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Des histoires vraies

La drogue, c’est souvent bien

La drogue c’est pas toujours cool, c’est vrai. Mais c’est parfois très chouette.

Vous vous souvenez de cet article qu’on avait intitulé « Plus jamais, la drogue » ? La drogue c’est pas toujours cool, c’est vrai – surtout quand vous vous chiez dessus à cause des poudres et des cachets que vous vous enfilez, ou qu’elles vous font faire des trucs cons comme voler des taxis. Mais c’est parfois aussi très chouette, et c’est sûrement pour ça que vous en prenez. C’est grâce à la drogue qu’on fait des trucs plus drôles que prendre des bains à deux ou débattre pendant des heures sur l’amitié. Voici quelques histoires vraies qui pourront en attester.

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UNE VIRÉE À LA FERME

Quand j’étais au lycée, je vivais dans une petite ville de province. Il n’y avait rien d’autre à faire que traîner avec des mecs défoncés et glander dans des parcs toute la journée. Ou aller au bowling et draguer les employés pour avoir des parties gratuites. Ça m’est arrivé qu’une fois. Bref, quand j’étais en première, un type zonait devant le bahut dans sa Peugeot 106. Il foutait de l’euro-trance à fond et essayait de brancher toutes les filles qui passaient et qui essayaient tant bien que mal de l’ignorer.

Un jour, alors que je me grillais une clope devant le lycée, ce type s’est approché de moi et a commencé son baratin habituel. Quand il a évoqué une rave, j’ai senti mon vagin se rétracter. Puis il s’est vanté d’avoir acheté une bouteille d’acide à un mec de Swansea. Je sais pas pourquoi Swansea était censé m’impressionner mais j’ai fini par parler à ce type jusqu’à ce qu’il m’offre 4 plaquettes, en me faisant promettre de revenir en acheter si jamais ça me plaisait.

Mes potes étaient à fond quand je leur ai raconté ça, même si aucun de nous n’en avait jamais pris. Le plus gentleman d’entre nous s’est porté volontaire pour ne rien prendre et veiller sur nous, ce qui nous faisait une plaquette chacun — c’était parfait. Au fond, sa décision relevait plus d’un gros coup de flip que du désir de veiller à ce qu’aucun d’entre nous ne décide de se dépecer.

Chacun a pris sa dose et nous sommes restés assis en attendant que quelque chose se produise. Quand on a commencé à se marrer, on a décidé de partir rencontrer des inconnus. Malheureusement, la nuit tombait et nous étions dans l’une de ces villes où les seules personnes qu’on croise après le coucher du soleil sont des pères de famille qui quittent leur maîtresse pour être chez eux à l’heure du souper ou des types qui se font des chaussures avec du carton et de vieux journaux. Heureusement qu’on connaissait une ferme dans le coin. Les éleveurs devaient pas aimer leurs bêtes plus que ça parce que la seule protection était un petit portail de fer cadenassé d’un mètre de haut.

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On est passés par dessus et on a passé deux heures à caillasser des agneaux, à courir après des porcelets et en essayant de rester calmes face aux lamas. On a aussi débattu, en se demandant qui du lama ou du teckel était l’animal le plus ridicule. Je crois qu’un de mes potes s’est fait défoncer les couilles par une chèvre mais on s’amusait bien trop pour s’en soucier. C’est de loin la nuit la plus drôle de ma vie. Elle vaut toutes mes soirées en club, les teufs et les concerts où je suis allée.

L’AMOUR DU CRACK

On dit que c’est lors de la première prise qu’on ressent le plus les effets d’une drogue, mais lorsque j’ai fumé du crack pour la deuxième fois, c’était mille fois mieux que la première. Un été, alors que tous mes potes étaient partis en voyage avant de rentrer à l’université, j’étais cloîtré chez moi et je venais de me faire larguer par ma meuf. Je passais donc le plus clair de mon temps à me faire chier comme un rat mort, à jouer à la console, et à m’engueuler avec ma mère.

Au bout d’un mois, j’ai décidé de partir en quête d’interaction sociale. C’était ça ou acheter une partenaire gonflable et passer le reste de ma vie sur Caramail. Je ne m’étais jamais senti seul auparavant, mais là, j’expérimentais la solitude extrème. J’essayais d’établir le dialogue avec des inconnus mais j’avais besoin d’une aide extérieure pour me stimuler.

 Ce qui est cool avec l’ecstasy, c’est que ça marche toujours. Le temps de faire la queue pour entrer dans un club, j’avais déjà rencontré un groupe de jeunes qui venait passer le week-end ici. Une des filles du groupe – Holly – était à couper le souffle. Elle avait le corps des filles auxquelles je pense en me masturbant et chaque fois que je croise une fille, je me dis que son visage est moins parfait que celui de Holly. On est restés ensemble jusqu’à 5 heures du matin, quand ces connards de moineaux ont commencé à piailler, puis on s’est barrés à la plage, juste tous les deux.

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 A l’époque, j’avais déjà fumé du crack une fois, mais ça ne m’avait pas plu. Je m’étais senti sale et agité, et j’avais classé ça dans la catégorie des drogues « à n’essayer qu’une fois. » Mais dès que Holly m’a dit qu’elle en avait, je suis devenu le plus raffiné des crackheads de la côte. Nous nous sommes tous les deux assis dans une carcasse de bateau sur la plage et nous avons partagé une pipe — c’était magique. On a baisé jusqu’au petit matin et c’était incroyable. Quand je me suis levé, entouré de touristes et d’enfants, Holly était partie. Je n’ai évidemment pas pris son numéro ni son nom et je l’ai pas revue depuis. Si tu lis ça Holly, laisse un commentaire et je te promets le plus romantique de tous les après-midi crack qui soient.

