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Le calvaire de Bradley Manning

Il est assez malvenu de parler des courses de Noël lorsque quelqu’un est sur le point de vous raconter les séances de torture que Bradley Manning a subies.

Dessin de Clark Stoekley via Flickr Après plus de 900 jours passés en détention dans les prisons militaires américaines parce qu’il aurait dévoilé des secrets d’État, Bradley Manning a comparu mardi 27 novembre devant la Cour martiale de Fort Meade, à l’occasion d’une audience consacrée au séjour carcéral monstrueux que le gouvernement américain lui a imposé. En voici un compte rendu. Le cas sera revu courant 2013.

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Il est assez malvenu de parler des courses de Noël lorsque quelqu’un est sur le point de vous raconter les séances de torture que Bradley Manning a subies.

J’étais complètement trempé et encore à moitié endormi quand soudain, notre conductrice s’est retournée pour nous dire un truc tellement déplacé qu’elle m’a paru très naïve, voire gentiment débile.

« Vous vous rendez compte ? » m’a-t-elle dit. « On est déjà à moins d’une semaine de Noël. »

Mais ce mardi matin, les festivités n’étaient pas vraiment au menu, encore moins à Fort Meade dans le Maryland. C’était dans les 17 km² de la base militaire américaine – à la sortie de Washington, DC – que se tenaient les audiences du cas Bradley Manning, un soldat de première classe. Cet homme, considéré comme un héros par certains, est passible de prison à vie. Je n’étais donc sûrement pas le seul à me désintéresser de la joie de Noël, mais ça n’a pas empêché notre conductrice de régler sa radio sur la fréquence « Santa Baby ».

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À seulement 22 ans, le soldat Manning a été arrêté à Bagdad, escorté jusqu’au Koweït, puis emmené dans le pire endroit du monde – Quantico, Virginie – pour deux ans et demi d’emprisonnement. Selon l’ONU et plusieurs lauréats du prix Nobel, son séjour équivaut à deux ans et demi de torture. Le soldat Manning ne sera pas jugé par un juge militaire avant mars prochain. D’ici là, il aura donc passé plus de 1 000 jours – soit 10 % de sa vie – en cellule d’isolement.

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Tout ça parce que le gouvernement suspecte Manning d’avoir transmis 250 000 dossiers diplomatiques et une mine de dossiers militaires sensibles à WikiLeaks. Parmi les documents qui auraient été transmis par Manning,on trouve des « journaux de guerre » irakiens et afghans, des communications diplomatiques secrètes et une vidéo titrée « dommages collatéraux » montrant un soldat américain tirant sur des journalistes irakiens depuis un avion.

« Ceci est sûrement l’un des documents les plus importants de notre époque. Il montre le vrai visage des guerres du XXIe siècle », a écrit Manning. Selon Julien Assange, fondateur de WikiLeaks, ces documents auraient permis de mettre un terme à une guerre ayant causé la mort de 4 400 Américains et d’innombrables Irakiens.

« Ce sont les révélations de WikiLeaks – pas les initiatives du président Obama – qui ont obligé le gouvernement américain à se retirer d’Irak », a écrit Assange le mois dernier. « En montrant des enfants irakiens se faire assassiner, WikiLeaks a donné une raison au gouvernement irakien d’en vouloir à l’armée américaine, qui n’a pas eu d’autre choix que de se retirer. »

Pourtant le gouvernement Obama ne considère pas Manning comme un héros, mais comme un traître. Manning rejoint donc la liste des quelques Américains condamnés par la loi de 1917 sur l'espionnage.Cette semaine, la Cour a publié un CD-ROM appartenant à Oussama Ben Laden, prouvant que le leader d’al-Qaida a accédé aux fichiers WikiLeaks que Manning aurait dévoilés. Cela justifie une autre accusation contre le soldat : coopération avec l’ennemi. Ce crime est passible de la peine de mort, mais les procureurs ont déjà déclaré qu’ils n’iront pas au-delà de la peine de prison à perpétuité.

