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Sérieux, qui est prêt à dépenser 3 millions de dollars pour survivre dans un bunker antiapocalypse cinq étoiles ?

Que ce soit à cause d’une civilisation ancienne qui aurait prévue notre extermination, d’une épidémie qui nous contaminerait tous ou d’une forme de vie supérieure qui débarquerait pour prendre le contrôle du peu de ressources qui reste à exploiter sur...

Certaines personnes n’acceptent pas l’idée selon laquelle l’Homme est voué à mourir. Que ce soit à cause d’une civilisation ancienne qui aurait prévue notre extermination, d’une épidémie qui nous contaminerait tous ou d’une forme de vie supérieurement intelligente qui débarquerait dans notre jardin pour prendre le contrôle du peu de ressources qui reste à exploiter sur Terre, l’Homme a toujours flippé à l’idée de voir son existence brutalement interrompue par un truc qu’il n’avait pas prévu. Par conséquent, de la même manière que les compagnies de loterie se font du fric grâce à la superstition des gens pour le vendredi 13, des hommes d’affaires s’achètent des yachts et des Lamborghini grâce aux millions que certains sont prêts à dépenser pour sauver leur peau en cas d’attaque nucléaire.

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Parmi eux, Larry Hall, un ancien développeur informatique, a profité de la panique engendrée par certaines données géopolitiques – al-Qaïda, la fin du calendrier maya, l’effondrement du système financier mondial – pour faire de la peur des gens son fond de commerce. Au milieu des années 2000, Larry a racheté des anciens silos à missile Atlas construits « quelque part dans le Kansas » par le gouvernement américain, en 1960 pour les transformer en bunkers ultra modernes capables de résister, selon lui, à une attaque nucléaire. Plus que la question de la survie, Larry met en avant le luxe de l’intérieur de ces cylindres de 5000 m2 enfouis à 50 mètres sous la surface. En plus de sauver leurs enfants d’une mort certaine, Larry promet à ses futurs clients que leur progéniture pourra se rafraîchir dans la piscine olympique du complexe après une séance d’escalade, pendant qu’eux les attendront au spa.

Malgré les nombreuses ressemblances entre la brochure de Larry et celle d’un club de vacances, les tarifs proposés par l’homme d’affaire sont plus élevés – sûrement à cause du branding genre « Le Jour d’après » qui habille son site Internet et des 357 Magnum planqués sous tous les oreillers. Vouloir faire partie de l’élite qui survivra à la fin du monde vous coûtera entre 1,5 et 3 millions de dollars selon si vous achetez un demi étage ou un étage complet. Malheureusement, et c’est apparemment l’une des questions les plus fréquemment posées à Larry, savoir chasser ou faire du feu avec des brindilles ne vous permettra pas d’avoir une ristourne.

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Pour l’instant, seul un des silos de 14 étages a été vendu, un autre est en cours de transformation et Larry prétend avoir les financements suffisants pour en réhabiliter encore quatre ou cinq. J’ai interviewé Larry afin d’en savoir un peu plus sur la manière dont il arrive à extorquer des millions de dollars à des gens qui ont peur de mourir et pour savoir si son projet pouvait vraiment résister à une attaque, quelle qu’elle soit.

VICE : Comment vous est venue cette idée de silos de luxe ?
Larry Hall : À l’origine j’ai voulu créer des abris anti-atomiques après les attaques du 11-septembre sur le World Trade Center. Mais il y avait déjà beaucoup de bunkers sur le marché et cette idée n’était pas viable économiquement. La concurrence aurait été trop rude. J’ai donc décidé de créer un espace pour protéger les gens plutôt que pour protéger les ordinateurs – ce que beaucoup d’entrepreneurs avaient déjà fait.

Comment s’est déroulée la construction ?
La conception des plans a pris beaucoup de temps. Un autre investisseur m’a rejoint et nous avons découpé le projet en deux phases. Avant la construction, la première étape a été de montrer aux potentiels investisseurs l’ampleur du projet et d’arriver à leur prouver sa faisabilité. Réhabiliter un silo seul coûte entre 18 et 35 millions de dollars. Notre stratégie a fonctionné, nous avons aujourd’hui un bunker mondialement reconnu ; les investisseurs m’ont dit que le produit fini dépassait leurs attentes.

