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Les methheads américains pillent les tombes des Indiens

Récemment, un nouveau type de connards se sont mis à déterrer des cadavres pour leur taxer des biens censés leur tenir compagnie pendant qu’ils se font bouffer par des vers : les methheads.

Le pillage de tombe – ou la violation de sépulture, ou le gangstérisme de cercueil, ou foutre le bordel sur un site archéologique – est une facette particulière de notre culture. Bercés par Tomb Raider et le horror punk, c'est généralement l'activité préférée des petits malins qui veulent faire de la maille avec des vieux bijoux pourris ou des bouts d'objets inutiles. Mais récemment, un autre type de connards s'est mis à déterrer des cadavres pour leur taxer des biens censés leur tenir compagnie pendant qu’ils se font bouffer par des vers : les methheads. Ces zombies toxicos n'ont rien trouvé de mieux que de passer leurs journées et leurs nuits entières à fouiller des tombes ancestrales pour financer leur péché mignon.

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Pour en savoir plus sur ces mecs, je suis allé à la rencontre de Delfin Weis, une archéologue qui a travaillé sur des sites de fouilles aux États-Unis.

VICE : Salut Delfin. On dirait que le pillage de tombe est une nouvelle mode. Quand est-ce que ça a commencé ?
Delfin Weis : Oh, le pillage de tombe a toujours existé, mais c'est vers la fin des années 1990 que les methheads s'y sont mis. Dans les années 2000, c'était déjà devenu un phénomène courant. Les archéologues de l'époque repéraient régulièrement des traces de pillage sur les sites.

Comment remarquaient-ils ça ? Ils arrivaient là-bas et voyaient que le site avait été fouillé ?
Ouais, soit ça, soit ils tombaient carrément sur les pillards, ou se rendaient compte que les pillards les suivaient. La meth rend hyperactif, donc ces mecs sont pleins d'énergie et ils peuvent passer des journées, voire des nuits entières à creuser. Ils scrutent les lieux jusqu'à ce qu'ils trouvent quelque chose. Ils ont du temps, de l'énergie et une dépendance à entretenir.

Donc lameth leur donne la force de financer leur dépendance ?
Ouais. Il y a des endroits où les tombes sont pillées pour d'autres motifs, évidemment, mais là on est dans une tout autre dimension. Les toxicos qui grandissent près des cimetières ancestraux et d'autres sites archéologiques connaissent bien les lieux et ils savent qu'ils peuvent en tirer de l'argent.

Ça se passe où exactement ?
À peu près partout. Les plus gros cas de pillages ont eu lieu à Kentucky, en Virginie Occidentale et en Géorgie. Plus à l'ouest aussi, dans la région des Four Corners et dans le sud-ouest.

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Ce sont principalement des sites amérindiens ?
Ouais, même si à l'est, ce sont aussi des sites de la guerre civile. Mais les Amérindiens sont particulièrement remontés puisqu'ils utilisent encore certains de ces cimetières aujourd'hui.

Il y a beaucoup de contacts entre les archéologues et les pillards ?
Sur les sites, ouais. Un jour, on faisait des recherches sur un site et on est tombés sur un laboratoire clandestin de meth. C'est un des problèmes qu'on rencontre, en tant qu'archéologues – on se retrouve souvent à faire des fouilles au milieu de nulle part. Par exemple, tu te retrouves sur un terrain de 250 kilomètres carrés qui appartient au BLM, le Bureau of Land Management, où personne n'est venu depuis des années. C'est là que t'as des chances de tomber sur un labo de meth.

Dans une caravane ?
Une caravane, une vieille baraque… Ça se sent à des kilomètres.

Et qu'est-ce qu'il faut faire dans ce genre de situation ? T'as fait quoi, toi ?
Tu te tires et t'appelles les flics. Faut pas trop chercher la merde avec des mecs qui tiennent un labo de meth. Le labo que j'ai vu, moi, c'était dans l'est du Texas. On a appelé la police et ils sont venus fermer le labo.