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Mardi matin, premier jour des audiences, nous nous sommes rendus au parquet sous une pluie torrentielle. Une foule de manifestants étaient là pour faire part de leur mécontentement quant au traitement que leur propre gouvernement infligeait à Manning. Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « libérez Bradley » et portaient des tee-shirts avec le mot « vérité ». Nous allions bientôt nous retrouver coincés dans la petite salle d’audience, mais à ce moment précis, nous étions encore dans nos voitures alignées, feux de détresse allumés, en route vers Fort Meade avec vingt autres véhicules.

Notre longue marche vers les quartiers du juge ressemblait à une marche entre une église et un cimetière. Les chants de Noël n’arrangeaient pas les choses : « Feliz Navidad ».

Ce n’était ni le sale temps ni le trajet qui m’avaient mis la mort en tête. Nous étions sur le point d’assister à une semaine d’audiences au sujet de la torture d’un homme seulement présumé coupable.

Si nous étions réunis cette semaine-là, c'est parce que Manning est en cellule d’isolement depuis l’été 2010. Les dernières étapes des audiences allaient inclure des témoignages des neuf mois de Manning à Quantico, où le soldat a frôlé la mort. L’avocat de la défense, David Coombs, a demandé l’annulation de toutes les charges suite au traitement illégal subi par son client durant sa détention provisoire. Selon lui, Manning est la victime d'une violation du Code de justice militaire ainsi que des cinquième et huitième amendements de la Constitution américaine. Le 3 décembre dernier à Washington, lors d’une de ses rares interventions publiques, Coombs a qualifié le séjour de Manning à Quantico d’« épisode scandaleux ».

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Dans la salle d’audience, Manning, 24 ans, ressemble encore à un lycéen. Il fait à peine 1m60. Son pantalon militaire bleu et sa veste sont bien trop grands pour lui. Ses manches dépassent le bout de ses doigts. On pourrait croire qu’il s’est déguisé avec les habits de son père. Cela dit, personne n’a jamais eu l’air aussi confiant que Manning dans cette salle d’audience. Malgré ses 900 jours de détention dans des conditions considérées comme inhumaines par l’ONU, Manning ne ressemblait pas au fantôme que j’imaginais. D’ailleurs, nous n’étions pas les seuls à être surpris.

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Juste après son arrestation le 26 mai 2010, Manning a été transféré dans une cage de 2m50 sur 2m50, au Koweït. Seules une étagère et des toilettes lui tenaient compagnie. Plus tôt dans la semaine, il avait avoué à un confident qu’il avait effectivement dévoilé des renseignements compromettants à WikiLeaks, afin que ceux-ci soient envoyés au FBI.

« Question : Si vous aviez accès à plusieurs réseaux classifiés pendant une longue période… disons, huit ou neuf… et que vous y voyiez des choses incroyables, des choses horribles… des choses qui appartiennent au domaine public et non à un serveur rangé dans une petite salle à Washington… que feriez-vous ? » Manning est accusé d’avoir parlé sur le chat AOL à Adrian Lamo, un hacker qu’il n’avait jamais rencontré auparavant.

« C’est moi qui ai dévoilé la vidéo du 12 juillet 2007 dans laquelle une équipe aérienne a abattu deux journalistes et blessé deux enfants. » Quelques heures plus tard, le soldat était enchaîné et succombait à ce qu’il décrira plus tard comme une dépression totale.

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« Je pensais que j’allais mourir dans cette cage. On aurait dit une cage pour animaux », a-t-il déclaré au juge lors de son premier témoignage.

Le soldat Manning est resté à peu près deux mois au Koweït, mais c’est à son arrivée sur le sol américain qu’Oncle Sam s’est déchaîné sur lui. Quelques semaines après son exil d’Irak, Manning était à bord d’un avion en route vers Baltimore. Manning a compris où on l’emmenait lorsque le pilote a annoncé le plan de vol : il s’est dit que les prisons militaires de Guantanamo étaient aussi envisageables. C’est assez drôle de se dire qu’un séjour à Guantanamo lui aurait sans doute donné plus de chances face à la justice que ce que, lui et son équipe, ont pu endurer au cours des deux années précédentes : le gouvernement américain a été poursuivi en justice pour ne pas avoir communiqué les comptes rendus des décisions de la Cour – qui, selon le Center for Civil Rights, sont plus faciles à obtenir pour les cas concernant les rebelles d’Al-Qaida détenus dans la prison cubaine.

