FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO PÉNITENCE ET REPENTANCE

Je fais trois ans d’études à Paris

La première fois qu’on a vu Intelligence, c’était il y a deux ans alors qu’ils jouaient dans le shop de disques éphémère de April 77. Le concert était super bien, le public se résumait à nous, nos potes et trois skateurs égarés...

Photo : Arturo Guéret

La première fois qu’on a vu Intelligence, c’était il y a deux ans alors qu’ils jouaient dans le shop de disques éphémère de April 77. Le concert était super bien, le public se résumait à nous, nos potes et trois skateurs égarés, et ça nous avait donné l’occasion de boire une bière en plein après-midi en écoutant du garage punk brutal, quoiqu’à moitié féminin – deux membres de ce groupe d’hommes sont des filles. Quand on a su qu’ils rejouaient à Paris avec Chain and the Gang, on s’est donc dit qu’on irait les voir. On avait plein de questions en tête, on voulait évoquer leur clip débile avec des crabes qui parlent, savoir pourquoi leur dernier album était le même que les trois précédents, et un autre truc sans importance qu’on a oublié par la suite. Mais on n’a rien fait de tout ça. Pour la première fois de ma vie, j’ai parlé de jazz.

Publicité

Vice : Ce qui m’a toujours frappé chez vous, c’est que vous vous appeliez Intelligence. Quand on écoute votre musique, on a ­l’impression que c’est une blague.

Lars :

J’aime bien ce nom. On adore les B.O. des James Bond, et ce nom, Intelligence, ça pourrait être le titre d’un des premiers James Bond, tu vois, avec Sean Connery ou un genre de crooner d’avant comme Roger Moore. Ou n’importe quel autre truc avec des espions des années 1950. Et puis, comme au départ notre rythme de vie se résumait pas mal aux filles, au vomi ou à faire le plus de conneries possible, des trucs cons au premier abord, on s’est dit qu’on devait contreba­lancer avec un nom sérieux.

C’est bizarre, il me semblait que votre musique était toujours autant inspirée par les filles et le vomi.

C’est vrai. En gros, des mecs en costume trois pièces qui font des chansons sur le vomi.

J’ai lu ce que vous avez écrit sur votre Myspace à propos de la fin de Myspace. C’était il y a cinq mois de ça.

Nous sommes les dernières personnes sur Terre à avoir pris connaissance de la fin de Myspace. On a dû l’écrire, pour mentir à notre public et leur faire croire que nous aussi, nous étions au courant. C’est pour ça qu’on a lancé récemment un nouveau blog. Ce qui est pas mal, en revanche, c’est que Intelligence est le dernier groupe du monde à avoir un Myspace.

Vous savez vous servir d’Internet ?

Eh bien, non. Je trouve ça très pratique pour trouver des dates, mais je déteste devoir me promouvoir sur Internet. Je préfère les vrais posters, les vrais disques vinyle.

Publicité

T’es le genre de mec qui trouve que le son mp3 n’est pas assez chaud.

Ouais, je chie littéralement dans la bouche du format mp3. En même temps, j’écoute mon iPod en permanence. On écoute beaucoup Bill Callahan de Smog, des compilations de surf sixties et John Coltrane.

J’étais loin de penser que vous écoutiez du jazz.

C’est le truc qu’on a le plus écouté dans le van depuis qu’on est en Europe.

Susanna :

On écoute du jazz, ouais, du vieux reggae aussi. Plein de Joe Meek, tout le temps.

L :

Et Serge Gainsbourg.

Ah, ouais ? J’ai toujours cru qu’il fallait être né français pour aimer ce mec.

S :

Depuis que je suis ici, je n’arrête pas d’écouter

L’Histoire de Melody Nelson

.

Attends, tu viens de parler français là ?

S (en français)

: Je parle un petit peu, parce que je fais trois ans d’études à Paris. Et en plus, j’ai habité longtemps en Louisiane et tout le monde parle plus ou moins français là-bas.

T’as eu le temps de regarder la nouvelle série de David Simon, le scénariste de The Wire, qui se passe à la Nouvelle-Orléans et qui suit les membres d’une troupe locale de jazzmen ?

S (en anglais)

: Oh,

Treme

! J’ai vu que ça allait bientôt être diffusé, il faut que je regarde. J’aime tellement la Louisiane que je me suis acheté ce pendentif (

qui représente l’État de Louisiane, marqué de la lettre « L »

). C’est l’accessoire le plus gangsta que j’aie jamais acheté. Ça vaut 10 dollars.

JULIEN MOREL