Ça veut dire que quand on part faire une fouille, il faut se préparer à tomber sur des camés à la meth ?
Si ça doit arriver, ça arrive. Généralement, quand on tombe sur des pillards, ce sont des pillards « normaux » – qui cherchent des objets comme des pots, ou des pointes de flèche. Bien sûr, certains endroits présentent plus de risques que d'autres, et les entreprises qui nous emploient nous préviennent et nous demandent de rester sur nos gardes. Un jour, dans l'Utah, des mecs nous ont suivis puis ont disparu. On a entendu des histoires assez horribles qui se sont passées en Oklahoma aussi. Apparemment, les mecs avaient installé des pièges autour de leur labo : des hameçons à hauteur des yeux pour accrocher quiconque tenterait d'approcher. Six mois plus tôt, ils avaient poursuivi une petite fille avant de l'abattre parce qu'elle avait vu ce qu'ils trafiquaient.

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Oh merde. Comment agissent les pilleurs, concrètement ? Les gens découvrent un site et se mettent à creuser sans répit ?
À l'est, ils creusent. À l'ouest, la plupart des objets se trouvent à la surface – dans des grottes, par exemple. Pour dénicher des objets ancestraux, il faut parfois creuser un peu, mais la plupart des objets se trouvent en surface : des pots, des pointes de flèche, etc.

Et ils les vendent à qui ?
Soit à leur dealer, qui fait généralement office d'intermédiaire, soit à des revendeurs de produits amérindiens du marché noir. Ils les distribuent à travers les USA et sur eBay.

Et qu'en dit la police ?
C'est bien ça le problème. Aux USA, si t'es en possession de moins de 500 $ de matériel archéologique, c'est comme si ça ne comptait pas. Au-dessus, t'écopes juste d'une petite amende, et tu risques maximum deux ans de prison. Si un pillard ou un revendeur se fait choper, il ne se fera pas juger pour ces crimes, mais plutôt pour possession de drogues ou d'armes. Beaucoup de dealers de meth se sont fait arrêter au cours des dernières enquêtes, et certains agents du FBI sont aujourd'hui chargés de s'intéresser spécifiquement aux pillages commis par les methheads.

Y a-t-il des pillards qui se prennent pour des historiens amateurs ?
Ouais. L'un de nos problèmes majeurs en ce moment, c'est que des chaînes de télé comme National Geographic ou Discovery encouragent le pillage. T'as des émissions comme American Diggers où ils vont sur des sites datant de la guerre civile et ils filment des mecs ordinaires en train de creuser des trous pour déterrer des artefacts historiques et les revendre par la suite. Je peux te dire que ça ne réjouit pas les archéologues.

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Donc d'un côté, il y a les toxicos qui creusent toute la nuit, et de l'autre, les historiens improvisés qui prennent leur panier de pique-nique et jouent aux archéologues amateurs ?
Exactement. Et ces émissions les encouragent à continuer, et en plus, elles leur montrent comment revendre les objets qu'ils trouvent.

Si j'ai bien compris, beaucoup de fouilles archéologiques sont menées pour le compte de l'industrie de l'énergie. Pourquoi ça ?
Les entreprises qui travaillent dans le domaine de l'énergie font souvent leurs dépistages géologiques avec la méthode sismique. Avant de créer des mini-séismes, ils sont dans l'obligation d'engager des archéologues pour réaliser un inventaire des objets sur place. Même si on a un rôle plutôt gratifiant, on fait face à beaucoup d'obstacles. On se rend parfois sur des propriétés privées, et il nous est déjà arrivé qu'un propriétaire, temporairement interdit d'accès sur ses propres terres, nous fixe depuis le bord du terrain avec un flingue dans les mains.

Merde. Si j'étais toi, je resterais avec les pillards de meth !
Haha. Merci Oscar !

Illustrations de Sam Taylor.

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