Une fois arrivé à Baltimore, Manning a été embarqué en voiture puis transféré à la base militaire de Quantico, en Virginie. Il y a été retenu pendant neuf mois dans une cellule encore plus petite que celle du Koweït – 1m50 sur 2m50. Attaché par des chaînes, il avait le droit de voir la lumière du jour seulement vingt minutes par jour. En se positionnant stratégiquement et en courbant le cou, il pouvait parfois profiter de quelques reflets de soleil venant percer son enfer de béton. Pendant les 23 h 30 d’isolation, il était coupé de tout : des autres détenus et parfois même de ses habits. On le forçait à dormir nu et face à sa lampe entre 13 heures et 23 heures.

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« Mentalement, j'allais aussi mal que dans mon trou sombre du Koweït », a-t-il raconté. « La chose la plus divertissante, c'était le miroir. Je pouvais interagir avec moi-même. J’ai passé beaucoup de temps avec », a-t-il déclaré au juge dans la journée de jeudi.

Les gardes de Manning à Quantico ont témoigné cette semaine. Ils ont déclaré que le soldat était régulièrement mis à nu afin de prévenir toute automutilation.

Le soldat Manning était « aussi normal que tous les prisonniers sous contrôle maximal », a pourtant déclaré le soldat de première classe, Joshua Tankersley. Mais « normal » a peut-être un sens différent pour le personnel de la prison militaire.

« Se regarder dans le miroir ou regarder un mur. Désolé, mais c’est un comportement normal », a déclaré Tankersley.

Dans sa cellule, Manning avait seulement la possibilité de parler aux détenus qui se trouvaient dans les cellules voisines ; pendant son séjour, ses deux cellules voisines sont demeurées vides.

« Parfois, les prisonniers sous haute surveillance s’endorment. Alors on les chope et on les réveille, a ajouté Tankersley. Il n’y a pourtant strictement rien à faire. » À chaque fois que Manning devait sortir de sa cage, tout le secteur était bouclé.

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Pour passer le temps, Manning se mettait parfois à danser. Il dansait tout seul en faisant des grimaces. Son psychologue a jugé cela comme étant normal, vu ses conditions d’emprisonnement. Comme il n’était pas autorisé à soulever des poids, il se musclait avec des haltères imaginaires.

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« Je traînais, trottinais, piétinais… toutes sortes de mouvements pouvaient m’occuper. J’essayais de bouger autant que possible, a-t-il dit. J'ai essayé différents types de danses. La danse n’était pas un exercice autorisé. »

Lorsqu’on leur a demandé de justifier la nécessité de ces neuf mois sous haute surveillance, les geôliers ont donné différentes explications : il aurait pu se faire du mal ; il aurait pu s’avérer dangereux pour les autres ; il n’était pas stable mentalement. Selon les propos recueillis lors de contre-interrogatoires, ses conditions d’incarcération étaient plus imputatives qu’impératives.

À plusieurs reprises, les gardes de Quantico ont admis lui avoir infligé un tel traitement parce qu’ils jugeaient « inquiétante » sa manière de se distraire dans sa cage.

« Son comportement imprévisible nous a obligés à le mettre sous haute surveillance », a déclaré le colonel Dan Choike, brigadier général de la base.

« Il se comportait mal, faisait des grimaces, léchait les barres de sa cellule, faisait toutes sortes de danses. Des danses fantaisistes. »

« Des danses fantaisistes ? » a répété Coombs sur un ton interrogateur.

Le sergent Marine William Fuller a justifié ces dispositions par « la difficulté de Manning à tenir une conversation ».

Le colonel Choike suivait une logique similaire.

