Florence Lucas s'est mise à la couleur

Florence Lucas définit le dessin comme « un passe-temps artisanal », ce qui ne l’empêche pas de gagner sa vie en bossant pour des magazines comme So Foot, Obsession ou Le Figaro Littéraire. En ce moment, elle prépare une expo à Lille qui ouvrira début novembre et s’apprête à partir trois mois à Berlin pour faire un dessin animé avec le groupe Bot’Ox (Julien Briffaz et Cosmo Vitelli) avant de s’envoler pour la Corée afin de présenter son travail.

Cette fille n’a pas son pareil pour transformer – à coups de recadrage et d'interprétations libres – des photos d’inconnus qu’elle trouve sur Internet en des scènes horrifiques. Chacun de ses dessins est simultanément drôle, bizarre et terrifiant, un peu comme l'idée de fin du monde.

Récemment, sur Facebook, on l’a vue poster à un rythme effréné de nouveaux dessins en couleurs – dans un nuancier qu’on pourrait qualifier de « pastel criard ». Comme on la connaissait seulement pour ses dessins en noir et blanc, on a voulu pourquoi elle s'était mise à utiliser plus de deux couleurs.

VICE : Ça fait combien de temps que tu t’es mise à la couleur ?
Florence Lucas : Ça fait deux mois environ.

Ça me fait pas mal penser aux couleurs qu’on retrouve dans Watchmen, d’Alan Moore.
Mes couleurs sont assez détachées de la réalité, oui. Chaque dessin est une sorte de rappel des images qui me faisaient rêver quand j’étais petite – j’avais pas le droit de regarder la télé, alors je rêvais en feuilletant Télé 7 Jours, et j’ai eu le temps de lire beaucoup de livres illustrés et de comics, aussi. Je fais des images que j’ai envie de voir. C’est comme si j’améliorais des images que j’aimais déjà bien.

Cette approche de la couleur, ça a changé ta façon de faire ?
Ouais, évidemment. Jusqu’à présent je ne faisais quasiment que des dessins en noir et blanc, et là, je m’amuse plus. C’est presque un soulagement. J’en avais un peu plein le cul de faire du dessin en noir et blanc. Et puis la couleur, ça enferme l’image, ça lui donne un cadre. Parce que mes dessins en noir et blanc flottaient un peu. Et puis y’a la lumière. En gros, je découvre Photoshop dix ans après tout le monde. Et c’est pas la technique qui compte, c’est le résultat. T’as des mecs qui touchent à mort Photoshop, Illustrator, et ils font de la merde. Et bientôt j’aurai une palette graphique. Parce que là, les dessins sont toujours faits à la main. Je vais bosser encore plus vite.

T’as beaucoup accéléré la cadence, d’ailleurs. Tu passes tes journées à dessiner ?
Ouais. Mes soirées, mes matinées, mes journées. Je dors cinq heures par jour, et le reste du temps je dessine.

C’est une sorte de compulsion ?
Ben faut que je me dépêche, parce que le dessin animé ça va me prendre trois mois à temps plein, et là j’ai une expo au Tri postal début novembre à Lille pour Lille Fantastic, et ensuite je pars à Berlin pour le dessin animé, là.

Tu peux m’en parler un peu ?
Ben c’est encore un work in progress, comme on dit. Ça sera un dessin animé pour adultes. Je trouve que le monde de l’animation est un peu gnangnan, ça m’intéresse pas trop. Je trouve ça intéressant de faire un truc vraiment pour adultes.

Ça veut dire que tu vas mettre du porno dedans ?
Un petit peu, ouais. J’espère que je vais pouvoir. Mais de toute façon Bot’Ox ont vu mes dessins, ils s’imaginent bien que je vais pas leur faire des petites fleurs et des arcs-en-ciel. Qu’il y aura du cul. Et un peu de violence aussi.

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