RENCONTRE AU PARADIS

J’ai avoué mon homosexualité à 17 ans. Quand j’ai vu la gueule de ma famille au moment où je leur annonçais la nouvelle, j’étais sur le cul. C’est à cet instant précis que j’ai décidé d’abandonner tout ce qui pourrait faire penser que je suis hétérosexuel.Quelques semaines plus tard, un pote m’a dit que de toute façon, on irait tous au Paradis. Cet argument m’a convaincu de prendre de la cocaïne pour la première fois. Le truc, c’est que ce n’était pas de la cocaïne mais de la kétamine. J’ai pris une ligne énorme, bien décidé à impressionner toutes les personnes qui étaient là.

Ça a l’air dingue comme ça mais la kétamine et moi sommes faits l’un pour l’autre. C’est cette nuit-là que j’ai découvert ce que c’était d’être soi même, et de ne pas prétendre être quelqu’un d’autre. Ça n’avait rien à voir avec la kétamine, mais à l’époque je pensais que si. Quand j’y repense, c’était vraiment con de penser ça.

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 Quand le jour s’est levé, j’étais toujours à fond et j’ai suivi un groupe qui allait à une fête sur le toit d’un immeuble. Je n’ai aucune idée de l’heure à laquelle j’ai sombré, mais quand je me suis réveillé, j’étais allongé à côté de l’homme avec qui je suis depuis maintenant 5 ans. Même si ça peut paraître un peu niais, je peux affirmer que c’est grâce à cette fausse cocaïne que j’ai passé la meilleure nuit de ma vie.

NAGE DANS L’EXTASE

Quand j’étais jeune, j’adorais l’ecstasy. Mais je ne sais pas si c’est parce que c’était moins cher, plus drôle et plus efficace que l’alcool ou juste parce que je n’avais jamais pris de coke, de kétamine, ni aucune de ces drogues que les gens prennent quand les soirées deviennent à chier.

C’était un vendredi soir, en fin de mois. Mes potes et moi étions ruinés mais il nous restait quelques pilules du week-end précédent. On s’en est enfilé quelques une et le processus habituel a commencé : mâchoires serrées et balbutiement insensés. Mais ça devenait vraiment déprimant de passer nos samedis après-midi à danser le jerk autour d’une enceinte d’ordinateur.

À l’époque, un de mes potes travaillait à la piscine municipale et son responsable lui avait laissé les clés. On a dû lui présenter des tonnes d’arguments solides pour qu’il accepte de nous y emmener une petite heure, le temps de faire quelques plongeons. En fait, on y est restés six heures. Tout y est passé, les bouées, les nouilles d’eau, les matelas gonflables, et tout ce qu’on pouvait trouver dans les remises. Les pilules vous font retomber en enfance — hyperactivité, attention limitée, absence de notion du danger, perte du contrôle sonore etc ­­— mais c’est drôle de voir à quel point les jouets de piscine  peuvent avoir les mêmes effets.

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On n’a pas réalisé l’heure qu’il était et l’un de mes potes s’est mis à flipper en pointant du doigt la baie vitrée. Un groupe de vieux cramponnés à leurs serviettes nous mataient. Mon pote qui était employé à la piscine nous a immédiatement hurlé de dégager — j’imagine que c’était dans l’espoir de feinter les vieux, et de leur faire croire que ce qu’ils venaient de voir n’était que le fruit de leur imagination.

Il a perdu son emploi et a passé près d’une année dans la galère, mais au moins, il nous a donné l’occasion de vivre la meilleure expérience de notre vie, ce qui devrait le consoler de ses 11 mois de pauvreté.

CARNAVAL DE GLACE

J’étais dans un lycée canadien et vivais en collocation dans une petite maison près du campus. Notre piaule est évidemment devenue LE lieux où faire la fête, mais les soirées se sont toujours déroulées dans la limite du raisonnable, soit parce que les gens finissaient par aller à une autre soirée, soit parce qu’ils étaient trop défoncés pour foutre le bordel.

Un jour, mes collocs et moi, on prenait de la coke en matant le match qui se déroulait sur la patinoire derrière chez nous. La cocaïne devait penser à notre place parce qu’on a jugé bon d’envoyer du son à fond dès la fin du match, quand l’équipe de la fac a gagné. On gueulait par la fenêtre qu’on était fans et que tout le monde devrait venir faire la fête chez nous.

 En quelques secondes, la moitié du campus s’es pointée. Le fait qu’un type débarque avec sa voiture pleine d’enceintes a dû jouer, mais on se plaisait à croire que c’étaient nos signes et nos appels de voix qui avaient fait affluer tant de monde. Au bout d’une heure, des feux d’artifices jaillissaient dans le jardin, les gens sniffaient de la cocaïne sur des bouts de miroir cassés, des bongs à bières volaient d’une pièce à l’autre et apparemment, un raton laveur a semé la terreur dans la cuisine.

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J’aurais aimé filmer la scène et en faire un film bien meilleur que toutes les daubes sans noms d’Hollywood relatant des fêtes de lycées avec des acteurs en âge d’avoir un permis de bus. Mais les souvenirs suffisent. Je peux affirmer que cette soirée était la meilleure de toute ma vie, et que la cocaïne est toujours putain de cool.

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