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Pourquoi avoir insisté sur l’aspect luxe ? Ces silos ne sont-ils pas avant tout là pour permettre aux gens de survivre ?
Le luxe est l’un des avantages d’avoir de hautes moyennes de temps techniques de réparation. C’est-à-dire que comme la machine est bien huilée, on peut se permettre d’avoir aussi un environnement luxueux. C’est également pour que les clients en aient pour leur argent. Nous avons acheté les dispositifs les plus sophistiqués. Enfin, notre psychologue nous a expliqué qu’il fallait inclure des activités afin de prévenir la dépression de nos clients.

OK. D’un autre côté, en quoi ce silo peut-il protéger effectivement d’une catastrophe ?
Le complexe est construit sur une base d’abri nucléaire, avec des murs de trois mètres d’épaisseur en béton armé. Les gens dans le silo auront également la capacité de se défendre et de vivre coupés de tout réseau. La combinaison de ces deux caractéristiques confère aux gens une certaine tranquillité d’esprit.

En cas de coupure généralisée, comment les silos seront alimentés en électricité et en oxygène ?
Tous les composants qui assurent le fonctionnement des systèmes vitaux sont présents en plusieurs exemplaires et nous avons des pièces de rechange pour parer à toute éventualité. Notre système de gestion des ressources est parmi les plus sophistiqués du monde et il est capable d’assurer le fonctionnement de tous nos équipements.

Selon vous, la menace nucléaire est-elle sérieuse ?
Je ne pense pas que nous risquions une fin du monde ; si c’était le cas, je ne construirais pas ces bunkers. Je pense seulement qu’il existe un certain nombre de menaces qui peuvent conduire à une guerre civile – et à une pénurie d’eau et de nourriture. Je pense qu’une partie de l’humanité peut survivre à ces menaces si elle est organisée correctement.

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J’ai lu que les ventes de vos silos avaient explosées en 2012 à l’occasion de la fin du monde prévue par les Mayas.
Non, ce ne sont que des rumeurs. La majorité de nos clients s’inquiète davantage d’un effondrement du système financier, d’éruptions solaires ou du manque de nourriture et d’eau dû aux changements climatiques que par les théories mayas !

Quelle est votre clientèle type ?
Ce sont principalement des familles avec enfants. Nous ne sélectionnons pas nos clients, nous vérifions simplement qu’ils n’aient pas été impliqués dans des affaires de crimes ou de violences envers les enfants. La façon dont l’humanité devra repeupler la planète ne figure pas dans notre brochure.

Quels sont les services que vous proposez en plus de « survivre » dans le luxe ? J’ai cru voir un héliport sur l’un des plans.
Ce n’est qu’un plan conceptuel, mais effectivement un hélicoptère peut atterrir ici ou sur un aéroport un peu plus loin. Nous avons surtout des véhicules lourdement armés et un système de défense de niveau militaire afin de garantir la protection de nos clients.

Comment ça, un système de défense ?
Je ne peux rien dire là-dessus. Je dois respecter la clause de confidentialité.

OK. Avez-vous prévu d’entraîner les gens à la survie en extérieur une fois qu’ils seront enfermés ?
Nous avons une grande bibliothèque et une large gamme de connaissances qui peuvent être enseignées dans ce but-là. Aussi, le staff a été entraîné à utiliser les systèmes de survie afin qu’il n’y ait pas de faille possible. Nous avons assigné un travail à chacun pour qu’ils maintiennent une activité cérébrale normale et avons prévu de continuer à enseigner aux enfants. Nous avons aussi une salle de gym, un spa, un mur d’escalade, un cinéma, un bar lounge ; tout ce dont vous avez besoin pour vivre.

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Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que le projet ressemble davantage à de la promotion immobilière qu’à du survivalisme classique ?
J’avais juste besoin d’une idée économiquement viable pour pouvoir vendre mon produit sur un marché très concurrentiel, celui des silos antiatomiques. Je n’ai pas les ressources financières nécessaires pour construire de tels complexes et les offrir aux gens. Il est possible de monter un projet économiquement viable – sans que le profit soit le but principal.

Et quand il n’y aura plus de silos à acheter ? Vous pensez pouvoir en creuser ?
Quelques investisseurs nous ont demandé de réfléchir à une nouvelle génération de silos et nous travaillons là-dessus, en effet.

Merci Larry.

Suivez Maxime sur Twitter : @XimeLelong

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