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Cinq ans de prison pour avoir grimpé dans un arbre

Tout le monde a déjà entendu parler des occupations d’arbres – une tactique que les défenseurs de l’environnement utilisent pour éviter que des arbres centenaires et des forêts entières ne soient décimées.

Tout le monde a déjà entendu parler des occupations d’arbres – une tactique que les défenseurs de l’environnement utilisent pour éviter que des arbres centenaires et des forêts entières ne soient décimées. Celle-ci a connu son heure de gloire à la fin des années 1990 et au début des années 2000, quand les membres de groupuscules comme Earth First! grimpaient dans les arbres du parc national de Redwood pour les préserver. En 1997, à Humboldt, en Californie, une femme a baptisé son arbre Luna et y est restée deux ans, jusqu’à ce que les fonds nécessaires à sa sauvegarde aient été levés. En 1998, dans une forêt primaire, un autre activiste, David Gypsy Chain a « accidentellement » trouvé la mort quand des bûcherons lui ont fait tomber un arbre dessus. Il est mort sur le coup.

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Cette méthode de protestation a rencontré beaucoup de succès jusqu’à ce qu’une série d’arrestations d’environnementalistes radicaux en 2005 ne les qualifie de « terroristes ». Ça a fait flipper tous les défenseurs de l’environnement et tout le monde a commencé à prendre ses distances.

Aujourd’hui, d’importantes manifestations dans tout le pays marquent le retour de ces actions directes propres à la désobéissance civile, mais un élément politique s’est ajouté au débat. Ces actions demeurent incroyablement efficaces. À l’été 2011 en Oregon, il a fallu cinquante policiers, une pelleteuse et une grue de 40 mètres pour déloger les activistes. Quelques jours plus tard, les manifestants se sont enfermés dans un bureau de l’Office des forêts de l’Oregon. Ces membres des Défenseurs de la forêt de Cascadia ont déclaré qu’ils ne cesseraient pas leurs activités tant que les coupes rases ne seraient pas interdites dans la forêt d’Elliott State.

Résultat – surprise, surprise – les politiques essaient de créer de nouvelles lois qui rendraient illégales l’occupation d’arbres et d’autres stratégies d’action directe. Les projets de loi nomment expressément les événements de la forêt d’Elliott State et autorisent les entreprises à poursuivre les manifestants pour la perte de bénéfices.

Le 29 avril, deux propositions de loi ont été déposées en Oregon, qui qualifient de crime l’occupation d’arbre et la manifestation non-violente, prévoyant également des peines plancher pour les contrevenants.

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« Depuis trente ans, nous vivons sous le règne de la terreur de gens qui ne respectent pas les droits des autres », déclare l’élu local républicain Wayne Krieger. Il ajoute que les « terroristes environnementaux » se sont « enchaînés aux arbres, cadenassés au matériel et allongés sur les routes ».

Krieger est un sylviculteur, ancien membre du Comité forestier de l’Oregon à l’origine de la proposition 2995. Elle créerait un nouveau crime, celui d’ « interférence avec la gestion étatique des forêts ». La première infraction coûterait au minimum 13 mois de prison ; la deuxième, 25 000 dollars d’amende et cinq ans de prison. Cinq ans de prison pour un acte de désobéissance civile non-violent.

Une autre proposition, la 2996, autorise les bûcherons à poursuivre les manifestants à hauteur de 10 000 dollars de revenus perdus, jusqu’à six ans après la fin des manifestations.

Alors, qui sont les activistes qui sèment une telle panique ?

« Je suis entraîneur de foot pour des petits », explique Jason Gonzales, des Défenseurs de la forêt de Cascadia. Il s’est exprimé contre le projet de loi et a mis en cause les priorités du législateur. « Nous sommes des étudiants ou des professionnels, nous rencontrons les autorités, nous participons à des enquêtes. Et en dernier ressort, nous nous engageons physiquement. »

Les défenseurs de ces deux propositions disent qu’elles sont indispensables pour faire face aux manifestations qui s’opposent aux coupes généralisées sur les terrains fédéraux et notamment aux occupations d’arbres dans la forêt d’Elliott State. En l’absence de véritables mesures de protection de la part de l’administration Obama ou des décideurs au niveau fédéral, les manifestations se sont amplifiées. Obama a approuvé l’exploitation de la forêt primaire d’Alaska (une décision rejetée par une cour fédérale) et les activistes disent que ses nouvelles propositions concernant les forêts nationales manque de courage.

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« Ça vise clairement notre discours », selon Becky Strauss, directrice législative de l’ACLU en Oregon. Les propositions de loi renforcent les peines contre les manifestants à cause de ce à quoi elles s’opposent. « Ça laisse toute discrétion aux officiers de police pour décider quand et comment renforcer cette loi, et on s’attend à un renforcement disproportionné, vu leur discours. »

Ça vous semble inconstitutionnel ? À la justice aussi. L’Oregon a déjà eu une loi de ce genre qui criminalisait « l’interférence avec les activités agricoles ». Elle a été déclarée inconstitutionnelle en 2009 parce qu’elle déclarait illégales les manifestations environnementales mais faisaient une exception pour les manifestations de travailleurs.

Lauren Regan, une avocate du Centre de défense des libertés civiles, a mené le combat contre cette loi. Elle voit ces nouvelles propositions comme une version zombifiée des lois précédentes et pense que si elles passent, elles seront bloquées par la Cour. Une fois de plus.
Mais les lois enterrées ne sont pas les seules choses ressuscitées. Les partisans de l’action directe du mouvement de défense de l’environnement se sont accrus ces dernières années. Au Texas, pour protester contre le pipeline géant de Keystone, des activistes se sont enchaînés aux bulldozers et ont grimpé sur les équipements. Dans l’Oklahoma, deux personnes ont été arrêtées juste parce qu’elles s’étaient enchaînées à des infrastructures.

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Si ces techniques, qui ont prouvé leur efficacité, perdurent, les activistes craignent que le nord-ouest du pays ne soit pas le seul à imaginer des lois contre les manifestants. De bien des manières, ces lois contre les défenseurs de l’environnement ressemblent aux lois de « bâillonnement de l’agriculture » contre les défenseurs de la cause animale, qui sont aujourd’hui discutées aux Etats-Unis. L’industrie  forestière tente de créer le crime « d’interférence à la gestion des forêts », comme l’industrie agro-alimentaire a essayé de créer celui « d’interférence dans l’élevage ».

Les grandes entreprises ont plus à craindre que des « interférences », pour Jason Gonzales : « Instaurer une peine plancher ne va pas nous empêcher de nous battre contre ces projets, mais ça va changer notre façon de faire, dit-il. Ce qui me préoccupe vraiment, c’est que cela va forcer des pans entiers de notre mouvement à radicaliser leurs actions. Au fond, au lieu de nous arrêter, ça risque de nous inciter à faire beaucoup plus, vu ce qu’on risque. »

Will Potter est l’auteur de Green Is the New Red: An Insider’s Account of a Social Movement Under Siege.

Retrouvez Will sur Twitter : @will_potter

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