n'est pas la joie ni l'excitation, mais qui y ressemble vaguement et leur permet de cumuler un nombre conséquent de conneries sans que cette somme ne pèse sur leur conscience. Mais les jeunes oublient de respecter cette limite, l'outrepassent, et basculent dans un semi-néant dont ils émergeront le lendemain matin dans une chambre qui n'est pas la leur, et dont le dernier souvenir identifiable sera un au revoir plein de regrets à cette meuf plutôt bonne avec laquelle ils avaient noué un contact autour du sujet du développement durable.

BOIRE LE PLUS VITE POSSIBLE

Han, connard. Il existe un truc pire que boire trop, c'est boire trop vite. Les mecs qui font ça sont les mêmes qui perdent leur pucelage à 13 ans, dropent l'école à 15, sont pères à 18 et boulangers à 22. Ce sont des genres de sprinters de la vie. Ils ont été tellement cool à une époque qui semble tellement loin que tu parles toujours d'eux en faisant « ce mec était taré sérieux ! » mais jamais tu n'arrives à te souvenir vraiment de ce qu'ils ont fait de si incroyable à part sécher les cours de bio et envoyer chier la CPE. C'est comme si ces mecs avaient été aspirés de la surface de la terre à 17 ans.

JIMMY MORE HELL