« Il était introverti et déprimé », a-t-il déclaré.

« Vous voulez dire qu’il n’était pas du genre à vouloir s’asseoir et parler avec ses geôliers ? » a demandé Coombs, impassible.

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« Ne pensez-vous pas que si vos geôliers utilisaient vos conversations comme excuses pour vous enlever vos sous-vêtements, vous éviteriez peut-être de leur parler ? » a-t-il ajouté.

Le staff de Quantico a admis s’être fondé sur la gravité des charges que représentait une « coopération avec l’ennemi » – toujours pas confirmées par le gouvernement – pour lui infliger des conditions de détention plus sévères. Manning n’a pas eu l’honneur de profiter de ce luxe des sociétés démocratiques, qui veut qu’un citoyen soit considéré innocent jusqu’à ce qu’il soit jugé coupable.

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« Je vois que le gouvernement américain, ainsi que ses ressources et son personnel se liguent contre Brad et moi, et je dois vous admettre que cela peut être intimidant », a déclaré Coombs à la foule lors de sa première – et unique – intervention publique avant le procès de son client. « Et j’ai été intimidé. Surtout quand le président des États-Unis m’a dit que mon client avait enfreint la loi. Surtout quand des membres du Congrès m’ont dit que mon client méritait la peine de mort. »

Lors de ses interrogatoires avec les témoins de l’armée, Coombs a insisté sur le fait que son client n’était pas traité comme les autres détenus de Quantico. Le sergent Fuller a dit à la cour que pendant ses dix-sept ans au sein de la prison militaire, « les détenus avaient été placés sous haute surveillance pendant seulement quelques jours. Jamais plus d’une semaine. » Manning a subi ça neuf mois durant.

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Lorsqu’un psychiatre médico-légal a été appelé pour examiner Manning, celui-ci a demandé qu’on le retire de la section de haute surveillance. Pour se couvrir, il n’avait que son vêtement de sécurité et un drap – qui ressemblait plus à un tapis bon marché. De nombreux gardes ont déclaré avoir suivi une formation d’un mois dans une base aérienne du Texas. Ils ont admis qu’à l’arrivée du soldat Manning, les directives qu’ils avaient reçues pour évaluer les risques de suicide avaient été totalement mises de côté.

Samedi après-midi, cinq jours après la dernière audience, le sergent Fuller a reconnu avoir signé des renouvellements de détention du soldat Manning dans la section haute surveillance, et en a cité les raisons devant la cour :

« Les quelques fois où j’ai interagi avec Manning, il m’a semblé distant, introverti et isolé. Cela m’a inquiété », a-t-il déclaré à la cour. Lorsqu’on lui a demandé de continuer, Fuller a dit : « Je n'ai jamais su pourquoi, mais impossible de lui faire dire un mot. »

Les gardes de Quantico ont aussi déclaré qu’un dentiste avait été engagé pour évaluer l'état mental de Manning.

« Pourquoi receviez-vous des nouvelles hebdomadaires d’un dentiste et non d’un psychiatre ? » a demandé Coombs au colonel Choike.

« C’était l’officier en charge », a répondu le colonel.

À Quantico, le traitement du soldat Manning était tout sauf réglementaire : la privation de sommeil et les mises à nu ; l’humiliation ; les moqueries ; les neuf mois sous haute surveillance, sous prétexte que Manning présentait un risque de suicide – prétexte plusieurs fois contredit par des psychiatres. Ce sont toutes ces raisons qui poussent Coombs à vouloir faire annuler le procès de son client. Les déclarations de Manning ont mis l’accent sur le cauchemar qu’il a enduré pendant presque un an, à moins d’une demi-heure de route de la capitale.

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Les témoignages du staff de Quantico, des médecins et du soldat ont continué toute la semaine, sans interruption. De plus en plus d’informations ont fait surface, non seulement au sujet des conditions d’emprisonnement imposées à Manning, mais aussi à propos de la mauvaise gestion de l’établissement.

