Virez vos tatouages pourris au laser

Qu'est-ce qui fait que les tatouages ratés sont si fascinants ? Rencontrer quelqu'un comme Mr. Cool Ice dans la vraie vie, c'est comme passer devant un accident de voiture : ça a quelque chose de sinistre, et en même temps d'étrangement revigorant. Une sorte d'affirmation de la puissance de vie, ouais. Peut-être qu'en regardant un tatouage raté, aussi, on éprouve un soulagement de type : « Dieu merci, c'est pas sur moi. » Mais la frontière est ténue entre les tatouages tellement nuls qu'ils sont géniaux, et les tatouages juste parfaitement nuls. Dans l'histoire récente, on observe d'ailleurs une recrudescence des mauvais choix de tatouages, comme cette surdouée qui se fait encrer le nom de son petit copain dans l'anus ou encore Chris Brown qui décide de rappeler sur son cou les heures les plus glorieuses de sa relation avec Rihanna.

Évidemment, ça nous a fait nous interroger sur les possibilités techniques de détatouage. On a donc appelé Mike McLaine, de Precision Laser Tattoo Removal, l'un des meilleurs instituts de Toronto pour faire disparaître les cicatrices à l'encre permanentes. On lui a posé des questions sur ce processus long et douloureux, sur nos tatouages ratés préférés et sur la fois où il a dû enlever le mot « Amour » sur le pénis d'un type.

Comment on fait disparaître un tatouage ?
Ça commence avec une consultation, au cours de laquelle il vous faut remplir un questionnaire de santé pour savoir s'il est possible d'utiliser un laser sur vous – c'est la plupart du temps le cas. Le laser est incroyablement efficace. On ne peut pas garantir de faire disparaître le tatouage à 100 %, mais on s'en rapproche. Et surtout, ça ne laisse pas de cicatrice. Vous vous retrouvez avec votre peau d'origine. Les mauvais côtés, maintenant : il faut savoir que c'est très long. Il faut s'y reprendre à plusieurs fois, à six semaines d'intervalle. Ça peut prendre jusqu'à 12 séances pour enlever complètement le tatouage, c'est assez onéreux, et surtout, ça fait mal.

C'est-à-dire, ça fait mal ?
Pour certains, ça équivaut à se faire fouetter jusqu'à ce que la chair soit à vif. Pour d'autres, ce n'est pas si douloureux. On a tous des seuils de tolérance à la douleur différents. On propose un anesthésiant local qui va endormir la peau. Je dirais que 95 % de nos clients choisissent d'utiliser la crème anesthésiante. On la conseille systématiquement. Genre : « Pas de bravoure inutile. Ça en vaut pas la peine. Anesthésiez-vous, putain. »

Et vous, vous avez déjà dû oter un de vos tatouages ?
Non. Je n'ai pas de tattoo. Un de mes potes m'a dit que je devrais me faire tatouer, et ensuite le faire ôter. Je sais pas si ça me porterait la poisse ou pas, alors je n'ai pas suivi son conseil.

Pourquoi vous avez choisi cette activité, alors ?
Vous savez, je n'ai vraiment rien contre les tatouages. Il y a plein de tattoos que je trouve beaux, en plus. Mais parfois, vous voyez un tatouage, et vous vous dites : « Mon Dieu, il va le regretter un jour. »

C'est quoi le pire tattoo que vous ayez vu ?
Un type s'était fait tatouer un Santa Claus grimé en cadavre qui fumait un joint sur son traîneau. Je sais pas où il avait trouvé l'idée, parce que c'était vraiment tordu. La réalisation était plutôt correcte, mais l'image était hideuse. Y'a des gens, d'ailleurs, qui sont plus contents que d'autres à l'idée de se faire enlever leur tatouage.

Vous avez entendu parler de la fille qui s'est fait tatouer Drake sur le front ? 
Oui. C'est fantastique. Une candidate de choix pour notre institut.

Beaucoup de tatoueurs à qui j'ai pu parler m'ont dit que leur job consistait aussi à empêcher les gens de prendre ce genre de décisions. On a interviewé le type qui a fait le tatouage Drake, et il s'est justifié en disant qu'elle voulait tellement ce tatouage qu'elle l'aurait obtenu de toute façon. Il a ajouté qu'il avait épargné ce problème à quelqu'un d'autre.
Les tatoueurs que vous avez rencontrés me semblent pourvus d'un sens moral supérieur à la moyenne. À l'inverse, j'ai entendu beaucoup de clients se plaindre de tatoueurs qui n'avaient pas pris la peine de les dissuader. L'exemple classique, c'est celui du type bourré qui rentre, qui tourne les pages d'un bouquin et qui dit : « Ouais, je veux ça. »

Vous avez entendu parler de la fille qui se fait tatouer l'anus ?
(Silence) L'anus ? Non, j'ai pas vu ça. Vous devriez vous renseigner.
Oui, je vais le faire ! C'est quoi le tatouage ?

Le nom « Rockwood ». Apparemment c'est comme ça que son copain s'appelle.
On s'est occupés de cas comme ça. J'ai eu un client qui voulait se faire retirer le mot « Amour » du pénis. Il était bourré, il l'a fait en pensant que ça plairait à sa copine. Elle n'a pas aimé du tout. Il ne m'en a pas dit plus. J'ai vu sur le Net, sinon, que des prisonniers s'étaient mis à se tatouer l'orbite, et même le blanc des yeux. J'ai vu un type qui avait un œil bleu et un œil rouge, par exemple, on aurait dit un diable. Bien sûr, ça, on ne pourra jamais l'enlever. Y'a aussi cette sorte de légende urbaine qui traîne, y'a une photo sur Internet cependant, l'histoire d'un tatoueur dont la copine l'aurait trompé, et il lui aurait dit : « Je veux te faire un joli tatouage sur le dos. » Elle a accepté, et il lui a fait une grosse merde dégueulasse avec des mouches tout autour.

Sympa.
L'image est sur Internet, ça lui prend presque tout le dos. C'est l'un de mes tatouages préférés.

Si vous avez un tatouage dégueulasse que vous voulez voir disparaître, on organise un concours du pire tatouage avec nos amis de Precision Laser Tattoo Removal. N'hésitez pas à envoyer une photo du vôtre, et le pire des tatouages se verra offrir un détatouage au laser – si vous vous rendez à Toronto. 

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