On a regardé des fafs, la police et des antifa essayer de se taper dessus dans les rues de Stockholm

Samedi dernier midi, le parti d'extrême-droite Svenskarnas Parti (SvP) [le Parti des Suédois] s'est réuni dans le parc Humlegården, à Stockholm, afin de proclamer leur droit d'être Suédois en Suède. Cette manifestation était le point de départ de leur campagne nationale. Le slogan de cette campagne, « Ne brisez pas nos rubans bleus et jaunes », était, d'après le leader du parti SvP, Stephan Jacobsson, destiné tout particulièrement à la jeunesse suédoise.

Je ne veux pas passer pour quelqu'un qui prétend tout savoir, mais un conseil : si vous voulez toucher les jeunes, vous devriez sans doute perdre cette habitude de sans cesse vous référer à l'âge immémorial de la Grande Suède et plutôt développer un truc un peu nouveau, genre une appli iPad.

Quoi qu'il en soit, les supporters du SvP pouvaient acheter des pins en forme de ruban bleu et jaune qui ressemblaient à ceux fabriqués à l'origine en soutient pour les victimes du cancer du sein, tout ça pour la modique somme de 10 euros. Autre conseil : les jeunes préfèrent les trucs gratuits.

Apparemment l'argent récolté grâce aux pins servira à soutenir la nouvelle initiative du SvP, à savoir fournir aux parents suédois un soutien financier pour élever leurs nouveau-nés suédois, action terrifiante qui a réuni a Humlegården énormément de gens ce samedi 14 septembre. Ce qui est plus terrifiant encore, c'est que les gens qui soutiennent le SvP ont applaudi l'initiative tandis que la presse et les passants riaient nerveusement en les regardant défiler, horrifiés.

La manifestation a débuté par trois discours, suivis d’une marche dans le centre de Stockholm pour finir dans un autre parc, l’Observatorielunden, situé à environ deux kilomètres.

Les SvP s'attendaient à être suivis par des contestataires protestant contre leurs politiques xénophobes et avaient prévu que le temps total de la marche (balade qui dure habituellement 25 minutes) gonflerait à cinq heures, en comptant les différents discours et deux versets de l'hymne national suédois. Mais, au moment où le deuxième intervenant, Daniel Spansk, est monté sur scène, les contestataires, lesquels en avaient marre d'attendre le parti SvP dans la zone qui leur était réservée, se sont aussi réunis dans Humlegården pour s'exprimer via des slogans type : « Pas de nazis dans nos rues ! » ou encore, « Fermez vos putains de gueules ! »

La manifestation d'une soixantaine de personnes a été fortement retardée lorsque les protestataires se sont mis à balancer des bombes à eau alors même que ^plusieurs fourgons de police, la police montée et les CRS suivaient de près les manifestants.

Lorsque le parti SvP a atteint la place Stureplan dans le centre de Stockholm, plusieurs tentatives de renversement de la manifestation avaient déjà été opérées, ce qui n’a pas empêché pétards, bombes à eau et canettes de bière d’être balancés en masse sur des gens qui ne prenaient pas part à la manifestation – et qui voulaient seulement de profiter de leur samedi après-midi pour bouffer une glace. À un moment, des gens se sont précipités à l’intérieur d'une boutique Zara ; l’un des membres du SvP avait balancé un pétard sur la vitre d'une boutique alentour pour essayer de protéger son groupe.

Au même moment, les antifascistes qui s'étaient réunis sur la place Hötorget, se préparaient à l'arrivée des SvP. « Rien ne changera. Mais nous devons montrer aux nazis qu'ils ne sont pas les bienvenus dans nos rues. Et chaque effort compte pour décourager leur conduite honteuse » disait Victor, un étudiant de 20 ans, médecin volontaire et qui arborait une croix rouge peinte à la main épinglée à sa manche.

Quand la manifestation est arrivée à Sveavägen, la rue principale qui les amèneraient à destination, de nombreux spectateurs avaient vus des membres du SvP jeter pétards et bouteilles sur la foule sans que la police intervienne, même si les antifascistes, de leur côté, avaient étés arrêtés à chaque fois que l'un d'eux avait tenté de balancer quelque chose sur les SvP. Ça n'a fait qu'envenimer la situation, et un mec nous a dit « Le travail des policiers afin de protéger les nazis ne sert qu’à une chose : leur permettre de faire ce qu'ils veulent, bordel ! »

Un policier en revanche, nous a dit que le seul désir de la police était de faire en sorte que la manifestation se termine aussi vite que possible. « Ces mecs [SvP] sont tellement irritables, interférer trop contre eux ne fera que leur donner des raisons de se rebeller. Et on ne veut pas ça. »

Aux alentours de 17 heures – une heure après l'heure officielle de la fin de la manifestation – la tension est retombée ; les protestataires venaient de réaliser que la police empêcherait systématiquement chacune de leur tentative de perturber les SvP. Les 200 personnes qui étaient restés dans les parages s'en sont tenues à insulter leurs adversaires, ce qui d’ailleurs, n'a provoqué aucune réaction de la part de la cinquantaine de SvP.

Les membres du SvP ont fini par être reconduits dans le métro avec une protection policière rapprochée, tandis que les protestataires traçaient pour aller boire des bières, histoire d’adoucir leurs maux de gorges et leurs gentils cœurs gauchistes.

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