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LE NUMÉRO C'EST UN PEU CHELOU, NON ?

Video games killed the radio star

J’avais promis de chroniquer quelques jeux pour passer un bon été, mais apparemment, je n’aurai pas la place de le faire parce que j’ai enfin pu jouer à Minecraft maintenant qu’il est sorti sur console.

MINECRAFT
Éditeur : Microsoft/Mojang
Plates-formes : 360/XBLA - PC

J’avais promis de chroniquer quelques jeux pour passer un bon été, mais apparemment, je n’aurai pas la place de le faire parce que j’ai enfin pu jouer à Minecraft maintenant qu’il est sorti sur console. Du coup, je me suis senti obligé de marquer le coup en allant interviewer deux artistes qui utilisent celui-ci à des fins « artistiques », une utilisation possible de ce jeu sans but ni sens. Si le principe vous casse les couilles, vous pouvez toujours passer votre été sur Vita avec le fantastique Gravity Rush, sur 360, avec les cartes psyché 8bit Fez ou sur iPhone avec l’incroyablement flashant Gauge, l’équivalent vidéoludique d’un putain de morceau de garage qui défonce. Mais avant, lisez un peu ce que Nicolas Hensel et Antoine Sylvain ont pu tirer d’un jeu de briques numériques. VICE : Comment vous avez découvert Minecraft ?
Nicolas Hensel et Antoine Sylvain : On l’a découvert au tout début par des vidéos YouTube sur les chaînes Machinima ; ce sont toutes ces channels où des joueurs mettent en ligne des narrations construites à partir des jeux sur lesquels ils jouent. Vous étiez joueurs à la base ?
On a joué à Sim City ou Starcraft, mais aussi sur Nintendo à une époque. On a grandi là-dedans. Sinon j’ai un compte Minecraft qui m’a permis d’apprendre et d’expérimenter ces maps cubiques. On est sortis des Beaux-Arts où on pratiquait la sculpture ; on avait le désir d’expérimenter les matériaux et les outils, c’est pour ça que Minecraft nous a intéressés. Il met en jeu des éléments de construction, des mises en espace en 3D. Ça nous pose des questions. Quel genre de questions ça vous pose ? C’est quand même rien de plus qu’une adaptation en jeu vidéo des Lego, non ?
Le rapport du joueur à la mise en forme de sa map, par exemple. Quels rapports il entretient avec la construction. Minecraft ça veut dire « artisanat des mines » ; littéralement, ce qui a une charge historique par défaut renvoie à un univers du travail concret. Alors que le principe de jeu apporte une idée de plaisir ludique. En tant qu’artistes, la question de la matérialité des formes nous incombe autant que celle de la représentation. Minecraft semble proposer un univers ouvert, modelable, destructible. La question de la stabilité est sous-jacente. Il y a aussi ce qui entoure Minecraft. Il s’inscrit dans un système contributif. Chaque joueur peut intégrer de nouvelles textures aux blocs, inventer de nouvelles règles du jeu, créer des narrations avec la vidéo sur PC. Le jeu invite à créer de nouvelles pratiques car il n’est pas fermé. Vous n’aviez trouvé ça dans aucun jeu auparavant ?
D’une certaine façon, sur d’anciens jeux de voitures, on pouvait créer ses propres cartes avec ses propres tremplins, etc. Mais on voit une nouvelle créativité des développeurs de jeux vidéo. Le développeur de Minecraft, Notch, a lancé ce jeu au départ sans prétention.

Et c’est le joueur qui en a fait un truc énorme.
Oui. Il en prépare un nouveau en ce moment qui se nomme 0x10c et au fur et à mesure qu’il le fabrique, il envoie des informations à la « communauté » qui le suit. Dans ce jeu, le joueur devra être un codeur pour faire fonctionner ses vaisseaux. Pour l’instant, ça reste vague, mais le concept contributif est amené à prendre plus de place. On peut quasi parler de « codecraft ». La connaissance du code devient centrale.

OK, Minecraft c’est un peu le Max SP du jeu vidéo alors ?
C’est quoi Max SP ? Un vieux soft musical qui nécessitait un peu de connaissances en code. Il y a une construction qui vous a particulièrement impressionnés ? Genre, le vaisseau de Star Trek ?
On a vu des étudiants des Beaux-Arts de Montpellier qui ont pris le jeu en main d’une manière vraiment bien. Ils se sont épuisés – je les crois – à reconstruire leur propre école avec un acharnement qui relève de la performance. Il y a sûrement des constructions plus impressionnantes, les « serveurs villages » notamment, mais ce travail nous a intéressés. Où peut-on voir vos constructions à vous ?
On a joué, mais pas assez pour réaliser beaucoup. Le jeu nous permet plus de développer des réflexions pour l’instant. Sur la construction et peut-être, sur la création d’un espace de bricolage comme l’entend Gilbert Simondon : « Le bricolage apparaît aussi à l’organisation d’une disponibilité opératoire permanente d’outils et de matière ouvrable en régime de loisirs et de liberté pour l’individu. »