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Une entreprise vous offre la possibilité d’envoyer de la merde par la Poste

Pour 10 euros, vous pouvez adresser un étron à vos pires ennemis.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
Incredi-Bull
Photo de couverture via Incredi-Bull

Âgé de 67 ans, Robert Bender ne supporte plus la bêtise des gens. Ce biologiste canadien s'est mis en tête de punir tous les cons qui pullulent sur notre planète – ils sont nombreux. Sa solution : leur envoyer de la merde. Avec son équipe de « joyeux mercenaires », il a fondé Incredi-Bull, une société qui permet de régler ses comptes de manière poétique et scatologique.

Incredi-Bull propose d'envoyer à votre destinataire de la crotte authentique, tout juste sortie du cul d'un vrai taureau. Décrite comme 100 % naturelle, artisanale, et « récoltée à la main », il s'agit en fait d'une bouse aplatie, accompagnée d'une carte orange qui dénonce les mauvaises manières du receveur de la lettre. Si cet objet vous intéresse, il vous en coûtera 10 euros.

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« D'un côté, c'est une blague, de l'autre, c'est sérieux », déclare Bender, ancien biologiste reconverti en homme d'affaires. « L'humour est un moyen de protester en évitant la confrontation psychique. »

Robert Bender s'est inspiré de On bullshit, un essai de 16 pages écrit par Harry Frankfurt, professeur à Princeton, qui a analysé ce sujet trivial avec une méthodologie académique rigoureuse. Le sexagénaire a également pris pour modèles les manifestations françaises contre la politique agricole des années 1970 et 1980 – au cours desquelles les agriculteurs déversaient du fumier dans les villes avant d'y mettre le feu.

Malgré tout, Incredi-Bull est loin d'être la première société à proposer ce service. Sur le marché, on compte déjà les très populaires PoopSenders, Shitexpress et I Poop You. L'année dernière, une affaire liée à l'envoi de tas de merde a même soulevé des questions d'ordre juridique. Dans l'Iowa, une femme a été poursuivie pour harcèlement – elle avait envoyé des étrons à ses voisins parce qu'ils s'étaient plaints des aboiements de son chien.

Le service postal n'a pas pu nous confirmer si l'envoi de telles lettres était autorisé ou non. Quoi qu'il en soit, cette pratique doit respecter certaines conditions sanitaires : absence de toxicité des excréments, interdiction de souiller les équipements postaux, odeur acceptable et emballage parfaitement hermétique.

Robert Bender en train de transporter des excréments dans une ferme d'Ottawa. Photo via Incredi-Bull

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Incredi-Bull se fournit auprès d'un éleveur d'Ottawa, puis pasteurise le tout afin d'éliminer les bactéries et les odeurs. « Quelqu'un va finir par faire le pari débile de manger de la merde, c'est pour ça qu'on la stérilise », précise Bender.

Selon les experts juridiques, ce n'est pas tant le fait d'envoyer des excréments par courrier qui pose problème – puisque ce n'est pas dangereux. C'est avant tout l'intention de l'expéditeur qui peut être condamnable. Cependant, l'avocat Brian Weingarten pense qu'il est peu probable que des poursuites puissent voir le jour. D'après lui, pour qu'une affaire soit portée devant le tribunal, il est nécessaire de prouver que le contenu représente un danger réel et que l'expéditeur a des intentions malveillantes.

« Ça va forcément causer un désagrément au destinataire mais il faudrait vraiment des circonstances particulières pour en faire une affaire criminelle, ajoute-t-il. Les tribunaux n'aiment pas perdre leur temps avec des blagues ou des farces ».

L'édition limitée d'Incredi-Bull pour la Saint-Valentin. Photo par Incredi-Bull

« C'est clairement une blague, l'intention est humoristique. Les excréments ont été stérilisés et traités pour qu'il n'y ait aucun danger, déclare Bender. Nous ne voulons pas que cela mène à des agressions. »

Jusqu'à présent, les affaires marchent bien pour Incredi-Bull. La société ne communique pas sur ses ventes, mais prévoit déjà de se développer. « Les gens en ont marre de subir à longueur de journée, avance Bender. Ils veulent inverser le rapport de force, et c'est ce que nous proposons de faire. »

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