FYI.

This story is over 5 years old.

Culture

J'ai infiltré un groupe Facebook raciste pour le transformer en groupe de soutien LGBT à Michelle Obama

Je n'en ai pas tiré grand-chose, si ce n'est l'immense satisfaction d'emmerder des centaines de suprémacistes blancs.
La nouvelle bannière du groupe Facebook. Toutes les images sont publiées avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Il est plutôt facile de s'introduire dans le Facebook des suprémacistes blancs. Il suffit de se rendre sur un article qui traite d'une bavure policière et de fouiller les commentaires qu'il a suscités. La plupart des sections commentaires sont reliées à Facebook, ce qui signifie qu'il ne vous restera plus qu'à trouver quelqu'un qui a posté un commentaire raciste et qui affiche un drapeau confédéré sur sa photo de profil. Enfin, il vous faudra envoyer une demande en ami à cette personne.

Publicité

Toutes les personnes sudistes présentes sur Facebook semblent accepter des demandes d'ami de la part de parfaits inconnus. J'imagine que c'est un signe de l'hospitalité du Sud. Une fois que vous aurez ajouté suffisamment de gens, vos recommandations d'amis Facebook vont vite devenir un flot sans fin de personnes qui s'appellent « Prepper Jeff » ou « Amanda Rebel ». Ajoutez les un par un jusqu'à ce que votre timeline soit remplie de Minions racistes et d'images de Looney Tunes étrangement très remontés contre Al Sharpton.

Article associé : Comment je suis devenu un suprémaciste blanc

Comme on peut s'y attendre, beaucoup des posts Facebook de ces pages consistent à exhiber fièrement le drapeau confédéré – en tatouage, sur des photos de mariage, à côté de crânes bleus enflammés, sur des vitres de camions, ce genre de choses. Mais on trouve aussi des gens qui flippent qu'Obama viennent les arrêter pour les commentaires offensants qu'ils postent sur Facebook, ou qui s'énervent juste contre les gens qui les traitent de racistes.

Je commençais à être vraiment très surpris et angoissé, et mes amis se plaignaient de voir leurs recommandations d'amis se faire également envahir de drapeaux sudistes. Alors que certains des pro-confédérés avaient l'air ravi de m'accueillir dans leur petit univers – regardez cette image adorable d'un cheval qu'on m'a envoyé ! – d'autres ne l'étaient pas forcément, comme ce type qui m'a conseillé de « dégager et d'aller rejoindre l'EI ».

Publicité

Juste au moment où j'allais les enlever des mes amis et commencer à boire pour oublier, on m'a invité à rejoindre un groupe de 2 500 personnes appelé « fierté confédérée, l'héritage pas la haine ».

Le groupe était composé de sudistes attachés à leurs valeurs, d'une poignée de types ouvertement suprématistes sortis de Stormfront et de quelques néo-nazis. J'ai ajouté une petite douzaine d'amis, qui ont très vite commencé à troller le groupe.

Cela va sans dire, des gens qui ont construit leur identité autour d'une cause vieille de 150 ans qui défend l'esclavage ne sont pas tous très doués sur Internet. Le créateur du groupe n'avait aucune idée de comment bloquer la bannière en haut de la page, et mes amis se sont amusés à rajouter les leurs.

Puis :

Et puis :

Ensuite il y a eu ce type qui s'appelait Chris, qu'on a accusé d'être un nordiste déguisé.

Chris s'est tellement vexé de nos insinuations qu'il a non seulement posté des photos de chacun des drapeaux (clairement non nordistes) accrochés à son camion, mais également son numéro de téléphone, en demandant à un administrateur de l'appeler pour vérifier ses racines sudistes.

Notre pote Lowen l'a appelé pour mener l'enquête. Il s'est fait passer pour un type du nom de Roger qui aurait entendu parler de l'imposture qu'était Chris. Bien sûr, ce dernier était furieux, et a affirmé n'avoir jamais quitté l'état du Texas. « Roger » a poursuivi en détaillant les allégations : qu'il avait le drapeau des États du Maine ou de New York sur son camion, un job à Dunkin' Donuts, qu'il avait voté deux fois pour Obama « depuis un bureau de vote à Brooklyn ». Chris était très en colère contre les gens qui propageaient de telles rumeurs sur son compte et a prévenu « Roger » que ses « amis haut placés » finiraient par les envoyer en prison.

Publicité

Toutes ces petites magouilles finirent par être trop pour le seul administrateur du groupe, qui ne savait ni comment changer la bannière, ni comment bannir les (nombreux) trolls. Donc, dans un hommage résolu à la stratégie du choc, j'ai proposé de reprendre la main. L'admin a mordu à l'hameçon.

Une fois en charge du groupe, j'ai décidé de l'emmener dans une toute nouvelle direction. Le drapeau confédéré était devenu une marque toxique. Et toute cette histoire du Sud-qui-se-lève était trop dangereux pour des votants hésitants. Il fallait faire un rebranding complet. Après un très rigoureux sondage auprès d'un groupe cible, j'ai décidé de rallier le groupe à la cause LGBT, à Michelle Obama, au judaïsme, au métissage et à la doctrine glorieuse du Juche. Et c'est ainsi que « fierté confédérée, l'héritage pas la haine » est devenu « Les Sudistes LGBT soutiennent Michelle Obama et le Judaïsme ».

Le très estimé et estimable @BrooklynJuggler a ensuite posté un super dessin de Benjamin Marra, représentant un groupe de rap qui descend des nazis et des membres du Ku Klux Klan, qui est tout de suite devenu notre nouveau post épinglé.

Juggler a également doté le groupe d'un URL customisé, pour être plus en accord avec la nouvelle ligne, qui, selon la régulation en vigueur de Facebook, ne pourra plus jamais être changé.

Malheureusement, tout le monde n'était pas réjoui de ces changements. Des utilisateurs ont demandé ce que faisait tout ce délire « quier » ici et ont menacé de quitter le groupe. J'ai donc nommé 50 de mes amis administrateurs, histoire de bien accompagner la transition.

Publicité

Les premières heures, tout s'est très bien passé. Alors que mes amis et moi parlions de nos plans pour Shabbat et nos partenaires de races diverses et variées, je me disais que j'avais enfin trouvé ma place dans le Facebook confédéré. Mais le vrai admin est revenu, et a commencé à défaire notre beau travail.

Ça a déclenché une bataille de pouvoir entre les douzaines d'administrateurs du groupe, au cours de laquelle le nom et le but du groupe ont changé une douzaine de fois, avec de succès mitigés.

Le groupe a perdu beaucoup de followers toute la journée avant que Facebook décide de le fermer. J'ai toujours mes amis confédérés, mais même eux commencent à partir maintenant que j'ai pris à cœur de poster « Je suis un immigré clandestin » sur tous leurs statuts. Un mec m'a même menacé de me dénoncer aux autorités.

Pourtant, quelque part dans le Sud, il existe toujours des groupes aux doux noms de « la nation hétéro du sud confédéré », Fierté du Sud, Fiers de l'héritage du Sud, et probablement des milliers de combinaisons différentes des mots « Sud », « Confédéré », « fierté », « héritage », « PAS DE HAINE », « VRAIMENT PAS RACISTE », et « drapeau ».

Suivez Virgil Texas sur Twitter.

Merci à tous ce qui ont contribué à ce papier.