Mercredi, le soir du premier témoignage de Manning, Julien Assange, fondateur de WikiLeaks, a embarrassé CNN lors d'une interview d’une vingtaine de minutes. Dans cette interview, il a clairement voulu faire comprendre aux médias qu’il ne fallait pas sous-estimer WikiLeaks, et qu’il était inutile de l'interviewer, lui, le fondateur du site.

« La question n’est pas de savoir si Bradley Manning est coupable ou pas. La question est de savoir si oui ou non, Bradley Manning a été maltraité », a déclaré Assange.

Quelques jours plus tôt, Assange avait rappelé que les sources que Manning aurait révélées contribueraient aux livres d’histoire des générations futures.

« Le matériel que Bradley Manning est accusé d’avoir dévoilé démontre le caractère antidémocratique des interventions américaines. Je pense à la couverture systématique d’atrocités, d'assassinats, et bien d’autres choses encore », a-t-il écrit.

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Coombs n’a pas fait référence à l’annonce d’Assange lors de ses déclarations à Washington. Cependant, il a reconnu que les circonstances du cas de Manning – et d’autres dénonciateurs inculpés sous Obama – concernaient tous les Américains.

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« Votre manière d’aborder l’idée de "collaboration avec l’ennemi" est assez effrayante. Le simple fait de délivrer une information à la presse, sans souhaiter que celle-ci tombe dans les mains de l’ennemi, doit-il être qualifié de collaboration avec l’ennemi ? » a interrogé Coombs.

« Mardi dernier, le président des États-Unis a signé une loi sur la protection des dénonciateurs, a-t-il ajouté. Au moment où il signait, Brad et moi-même étions dans le prétoire pour le début de l’audience. Où est la logique dans tout cela ? »

Il a marqué une pause.

« Je n’ai pas de réponse à cette question. »

Avant de finir, Coombs a mentionné Daniels Ellsberg, un ancien membre du personnel du Pentagone qui avait passé des heures au ministère de la Défense à photocopier des données sur la guerre du Vietnam, en vue de publier ce qui est devenu les Pentagon Papers. Ellsberg, l’un des dénonciateurs les plus reconnus des États-Unis, a cité en bien le soldat Manning.

« L’un des plus grands dénonciateurs de notre nation, Daniel Ellsberg, s’est plusieurs fois exprimé en faveur de Brad, a dit Coombs. L’histoire a été le témoin de son courage. L’histoire l’a jugé à sa juste valeur. J’espère que le soldat Manning sera jugé de la même manière. »

Mais l’histoire va prendre son temps. Lors de la dernière audience, le procès de Manning a une fois de plus été reporté à mars. Si le procès a lieu au printemps prochain, Manning aura passé plus de 1 000 jours en prison.

« Un jour, Brad Manning souhaitera sortir de sa cellule, avoir un diplôme universitaire, intégrer la fonction publique et peut-être se présenter aux élections », a renchéri Coombs. « Je veux apporter quelque chose à ce monde », a déclaré Manning à son avocat.

Il y a deux possibilités. Soit les gens se souviendront de Manning comme d'un traître condamné à pourrir derrière les barreaux pour avoir collaboré avec l’ennemi, soit il sera vu comme un patriote et un vrai héros. Dans les deux cas, sa vie est d'ores et déjà ravagée.

Peu importe le verdict, Manning continuera à se battre. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il n’avait pas l’air si affaibli. Il a même pris le temps de remercier les quelques soutiens qui avaient assisté aux 12 heures de débats.

« Les archives de ce procès seront certainement les plus longues de l’histoire des procès militaires américains, a dit Coombs. Et ces archives témoigneront de notre combat pour que justice soit faite. »

La dernière fois que j’ai vu Manning, il était menotté et se faisait escorter en dehors du prétoire. À ses côtés, deux soldats armés de fusils d’assaut l’ont embarqué dans un véhicule en direction de sa cellule. Il faisait froid, et la radio de la voiture la plus proche diffusait des chants de Noël.

« Vous vous rendez compte ? Moins d'une semaine avant Noël ! »

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